Actualités des maladies infectieuses - La Semaine Vétérinaire n° 1918 du 29/10/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1918 du 29/10/2021

Recherche et épidémiosurveillance

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Anne Couroucé

D’après les interventions présentées lors de la journée scientifique du groupe d’épidémiosurveillance de la Federation of European Equine Veterinary Associations (Feeva) le 8 octobre 2021 à Caen (Calvados).

Cet article est le premier d’une série, la suite dans le prochain numéro.

Rhinopneumonie

Un groupe de travail de la Federation of European Equine Veterinary Associations (Feeva) assure la surveillance des maladies infectieuses en Europe et organise chaque année une journée de conférences scientifiques. Anne Couroucé (Oniris, Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine, Respe) et Stéphane Pronost (Labéo) établissent un bilan de la crise de rhinopneumonie (EHV1) qu'ont connue certains pays européens, notamment la France, en 2021. La conclusion générale est qu’un grand nombre de facteurs de risque (440 boxes sous une même tente, pas de mesures sanitaires préventives) ont conduit à l’épidémie survenue au grand prix CSI de Valence en Espagne. Il est donc fondamental de mettre en place lors de rassemblements de chevaux des mesures de prévention comme la prise de température lors de l’arrivée et du séjour des chevaux. Il apparaît également essentiel de prendre des mesures adéquates en cas d’apparition de problème infectieux et de tester régulièrement les chevaux avec un laboratoire de référence pour déterminer le statut de chaque cheval et le risque de contagion. Par ailleurs, il s’est avéré que la souche virale de Valence présente une mutation génétique. Un test a été mis au point par Labéo pour reconnaître cette mutation et cette souche et déterminer les foyers en lien, ou non, avec le foyer de Valence.

Artérite virale

Stephan Zientara et José-Carlos Valle-Casuso, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), ont révélé des résultats indiquant un grand nombre d’étalons séropositifs pour l’artérite virale mais un très faible nombre d’avortements dus à cette maladie. Si en France, les étalons séropositifs ne sont pas autorisés à faire la monte, ils le sont dans d’autres pays, notamment en Suède, et il est difficile d’analyser les données des différents pays du fait de la non-harmonisation des règles concernant cette maladie en Europe.

Rotavirus

Ann Cullinane de l’Irish Equine Centre (IEC) (Irlande) est revenue sur le rotavirus et l’épidémie qui a eu lieu dans le Kentucky en 2021. Ce virus possède 7 groupes antigéniques, le rotavirus équin étant connu jusqu’à maintenant comme étant du groupe A. Ce virus est résistant et peut survivre jusqu’à 9 mois dans un environnement contaminé. Il est également résistant aux désinfectants habituels et il convient d’utiliser des désinfectants phénoliques ou du Virkon utilisé à une concentration plus importante qu’à l’habitude (solution à 1 %). Cette maladie touche habituellement les poulains de moins de 4 mois avec une contagion très importante. L’incubation est de 18 à 24 heures et le virus peut être excrété avant l’apparition de la diarrhée et après récupération. En février et mars 2021, une épidémie est survenue dans le Kentucky. Les poulains touchés étaient plus jeunes qu’à l’habitude (1 à 7 jours) avec une diarrhée sévère alors que les mères étaient toutes vaccinées. Toutefois, ces poulains étaient négatifs à la PCR rotavirus. Une analyse a néanmoins permis d’identifier le rotavirus B avec une homologie de 96 % avec le rotavirus bovin. Un test PCR a été développé et a permis de mettre en évidence que les poulains malades étaient fortement positifs à ce test. Les poulains sans signes cliniques étaient négatifs. Ils ont également repris les échantillons des années précédentes (2017-2020). Tous les résultats étaient négatifs. Une hypothèse envisagée est que les juments et les poulains ont pâturé en 2021 dans des prés où des bovins avaient brouté, contaminant ainsi ces pâtures.