Sophie Rossi nous a quittés - La Semaine Vétérinaire n° 1913 du 24/09/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1913 du 24/09/2021

Hommage

COMMUNAUTE VETO

Auteur(s) : Jean Hars et Julien Astoul, ses amis

Sophie Rossi (L 97) nous a quittés trop précocement le 1er septembre 2021, à l’âge de 47 ans, terrassée par une longue maladie qu’elle a affrontée avec toute son énergie et son courage durant ces deux dernières années.

Diplômée de l’École nationale vétérinaire de Lyon en 1997, elle avait intégré le corps des inspecteurs de la santé publique vétérinaire en 1998 à l’issue de la formation dispensée par l’École nationale des services vétérinaires (ENSV Marcy-l’Étoile).

Passionnée de faune sauvage, elle a ensuite préparé puis soutenu avec succès en 2005 une thèse de doctorat ès sciences sur la peste porcine classique (PPC) et la brucellose du sanglier dans le cadre du dispositif FCPR (formation complémentaire par la recherche) ouvert à quelques ISPV triés sur le volet.

Forte de cette expérience scientifique, Sophie a rejoint en 2004 notre confrère Jean Hars au sein de l’unité sanitaire de la faune (USF) de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) puis de l’Office français de la biodiversité (OFB), où le binôme était missionné par la direction générale de l’Alimentation (DGAL) au ministère de l’Agriculture pour l’étude, la surveillance et la gestion des maladies transmissibles de la faune sauvage.

Sophie était pourvue de qualités techniques, scientifiques, pédagogiques et relationnelles exceptionnelles. Durant sa carrière, elle a publié plusieurs dizaines d’articles dans des revues scientifiques de niveau international. Polyvalente et adaptable, Sophie était aussi à l’aise sur le terrain avec les agents de l’ONCFS et des services vétérinaires départementaux, les éleveurs, les chasseurs, les membres d’associations naturalistes que dans les groupes d’experts de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) et dans les instances de décision parisiennes des ministères de l’Agriculture ou de l’Environnement.

Les maladies de la faune sauvage font de nos jours intégralement partie du concept One Health, une approche qu’elle avait parfaitement intégrée et contribué à créer. Ses avis et préconisations ont été très écoutés et suivis.

Parmi ses méticuleux travaux de recherche très appliquée, menés souvent dans des contextes de crises sanitaires complexes, nous citerons les dossiers du suivi épidémiologique de la PPC dans les Vosges du Nord et la mise en œuvre avec succès du programme de vaccination orale des sangliers, les études sur la FCO chez les ongulés sauvages ou sur la brucellose des bouquetins du massif du Bargy dans les Alpes et, plus récemment, la gestion de la crise de la peste porcine africaine à la frontière franco-belge. Très abordable, toujours souriante, et parlant couramment l’anglais, l’espagnol et l’italien, elle a valorisé avec aisance les résultats de ses travaux dans les congrès internationaux de l’Association européenne des maladies de la faune sauvage (EWDA pour European wildlife disease association) ou du Groupe d’étude sur l’écopathologie de la faune sauvage de montagne (GEEFSM). Elle suscitait l’admiration et l’amitié de tous ses collègues, français comme étrangers.

Soucieuse de transmettre et de faire partager ses connaissances, elle a encadré nombre de stagiaires, étudiants en master et thésards, qui sont le plus souvent devenus ses amis. La disparition de Sophie Rossi laisse donc un énorme vide dans la communauté « biologie et santé de la faune sauvage ». Ses travaux contribueront à préserver les santés publique, animale et environnementale : espérons qu’ils inspireront des vétérinaires, jeunes et moins jeunes, à poursuivre son œuvre.

Nos pensées chaleureuses et sincères condoléances accompagnent son conjoint, sa famille et ses amis. Ses camarades de la promotion ENSV 1996-1998, Vaches folles, sont partagés entre le chagrin de sa perte et la joie de l’avoir connue : son sourire et son regard pétillant d’intelligence resteront longtemps dans nos mémoires.