Tests diagnostiques : une offre diversifiée de qualité - La Semaine Vétérinaire n° 1912 du 17/09/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1912 du 17/09/2021

DOSSIER

Les tests diagnostiques sont l’un des fondamentaux de la pratique vétérinaire. La diversification de l’offre a permis de grandes avancées, sur la rapidité et la qualité des résultats, qu’elles concernent les analyses effectuées en laboratoire ou au chevet de l'animal. Tour d'horizon de ce marché qui ne connaît pas la crise.

Dans le domaine du test diagnostique vétérinaire, de nombreux progrès ont été réalisés, concernant la fiabilité et la rapidité du rendu des résultats, mais aussi le panel d’analyses réalisables. De plus, le savoir-faire des laboratoires vétérinaires, notamment dans la gestion de grandes quantités de prélèvements, a largement aidé à la gestion de la pandémie de Covid-19 à laquelle le monde est confronté.

Ces dernières années ont également apporté des nouveautés en matière de tests diagnostiques au chevet de l'animal avec le développement de nombreux tests ou combos de tests rapides, fondés sur la recherche d’anticorps ou d’antigènes selon les cas, aussi bien pour les animaux de compagnie que pour l’élevage. Pour autant, les relations avec le laboratoire d’analyses vétérinaires sont souvent considérées comme un véritable atout par certains confrères. Quelles que soient les habitudes d’analyses, elles sont fondées sur un choix éclairé, tenant compte de la fiabilité, de la rapidité et plus accessoirement du coût des outils disponibles.

Un marché qui se porte bien

L’année 2020 aura été marquée par une baisse globale et mondiale du marché du diagnostic des animaux de compagnie : les confinements ont limité les déplacements et le volume de tests diagnostiques s’en est trouvé impacté. La situation est similaire chez les animaux de rente, les programmes de surveillance et de prophylaxie ayant été suspendus. Cette situation aura toutefois été de courte durée. En effet, hormis cet intermède, le marché du diagnostic vétérinaire se porte plutôt bien.

En rurale, le volume d’analyses diagnostiques est étroitement lié à la mise en place de programmes d’éradication des maladies réglementées. D’autres maladies sans déclaration obligatoire, mais à l’impact économique important, peuvent être contrôlées par le biais de programmes locaux mis en place par les GDS. Chaque année, ces deux motifs engendrent une très large part du travail des laboratoires vétérinaires en productions animales.

Chez les animaux de rente, le volume d’analyses est donc lié à des contraintes extérieures, liées au marché (exportation), aux situations sanitaires locales et nationales et aux décisions administratives.

Le problème est différent chez les animaux de compagnie, souvent considérés comme des membres à part entière de la famille. Un budget est généralement consacré à leur maintien en bonne santé. Le vétérinaire est alors le seul à même de conseiller le propriétaire et de justifier des analyses qu’il juge utile au diagnostic et au traitement de l’animal.

Multiplication des analyses aux résultats rapides

Les analyses peuvent être réalisées sur place, au chevet du malade, grâce à la réalisation de tests rapides, ou en laboratoire. Le volume de ces deux types d’analyses est en augmentation. « Chaque année, la vente de tests rapides pour petits animaux augmente en moyenne de 5 à 10 %, grâce à un engouement croissant chez nos confrères », estime Jean-Luc Troch (Idexx), président de la section diagnostics au Syndicat français de l’industrie du médicament vétérinaire et réactif vétérinaires (SIMV). Avec une offre qui s’étoffe, ces tests prennent une place importante dans l’arsenal diagnostique vétérinaire grâce à l’obtention rapide des résultats, souvent en moins de 10 minutes, avec une bonne fiabilité, sans investissement coûteux. La limite reste toutefois le prix et la conservation de ces tests, avec une date de péremption parfois courte.

