L'insulinome chez le chien : manifestation clinique et survie - La Semaine Vétérinaire n° 1921 du 19/11/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1921 du 19/11/2021

Cancérologie

FORMATION CANINE

Auteur(s) : Tarek Bouzouraa

Les suspicions d’insulinome sont rares en pratique courante et son diagnostic est souvent complexe à effectuer puisqu’il implique idéalement un examen angioscanner et une confirmation par analyse histologique. Une étude rétrospective1 synthétise les éléments importants pour le clinicien.

Rappels sur l’insulinome

L’insulinome est un cancer rare chez le chien, infiltrant les cellules β des ilots pancréatiques et induisant une sécrétion autonome d’insuline, ce qui cause une hypoglycémie parfois fatale. Parmi les motifs de consultation, une association de signes nerveux progressifs, le plus souvent durant plusieurs mois, incluant des crises convulsives (48 %), des malaises ou syncopes (40 %), de la faiblesse (37 %), des tremblements (20 %), une ataxie (20 %) et une intolérance à l’effort (15 %).

Un effectif représentatif et une définition clinique fine

Cette étude rétrospective multicentrique analyse 116 cas d’insulinome répertoriés entre 2009 et 2020. Les races les plus fréquemment rencontrées sont le west highland white terrier (12), le boxer (12), le springer (9) et le berger allemand (5). L’âge médian est de 9 ans et il n’y a pas de sexe surreprésenté (41 % de mâles et 59 % de femelles). Les signes cliniques précédant la consultation, dont la durée médiane est d’environ six semaines, vont de la faiblesse (59,5 %) aux signes cognitifs ou comportementaux (27,6 %) en passant par des crises convulsives (33,6 %). Parmi ces 116 chiens, 32 présentent des anomalies à l’examen du système nerveux : une hypovigilance (28,1 %), une diminution du réflexe de retrait (21,9 %) et une perte de clignement à la menace (18,8 %).

Un pronostic de survie principalement conditionné par la prise en charge

39 chiens sur 116 reçoivent un traitement médical et 77 sont pris en charge chirurgicalement. Les traitements médicaux comportent des corticoïdes (25/39), un ajustement diététique (aliment hyperdigestible pauvre en lipides, 18/39), du diazoxide (6/39), du lévétiracétam (3/39) et du carboplatine (1/39). La survie moyenne est significativement plus longue avec une intervention chirurgicale (20 mois) que lors d’un traitement médical (seulement 8 mois, sans lien avec les molécules proposées). Outre la prise en charge, l'autre paramètre ayant une incidence sur la survie est la présence de métastases viscérales. Les chiens présentant une dissémination métastatique ont un risque de décès multiplié par environ 1,7. De manière intéressante, le pronostic n’est pas conditionné par la présence ou l’absence de signes nerveux.

Les enseignements de cette étude

Si cette étude précise donc que les signes cliniques nerveux sont évolutifs, ils ne précèdent la consultation que de quelques semaines, à la différence de ce qui était suggéré dans les études plus anciennes (20 mois en moyenne). Les résultats confortent l’intérêt de la prise en charge chirurgicale par pancréatectomie partielle ou subtotale, voire, en présence de métastases viscérales, d’actes plus invasifs (lobectomie hépatique notamment).

  • 1. Ryan D., Pérez-Accino J., Gonçalves R., et al. Clinical findings, neurological manifestations and survival of dogs with insulinoma : 116 cases (2009-2020) [published online ahead of print, 2021 Mar 16]. J Small Anim Pract., 2021.