Gérer la santé des poules de compagnie - La Semaine Vétérinaire n° 1923 du 03/12/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1923 du 03/12/2021

Élevage avicole familial

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Marie Souvestre, DVM, PhD

La bonne santé des poules de compagnie passe par une gestion globale des conditions d’élevage. La maîtrise de l’hygiène du poulailler et des mesures de biosécurité, ainsi qu’une alimentation et un logement adaptés, sont autant de leviers à utiliser pour préserver la santé des animaux.

Le logement

Tout « lieu de vie » d’une poule, peu importe la race, devrait idéalement comprendre un parcours délimité ainsi qu’un bâtiment, ou poulailler, dans lequel elle est enfermée pour la nuit. Dans le cas où il faudrait impérativement claustrer les animaux (intempéries, prédateurs, arrêté préfectoral, etc.), le poulailler doit pouvoir abriter, dans de bonnes conditions, tous ceux qui vivent dans cet espace.

- Le parcours

Il s’agit d’un élément essentiel de la zone de vie puisqu’il est lié à la liberté des volailles et à leur bien-être. Il doit être clos et grillagé pour assurer leur sécurité en les protégeant des prédateurs et restreindre leur impact sur le reste du terrain. Il peut être renforcé par le bas pour éviter l’intrusion des renards (même en ville !) et suffisamment haut pour que les animaux ne puissent pas voler par-dessus (certaines poules volent très bien !). Pour un élevage de poules pondeuses en agriculture biologique, il est recommandé de compter au moins 4 m² de parcours par poule dans le cadre d’une installation fixe. Pour assurer la repousse de l’herbe, il est conseillé d’en prévoir un deuxième ou de gérer de petits enclos au sein du parcours. Il est aussi possible d’effectuer une rotation en achetant, ou en créant, un poulailler mobile ce qui permet de contenir la charge en micro-organismes liée au surpâturage.

- Le poulailler

La taille dépend du nombre et de la race de poules que l’on veut y héberger. La réglementation européenne pour les élevages biologiques commerciaux préconise 6 poules/m² et au moins 18 cm de perchoir/poule. Garder les perchoirs mobiles peut s’avérer plus pratique pour se mouvoir dans le poulailler, ainsi que pour adapter leur emplacement selon les lieux de perchage choisis par les poules, puisqu’elles peuvent préférer des endroits différents de ceux imaginés lors de la création de l’abri.

Il est bénéfique que le poulailler soit efficacement isolé notamment pour les poussins, le cas échéant, car ils ont des besoins thermiques importants. Quel que soit l’âge des volailles, elles évacuent de l’eau et différents gaz comme du dioxyde de carbone et de l’ammoniac. Des aérations doivent absolument être prévues, leur nombre et leur taille variant selon le type de bâtiment et sa situation ainsi que le nombre de poules. D’un point de vue dynamique, il est recommandé d’avoir plusieurs petites ouvertures de même surface plutôt qu’une grande. À noter également qu’un air chargé en eau participe grandement à l’humidification de la litière et à sa dégradation. De grandes concentrations d’ammoniac peuvent se révéler agressives pour les voies respiratoires et les muqueuses oculaires. Il faut savoir tenir compte des paramètres de température et de taux d’humidité de l’air extérieur, qui dépendent de la saison et de la région, pour bien ventiler le poulailler.

L’hygiène

Il est nécessaire de maintenir une litière (en paille, copeaux de bois, chanvre…) sèche et propre en effectuant un nettoyage régulier du dortoir et de la zone de ponte. La paille de chanvre est recommandée car elle est peu poussiéreuse, sans parasites et très absorbante comparée à la paille de graminées ou au foin. Le retrait régulier, une fois par jour à une fois par semaine (l’adaptation se fait en fonction du nombre de poules ramené à la surface du poulailler) des fientes à l’intérieur du poulailler, sur la zone de grattage et dans les pondoirs, permet également d’assurer une bonne hygiène et une bonne ambiance dans le « dortoir », qui est souvent localisé au-dessus. Il est également conseillé de faire un vide sanitaire une fois par an au moins. Dans un premier temps, il s’agit d’éliminer les déchets, ce qui permet de s’assurer de l’absence de poux rouges au niveau des pondoirs et perchoirs. Ceux-ci sont souvent présents dans les structures en bois. Dans un second temps, il faut procéder à un nettoyage et une désinfection complète du poulailler.

L’alimentation

Il est préférable de disposer de plusieurs points d’alimentation et d’abreuvement pour les animaux dans le poulailler et sur le parcours afin d’éviter la compétition à la gamelle. Une mangeoire et un abreuvoir couverts permettent de protéger la nourriture et l’eau de la souillure par des éléments extérieurs et la faune sauvage. Une alimentation équilibrée (mélange de céréales et/ou aliment complet enrichi en vitamines et minéraux) distribuée de façon quotidienne est nécessaire pour limiter le risque de carences mais n’exclut pas la mise à disposition de déchets de cuisines frais tels que les épluchures de légumes.

Le statut sanitaire du groupe

- Gérer les introductions

Afin de maintenir un équilibre sanitaire, il est recommandé de limiter les introductions et les échanges d’oiseaux. Pour les arrivants, l’approvisionnement chez un même fournisseur ou ayant le même « statut sanitaire » peut permettre d'éviter l’introduction d’agents pathogènes. Faire le choix d’animaux vaccinés (a minima contre la maladie de Marek) permet également de limiter l’apparition de signes cliniques lors de mélanges d’oiseaux. Une quarantaine d’une quinzaine de jours minimum est à privilégier en cas d’arrivée de nouveaux individus. C’est le temps d’adaptation au site nécessaire pour la ou les poule(s) avant de rejoindre leurs congénères, ce qui peut limiter le stress ainsi que le risque infectieux.

- Limiter les mélanges d’espèces

Certaines espèces sont plus sensibles que d’autres aux agents infectieux. Afin de limiter leur transmission de l'une à l’autre, il est recommandé de cloisonner les différentes espèces sur un même site et de prendre soin des oiseaux « du moins sensible au plus sensible » (par exemple d’abord dinde puis poule puis canard). De la même façon, il semblerait que la vulnérabilité aux agents pathogènes varie selon les races. Si des manifestations cliniques concernent uniquement une race de poule, il est conseillé de séparer les races les unes des autres.

- Se protéger lors de visites et de contacts avec d’autres élevages/poulaillers.

Le port de gants, d’un masque et de chaussures spécifiques au poulailler visité permet de ne pas ramener chez soi virus ou bactéries qui pourraient ensuite être introduites dans le poulailler personnel. Le port d’une tenue spécifique qui ne sera pas utilisée dans la basse-cour familiale est également recommandé lors de visites de salon ou d’expositions d’oiseaux.

Penser au collectif

En cas de forte densité avicole dans la zone de la basse-cour, il convient de limiter la présence de la faune sauvage et péri-domestique qui peut jouer le rôle d’hôte « relais » entre des élevages de proximité et le poulailler. Pour cela, il peut être conseillé de poser un filet sur le parcours et de le délimiter avec un grillage aux mailles serrées (notamment pour bloquer les rongeurs). Protéger les mangeoires et abreuvoirs permet aussi de limiter la possibilité pour les poules d’entrer en contact direct ou indirect avec les fientes et autres débris de plumes de la faune sauvage. Les propriétaires de basses-cours situées à proximité de zones humides présentant une avifaune sauvage importante et/ou d’élevages avicoles commerciaux doivent être particulièrement vigilants au risque de circulation du virus de l’influenza aviaire, particulièrement au moment des périodes migratoires (majoritairement entre novembre et février).