Fédération vétérinaire européenne
ANALYSE GENERALE
Auteur(s) : Par Karin de Lange
Rens van Dobbenburgh, président de la Fédération vétérinaire européenne (FVE), a accueilli l’assemblée générale qui s’est tenue avec succès sous forme hybride, en présentiel et en distanciel, à Bruxelles le 12 novembre dernier. L’actualité concernant les médicaments est complexe, tout comme les enjeux de durabilité qui animent la profession.
Médicaments : « Nous avons gagné le combat, mais pas encore la guerre. »
Rens van Dobbenburgh a félicité les membres de la FVE pour « la plus grande campagne de lobbying de son histoire », faisant référence à la mobilisation réussie contre la modification du nouveau règlement de l’UE sur les médicaments vétérinaires proposée cet été par la commission ENVI (environnement, santé publique et sécurité alimentaire) du Parlement européen. Des amendements recommandaient d’interdire tous les antibiotiques critiques pour tous les animaux, bien que le « nouveau règlement vise déjà à introduire les règles les plus strictes au monde pour lutter contre la résistance antimicrobienne » a-t-il précisé. Les actions des associations membres et des parties prenantes, ainsi que plus de 700 000 signatures ont convaincu le Parlement européen de voter contre.
« Nous avons gagné le combat, mais pas encore la guerre », a prévenu Nancy De Briyne, directrice exécutive de la FVE. Un certain nombre de points importants liés à ce règlement sont toujours en suspens, a-t-elle précisé, notamment la liste des antimicrobiens réservés aux humains et l’utilisation de cette famille de médicaments dans le cadre de la « cascade », « souvent la seule solution pour les espèces et les indications mineures ». En outre, les règles sur les traitements oraux et la contamination croisée pourraient affecter la production d’aliments médicamentés, a-t-elle ajouté, et menacer l’utilisation métaphylactique des antimicrobiens. Le groupe de travail sur les médicaments de la FVE a d’ailleurs annoncé la mise en place de sous-groupes pour les bovins, les porcs et la volaille afin de mieux comprendre les besoins de celle-ci sur le terrain.
Bien-être animal : adoption d’un document stratégique
Mme Stella Kyriakides, commissaire européenne à la Santé et à la Sécurité alimentaire, a rejoint l’assemblée par appel vidéo et a remercié la Fédération vétérinaire européenne pour son soutien au règlement sur les médicaments vétérinaires. Elle a présenté le cadre d’un code de conduite volontaire proposé par l’UE visant à encourager des pratiques alimentaires saines et durables, lancé cet été. « La santé animale, le bien-être des animaux et les médicaments sont une partie essentielle du puzzle », a-t-elle déclaré, « et en tant que vétérinaires, nous avons besoin de votre expertise et de votre soutien ».
Le bien-être animal était également sur l’agenda de l’assemblée, qui a adopté la stratégie FVE pour le bien-être animal1 (« La voix vétérinaire des animaux d’Europe »). Le document de 30 pages met en évidence six domaines dans lesquels les vétérinaires ont un rôle clé à jouer : l’évaluation du bien-être, l’éthique, la législation, la sensibilisation, l’éducation et l’international. Il recense les points d’action, les priorités et les moyens par lesquels les associations vétérinaires peuvent développer leur leadership et la sensibilisation au bien-être animal. La déclaration de position de la FVE sur l’évolution vers des systèmes de mise bas plus respectueux pour les truies2 a également été adoptée. « La profession vétérinaire devrait jouer un rôle de premier plan dans la transition des cages de mise bas vers des systèmes alternatifs », a affirmé Giovanbattista Guadagnini, président de l’Association européenne de gestion de la santé porcine (EAPHM) et membre du groupe de travail de la FVE sur le bien-être animal.
La formation vétérinaire « devrait être basée sur les compétences »
La directive européenne sur l’enseignement vétérinaire doit-elle être révisée ? Si oui, dans quelle mesure ? Pour y répondre, la Commission européenne a mandaté le cabinet de conseil Spark, qui n’a proposé que des mises à jour mineures. « En tant que partie prenante, la FVE suggère que la directive soit complètement révisée », a commenté la chargée de mission sénior de la FVE, Despoina Iatridou. « L’enseignement vétérinaire doit être basé sur les compétences et non sur les matières, les exigences minimales doivent faire référence aux compétences de base, inclure une formation pratique et être régulièrement mis à jour ». Enfin, il y a un besoin d’une reconnaissance légale du système européen d’évaluation de la formation vétérinaire, a-t-elle déclaré. Spark intégrera les commentaires de la FVE dans son rapport.
La fédération a également présenté les résultats d’une enquête sur la formation permanente (FP) menée auprès de ses pays membres. Dans 14 des 24 nations ayant répondu, elle est obligatoire pour les vétérinaires et dans onze, elle est même liée au droit d’exercice. Une majorité (21 sur 24) est favorable à un cadre européen harmonisé des programmes de formation permanente de niveau intermédiaire, sept pays disposant déjà d’un tel système au niveau national.
Santé mentale, diversité et durabilité
« 25 % des vétérinaires britanniques envisagent de quitter la profession, tandis que plus de 50 % des vétérinaires américains ne recommandent pas aux autres de poursuivre une carrière vétérinaire », a rappelé Florentine Timmenga, stagiaire de la FVE. Le nombre croissant de praticiens se détournant de la profession avait conduit la fédération à réaliser une enquête sur la santé mentale et la diversité, l’équité et l’inclusivité. Les résultats intermédiaires ont montré que le bien-être mental et la diversité sont désignés domaines prioritaires respectivement à 51 % et à 63 % pour les organisations ayant répondu, mais seulement à 42 % et à 45 % par les vétérinaires. Les résultats seront présentés lors de deux webinaires, les 7 et 8 décembre3, tandis que le rapport final sera publié en 2022.
Au nom de Simon Doherty (président britannique du groupe de travail de la FVE sur la sécurité alimentaire et la durabilité), Thierry Chambon, son vice-président, a présenté une série d’affiches soulignant l’engagement des vétérinaires envers les systèmes alimentaires durables4.
La troisième enquête démographique de la profession vétérinaire en Europe, en collaboration avec CM Research, va être lancée prochainement. La publication est prévue pour la mi-2022. Sur un autre plan, l’association a également annoncé qu’elle cherchait de nouveaux bureaux à Bruxelles car le bâtiment du siège actuel sera démoli.
La prochaine assemblée générale se tiendra à Londres du 16 au 18 juin 2022.
Mette Uldahl, nouvelle vice-présidente de la FVE
Parmi les autres points à l’agenda à Bruxelles figuraient la pénurie de vétérinaires, les technologies numériques et les projets de l’UE auxquels la FVE participe activement. Mette Uldahl (présidente danoise de la FEEVA) a été élue vice-présidente de la FVE en remplacement de Torril Moseng (Norvège) qui a dû se retirer pour des raisons professionnelles. Notre confrère Timothée Audouin a été élu membre du comité d’audit interne. L’ensemble du bureau de l’Association européenne de vétérinaires d’État (EASVO) a été réélu.