Ces avancées ont été rendues possibles par le développement de kits Elisa de meilleure qualité, avec des contrôles de plus en plus poussés. « Une sélection naturelle s’est opérée, grâce aux efforts des laboratoires de contrôle et des firmes fabricantes, pour disposer de produits validés par les laboratoires de référence, estime Jean-Luc Troch​​​​​​. [Car si actuellement] certaines firmes implantées dans des pays tiers essayent de conquérir le marché européen par le biais d’un pays peu regardant, ces kits de qualité insuffisante se retrouvent vite en dehors du marché français. Il convient toutefois d’être vigilant concernant la qualité et la garantie proposée. »

Traitement des grands volumes

Depuis longtemps, en laboratoire vétérinaire, les tests PCR et Elisa se sont adaptés aux grands volumes, notamment pour faire face à la surveillance des animaux de rente. Le développement d’appareils plus gros a permis de réduire le délai d’obtention des résultats, ce qui constitue une amélioration considérable dans le domaine du diagnostic en général. L’animal étant plus vite diagnostiqué, il est plus vite traité. Le panel de diagnostics s’est également étoffé. Ainsi, dans le cas d’une mammite, différentes approches sont aujourd’hui possibles : l’analyse PCR, avec des panels de recherche d’une quinzaine de pathogènes, qui offre l’avantage de déterminer le germe en cause et de déterminer le meilleur traitement ; et l’utilisation de kits de diagnostic rapide, qui permettent au vétérinaire de se faire une première idée. Toutefois, les tests rapides disponibles n’offrent pas toujours la même fiabilité que l’analyse en laboratoire.

Laboratoires vétérinaires et Covid

Ce savoir-faire des laboratoires vétérinaires a eu des implications en médecine humaine. Car si l’analyse de grands volumes était aussi possible en médecine humaine, la différence majeure résidait dans l’approche : l’analyse humaine part généralement d’un patient sur lequel est pratiquée une batterie d’analyses. Dans le domaine vétérinaire, un grand nombre d’animaux réalise un seul test. Les équipements étaient donc différents. Les laboratoires humains utilisaient généralement des appareils fermés capables de réaliser un grand panel d’analyses différentes. Les laboratoires vétérinaires préfèrent utiliser des instruments ouverts, capables de gérer un panel de prélèvements.

Au début de la pandémie de Covid-19, les laboratoires en humaine étaient dépassés, puisqu’ils ne possédaient pas les équipements nécessaires au diagnostic de masse, et ils n’étaient pas habitués à gérer de grands volumes de prélèvements pour un seul et même test. De leur côté, les laboratoires vétérinaires, qui avaient déjà développé des appareils PCR ouverts et disposaient du personnel capable de traiter des grands volumes d’échantillons, étaient capables de gérer cet afflux de prélèvements du jour au lendemain. « C’était la seule façon de faire. Malheureusement, de nombreux freins, notamment le cloisonnement médecine humaine/médecine vétérinaire, ont retardé la mise en place de la contribution des laboratoires vétérinaires. Nous avons perdu au moins 6 mois, déplore Jean-Luc Troch. Finalement, les laboratoires vétérinaires ont pu aider les laboratoires humains, par contractualisation, sous la supervision d’un biologiste d’hôpital. Les équipements ouverts permettent des séries d’analyses de 96 échantillons. Puis progressivement, les laboratoires humains se sont équipés et ont repris le flambeau. Aujourd’hui, quelques laboratoires vétérinaires poursuivent leur collaboration dans la détection du Sars-CoV-2 en raison de la qualité de leur service (rapidité et qualité des résultats). » De plus, des firmes de diagnostic vétérinaire ont mis à disposition leurs ressources pour mettre au point des trousses de diagnostic PCR. Dès mars-avril 2020, trois d’entre elles avaient développé des trousses PCR et étaient capables de produire des millions de tests par mois, essentiellement destinés à l’exportation.

