ANALYSE MIXTE
Auteur(s) : Par Céline Gaillard-Lardy
Dans le cadre de l’édition 2021 du congrès de l’Avef, 475 participants se sont retrouvés au Parc Chanot, à Marseille.
Le congrès de l’Association vétérinaire équine française (Avef), qui s’est déroulé du 3 au 5 novembre dernier, a été l’occasion pour nos confrères de se retrouver dans une ambiance conviviale et dans le cadre magnifique du Parc Chanot, à Marseille, comme nous l’a confié Charles-François Louf, président de l’Avef (voir encadré). Pour la première fois, ce congrès a été organisé à la fois en présentiel et en distanciel, les congressistes ayant la possibilité de suivre les conférences depuis leur ordinateur. Au programme, des sessions pratiques concernant l’endocrinologie, l’anesthésie et la réanimation, les mesures d’hygiène, la dentisterie, les déviations angulaires, les affections hépatiques, l’administration des structures, la clientèle… La session consacrée au bien-être (voir ci-contre), avec la présence attendue de Loïc Dombreval, notre confrère et député des Alpes-Maritimes, et celle concernant la gestion de la structure et de la clientèle ont été particulièrement suivies. Cette édition 2021 a également été l’occasion de récompenser les meilleurs posters, en l’occurrence ceux de Maxime Vandersmissen sur les sujets suivants : « Évaluation de l’accord intra et inter-opérateurs pour l’estimation de la sclérose de la phalange proximale chez le cheval » et « Un cas d’abcès hypophysaire, méningite suppurative et arthrite septique atlanto-occipitale chez un poney ».
« Nous sommes heureux du retour en présentiel. »
Charles-François Louf, président de l’Avef, nous a donné ses impressions lors du congrès.
Après une année difficile, avec la tenue d’un congrès 2020 en distanciel, les journées de l’Avef ont-elles bien retrouvé leurs participants ?
Nous sommes très heureux du retour en présentiel. Nous espérions un congrès de l’Avef à Marseille depuis 2014, c’était en quelque sorte devenu une arlésienne. C’était un pari un peu risqué en raison de la distance. Mais finalement, nous notons une belle participation avec 475 congressistes, parmi lesquels des maréchaux-ferrants et une dizaine d’auxiliaires spécialisés vétérinaire (ASV). Nous avons pourtant eu quelques frayeurs en raison d’un très grand nombre d’inscriptions de dernière minute, ce qui n’était pas le cas les autres années. Nous avons également proposé à nos congressistes une participation en distanciel volontairement peu de temps avant le congrès car nous souhaitions vraiment favoriser le présentiel. De plus, nous nous devions de proposer une retransmission de bonne qualité et nous souhaitions que tous les inscrits aient accès à un replay. Cela a été possible grâce à une plateforme LMS (Learning Management System), qui fonctionne très bien et constitue un bel outil pour les praticiens. Finalement, 45 congressistes se sont inscrits en distanciel.
Quels sont les faits marquants de cette nouvelle édition ?
Tout d’abord la possibilité du replay, qui permet aux congressistes d’accéder à toutes les conférences. À une époque, nous proposions des DVD, mais nous étions loin de la qualité proposée actuellement. La présence des ASV est également une nouveauté de cette édition.
Les ateliers proposés ont rencontré un franc succès, en particulier l’atelier maréchalerie qui a permis de réunir une petite vingtaine de participants, vétérinaires et maréchaux-ferrants. Il était logique de réunir ces deux professions qui ont l’habitude de travailler ensemble. L’atelier neurologie, animé par notre consœur Monica Aleman, spécialiste en médecine interne et ponte de la discipline, a également attiré une dizaine de participants.
Quels sont les prochains rendez-vous de l’Avef ?
La prochaine étape est l’assemblée générale au mois de décembre, puis la journée de Roissy, le 25 mars prochain. Nous allons également relancer les ateliers en présentiel, après les deux belles journées de Deauville, les 30 septembre et 1er octobre derniers, organisées par Marc Hasdenteufel. Elles ont réuni 70 participants autour du thème de l’examen du cheval de sport avec des exercices pratiques et théoriques, en présence de Jean-Marie Denoix, Jean-Maurice Bonneau, ancien entraîneur de l’équipe de France de saut d’obstacles, et Philippe Limousin, ancien du Cadre noir. Nous prévoyons prochainement des ateliers en chirurgie. Surtout, nous sommes heureux de pouvoir enfin retrouver nos confrères après cette pause forcée.
Le bien-être du cheval à l’honneur
La session bien-être a rencontré un beau succès auprès de nos confrères équins. Le déroulement d’une consultation comportementale ne doit pas se limiter à l’observation des comportements anormaux ou pathologiques mais viser à définir l’état émotionnel du cheval (phobique, anxieux, dépressif), selon Guillaume Sarcey. Hélène Roche a combattu les idées reçues sur le bien-être des équidés domestiques : l’état sauvage ne constitue pas la panacée (maladies, conditions climatiques, alimentation), mais l’étude du comportement du cheval sauvage peut servir de référence à l’établissement de critères de bien-être. Ainsi, l’alimentation constitue la majeure partie des activités journalières du cheval, soit entre 12 et 18 heures par jour, avec un délai maximum entre deux repas de 3 h 30. « S’éloigner de cette répartition du temps constitue un risque d’atteinte au bien-être, susceptible de se traduire par l’apparition de stéréotypies, de coliques, d’ulcères, voire de dégradation des relations avec l’homme », ajoute-t-elle. Pour Séverine Henry, « toute restriction spatiale, sociale ou alimentaire est susceptible d’altérer l’état de bien-être du cheval et donc les capacités d’apprentissage et d’attention que le cheval porte à son environnement. » Notre confrère Loïc Dombreval, député des Alpes-Maritimes à l’origine de la loi contre la maltraitance animale, a rappelé que, si jusque-là le monde du cheval avait été relativement épargné, les animalistes commençaient à se préoccuper du sort des chevaux de sport et loisir, surtout depuis les derniers Jeux olympiques de Tokyo, témoins de nombreux incidents lors des épreuves de pentathlon (cheval frappé, euthanasie de Jet Set après une chute, épistaxis de Kilkenny sans interruption des épreuves). Il « invite ainsi les vétérinaires, très attendus car légitimes sur ces questions, à s’engager dans la cause du bien-être, sur des bases scientifiques et rationnelles ». Il a également rappelé les évolutions législatives, notamment la mise en place d’un certificat d’engagement et de connaissance pour les détenteurs de chevaux, dont le contenu est en cours d’élaboration par la FVE, la mention obligatoire de la névrectomie lors de la vente et l’interdiction des manèges à poney. Les sanctions pénales évoluent également dans le bon sens, puisque la maltraitance animale constitue dorénavant un délit, susceptible d’entraîner des peines de prison.