Matériel
ANALYSE CANINE
Auteur(s) : Maud-Aline Chesnel, DV, Dipl. ECVAA, cheffe du service d’anesthésie-analgésie du centre hospitalier vétérinaire (CHV) Atlantia, à Nantes
La surveillance physiologique de l’animal anesthésié est une recommandation de bonne pratique de l’anesthésie. Elle est possible grâce à l’utilisation d’appareils de monitorage. Passage en revue des points clés à connaître pour bien s’équiper.
La surveillance continue de l’animal anesthésié est un des piliers de la sécurité anesthésique. Elle repose sur une observation clinique attentive et l’utilisation d’appareils de monitorage, offrant un aperçu continu des variables physiologiques inaccessibles à l’examen clinique.
Quels moniteurs pour quels usages ?
- Apalert. Bon marché et simple d’utilisation, il produit un signal audible à chaque expiration. Il nécessite l’intubation trachéale ou l’usage d’un masque laryngé. Une alarme d’apnée permet de réagir rapidement en cas d’arrêt respiratoire ou d’extubation de l’animal.
- Oxymétre de pouls. Il se présente sous la forme d’une pince placée sur la langue ou toute zone dépigmentée. Il indique la fréquence du pouls et renseigne sur la qualité de l’oxygénation sanguine (pourcentage de saturation de l’hémoglobine). C’est un moniteur mixte – cardiovasculaire et respiratoire – très simple d’utilisation et rapide à installer. Les appareils qui affichent la courbe d’oxymétrie sont à privilégier.
- Capnographe. Il mesure la pression partielle en dioxyde de carbone dans les gaz respiratoires, témoin indirecte (et imparfait) de la capnométrie sanguine. Son utilisation implique l’intubation trachéale ou l’emploi d’un masque laryngé. La valeur du CO2 en fin d’expiration (capnométrie) renseigne sur l’adéquation de la ventilation et l’analyse de la courbe de capnographie permet une variété de diagnostics sur les anomalies respiratoires, cardiovasculaires, et celles liées à l’équipement d’anesthésie gazeuse. Deux types de capnographes sont disponibles selon la position du capteur infrarouge sur la sonde trachéale ou à distance du circuit : les capnographes mainstream et sidestream diffèrent principalement dans le délai d’affichage de la courbe par rapport à la respiration. Le volume du capteur à insérer sur la sonde trachéale constitue un espace mort à prendre en considération chez les plus petits patients, notamment les NAC.
- Électrocardiographie (ECG). Le suivi de l’activité électrique cardiaque permet le diagnostic des arythmies. Peu coûteux, c’est un élément essentiel de l’évaluation hémodynamique du sujet anesthésié, et indispensable dans le cadre de la réanimation cardiorespiratoire. Le plus souvent constituée de 3 électrodes cutanées, une sonde ECG œsophagienne peut être un plus pour s’affranchir des câbles encombrant la table opératoire. Les ECG adaptés aux animaux doivent afficher des fréquences variées allant jusqu’à 300-350 battements par minute chez les NAC.
- Température. Le suivi de la température centrale (sonde œsophagienne) ne doit pas être négligé chez les petits animaux, rapidement sujets à l’hypothermie.
- Pression artérielle. La mesure de la pression artérielle est fondamentale dans le suivi hémodynamique et lors d’interventions à risque. Différents systèmes sont utilisables : Doppler, brassard/méthode oscillométrique, pression invasive (cathéter artériel). La méthode invasive est la méthode de référence, mais elle est à réserver aux chirurgies cardiovasculaires ou à risque hémodynamique majeur. La méthode Doppler, assez fiable, est très utilisée en consultation, mais entièrement manuelle et chronophage pour le suivi continu des sujets anesthésiés. La méthode oscillométrique, automatisée, est habituellement préférée en anesthésie car les mesures sont répétées à intervalle régulier, ce qui permet un suivi des tendances pendant l’anesthésie. Malheureusement cette méthode est aussi la moins fiable chez l’animal. Les erreurs de mesure peuvent être minorées par un choix et un positionnement précautionneux des brassards de mesure.
Quel coût ?
Les appareils de surveillance de l’anesthésie sont disponibles sous forme monoparamètrique ou multiparamètrique. Les systèmes multiparamètriques vétérinaires (capnographie, ECG, oxymétrie, température, pression artérielle) sont généralement vendus entre 3 000 et 8 000 euros selon leur provenance, la fiabilité des systèmes et la disponibilité du service après-vente. Il est essentiel de vérifier les modalités d’approvisionnement en consommables (ligne de prélèvement de capnographe, brassard de pression artérielle, pinces d’oxymétrie pulsée, etc.). Le capnographe, élément habituellement le plus coûteux parmi ces appareils (2 000 euros en moyenne), augmente considérablement le prix des moniteurs multiparamètriques. À l’inverse, les oxymètres de pouls monoparamètriques portables sont disponibles dès 200 euros.
Doit-on prioriser un appareil ?
Les moniteurs ne peuvent se substituer les uns aux autres, chacun apportant un set d’informations particulier. L’idéal : utiliser systématiquement un moniteur multiparamètrique pour les animaux anesthésiés. Plus complets, ils sont généralement réservés aux blocs opératoires ou aux salles de préparation chirurgicale. Ils existent dans différents formats, du modèle portable aux écrans intégrés dans des respirateurs d’anesthésie.
Toutefois, pour les anesthésies courtes et les interventions peu invasives, un moniteur combinant l’oxymétrie de pouls et la capnographie permet d’obtenir des informations respiratoires et cardiovasculaires essentielles à un prix plus abordable qu’un moniteur complet. Les appareils monoparamétriques, tels les oxymètres de pouls ou capnographes portables, sont facilement déplaçables au chevet de l’animal anesthésié, en cage pendant le réveil, voire sur le terrain.