« Les tests diagnostiques nous permettent d’améliorer la qualité de la prise en charge » : Ellen Schmitt, Vetformance

Les organismes para-agricoles mettent sur pied des actions sanitaires, certaines concernent les maladies réglementées, mais des plans d’action locaux sont également mis en place par les GDS et nous y adhérons au maximum. Les prélèvements sont alors adressés au laboratoire départemental vétérinaire. Au sein de notre cabinet, nous développons également nos propres programmes destinés à nos éleveurs, comme la surveillance du parasitisme, des avortements, c’est-à-dire des maladies de groupe. Dans ce cas, les analyses sont acheminées vers un laboratoire que nous avons choisi pour la qualité de ses prestations, notamment en termes de délai de rendu des résultats.

Nous effectuons également beaucoup d’analyses en clinique : cela peut aller de la numération formule ou des recherches biochimiques jusqu’à l’analyse PCR, puisque nous sommes équipés depuis une dizaine d’années. Nous effectuons des analyses de lait, des recherches de fièvre Q, d’ehrlichiose et des analyses multiplex en cas de maladie respiratoire. Le PCR est un outil précieux. Nous sommes conscients de ne pas être un laboratoire certifié, et restons très vigilants, car nous savons que nos résultats ont leur limite. Mais la rapidité des résultats est un réel avantage, puisque nous nous affranchissons de l’envoi, de la période de validation et des contraintes horaires. Avec un prélèvement effectué le soir, j’ai des résultats le lendemain matin. C’est également un plus pour la cohésion de l’équipe et notre motivation à tous, car nous sommes très impliqués. Nous tenons toujours à vérifier que les résultats rendus sont bons, grâce à l’utilisation de contrôles et de souches types. Nous réalisons également des antibiogrammes sur place, en suivant le protocole de la société française de microbiologie. En bactériologie, nous ne travaillons que sur le lait, car ce sont en principe des monocultures. Nous savons nous limiter à ce qui est faisable pour nous.

Nous utilisons également des kits rapides en cas de diarrhée chez les veaux, tout en étant vigilants quant aux résultats, que nous interprétons toujours à la lumière de la pathologie de l’élevage. Nous utilisons également beaucoup le réfractomètre pour le colostrum et la pesée de la buvée.

Enfin, nous réalisons beaucoup d’analyses biochimiques, sur lesquelles les jeunes générations sont très en pointe et représentent un atout précieux. Leur façon d’aborder la gestion de l’élevage de A à Z est très positive, avec un réel souci d’ajuster le traitement.

Christiane Libermann (A 95)

Praticienne en clientèle canine à Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne)

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« Le laboratoire est un interlocuteur précieux pour moi »

Dans notre clientèle, nous utilisons surtout les tests rapides FeLV/FIV, environ une soixantaine par an, mais également des tests teigne. Mon assistante a souvent recours aux tests giardiose en cas de diarrhée chez les jeunes, mais pour ma part je privilégie plutôt l’envoi au laboratoire. Nous sommes également équipés d’un analyseur, et hormis les recherches courantes, nous effectuons nos dosages hormonaux sur place. Lorsqu’il existe, le choix entre un test rapide et une analyse de laboratoire est d’abord motivé par la fiabilité du test, car j’estime que certains ne sont pas encore suffisamment validés, mais aussi par des aspects de rentabilité. En effet, nous essayons dans la mesure du possible d’utiliser les tests disponibles en clinique avant leur péremption, mais cela nécessite une bonne gestion des stocks. Les propriétaires acceptent toujours les examens que je juge utile de réaliser, car je prends le temps de leur expliquer la situation. Lorsqu’un antibiogramme est nécessaire, je privilégie toujours l’envoi au laboratoire, très simple dans notre cas, car nous sommes situés en face de la Poste : nous n’avons donc pas besoin de solliciter le propriétaire ou un transporteur. Ainsi, nous n’hésitons jamais à adresser nos prélèvements. Selon moi, la discussion avec le laboratoire est extrêmement importante et enrichissante : nous exerçons un métier où l’on s’enferme beaucoup, et nous avons rarement l’occasion d’échanger et d’avoir un retour sur notre travail. Le laboratoire est donc un interlocuteur précieux pour moi. Et puis ce n’est pas là que réside notre valeur ajoutée.