Pratique
ANALYSE CANINE
Auteur(s) : Par Tanit Halfon
Écoute du propriétaire et prise en compte de son attachement envers son animal sont quelques-uns des éléments centraux dans la gestion de la fin de vie de son chat. Passage en revue des conseils prodigués dans le guide de l’American Association of Feline Practitioners.
La gestion de la fin de vie d’un chat est toujours un moment délicat pour le vétérinaire praticien. Pour l’y aider, l’American Association of Feline Practitioners a élaboré un guide1 qui passe en revue les points clés pour accompagner du mieux possible l’animal et son propriétaire. Pour ce dernier, l’euthanasie est une expérience qui marque durablement, et tout l’enjeu pour le vétérinaire sera de la rendre la moins négative possible. Il est donc fondamental d’anticiper en discutant de manière très objective de la qualité de vie du chat avec son propriétaire, bien en amont de la prise de décision d‘euthanasie : sans cette préparation, le lien émotionnel qu’il a avec son animal et la situation difficile qu’il est en train de vivre vont peser sur sa capacité à déterminer ce qui est le mieux pour son animal. Il convient de considérer cette étape comme un échange entre le propriétaire, qui va identifier des éléments jugés essentiels pour évaluer la qualité de vie de son chat, et le praticien, qui va apporter des solutions pour améliorer le quotidien et aider à reconnaître les situations de mal-être. Anticiper, c’est aussi prévoir : il est essentiel que le propriétaire ait accès au dossier médical de son animal au cas où il devrait consulter en urgence en dehors des heures d’ouverture de la clinique.
Minimiser la peur
Il n’est pas toujours possible de passer par cette étape de préparation, et le propriétaire aura alors tendance à s’appuyer davantage sur le praticien pour prendre une décision : cela ne doit pas pour autant amoindrir le respect de son autonomie. Dans tous les cas, le moment venu, le vétérinaire se doit d’évoquer ouvertement l’euthanasie comme une solution possible, d’autant que certains propriétaires peuvent ne pas oser en parler librement par peur d’un jugement, notamment lorsqu’ils sont en incapacité financière d’assumer les soins.
Lors d’une euthanasie, l’objectif est de minimiser la peur, l’anxiété et la douleur de l’animal, sans faire l’impasse sur l’attachement du propriétaire envers son animal. Dans cette optique, il est conseillé de prévoir un créneau de consultation suffisamment long, à un moment calme de la journée. La préparation de la salle de consultation ne doit pas être négligée, l’idée principale étant de prévoir le matériel nécessaire pour la réalisation de l’euthanasie. Il convient aussi d’être le plus transparent possible, d’expliquer le déroulé de la procédure dans son intégralité et de rassurer le propriétaire sur sa décision. Enfin, le lien entre le propriétaire et son chat est central lors de l’acte d’euthanasie : cela implique d’éviter de les séparer, pour poser un cathéter notamment, mais aussi de permettre au propriétaire de tenir son animal. Pour l’animal, il est utile de prévoir une prémédication à la maison, afin de réduire son stress à l’arrivée en clinique, ce qui permet aussi de limiter certaines réactions indésirables pouvant apparaître après le décès. Si cela n’est pas envisageable, une administration de sédatif est à prévoir le plus rapidement possible en clinique. Des protocoles pour la sédation et l’euthanasie sont bien détaillés dans le guide.
La gestion de la fin de vie d’un animal ne s’arrête pas à la porte de la salle de consultation, et le vétérinaire pourra montrer des signes de soutien à travers un coup de fil le lendemain de l’euthanasie, l’envoi d’une carte, voire d’autres marques d’attention comme des empreintes de pattes.