Nouveau syndicat des vétérinaires indépendants
ANALYSE CANINE
Auteur(s) : Propos recueillis par Valentine Chamard
Face à la croissance galopante des chaînes pilotées par des groupes capitalistiques, des vétérinaires indépendants ont créé en 2019 le collectif Sevif (Structures et établissements vétérinaires indépendants de France). Désormais syndicat (Ssevif), il vise à promouvoir et défendre les vétérinaires ayant fait le choix de l’indépendance, qui se « caractérise par une maîtrise complète du capital et des droits de vote par les acteurs locaux vétérinaires et en activité dans les structures ». Présentation du Ssevif avec Christophe Hugnet, son président, et Caroline Dabas, sa vice-présidente1.
En quoi l’indépendance est-elle importante ?
C. H. : Elle est indispensable à l’intérêt de l’animal, des clients et de la santé publique. Ce n’est pas pour rien qu’elle est inscrite dans le code de déontologie et les outils législatifs. Une profession libérale ne peut être crédible que s’il existe un lien de confiance avec ses clients : cela passe par l’indépendance. Être indépendant, c’est aussi faire le choix d’un avenir serein.
C. D. : Le fait de n’avoir de comptes à rendre qu’à ses clients est une voie robuste et résiliente.Grâce à l'indépendance, la valeur des entreprises reste entre les mains des vétérinaires et dans l'économie locale.
Quels sont les axes d’action du Ssevif ?
C. H. : Notre priorité est la transparence. Une charte2, destinée à être communiquée aux clients, seules personnes auxquelles le vétérinaire est redevable, a été mise au point. Elle précise que la structure adhérente au Ssevif n’est pas soumise à des exigences de rentabilité extérieures et que ses prescriptions sont indépendantes et réalisées dans le seul intérêt de l’animal, de son détenteur et de la santé publique. Nous travaillons à ce que cette transparence soit aussi appliquée dans les élections professionnelles, avec obligation de déclaration des liens d’intérêt de nos représentants. Ensuite, notre objectif est de fournir aux adhérents les outils dont ils ont besoin pour le rester : fonctions support (des partenariats verront le jour), informations sur les moyens de financer sa structure et les nouveaux modèles économiques, réflexions sur la valeur d’un fichier client, etc. Notre mode de gouvernance est basé sur la construction commune des projets : le Ssevif évoluera en fonction des demandes des adhérents.
Qui peut adhérer ?
C. H. : Toute structure vétérinaire et tout membre des structures vétérinaires et sociétés connexes. À condition d’être inscrit au tableau de l’Ordre et d’exercer en gardant une indépendance décisionnaire et capitalistique. Sont concernés les ruraux, les canins, les équins, les productions rationalisées, les laboratoires de biologie, les consultants, les experts, etc. L’adhésion est par ailleurs offerte aux étudiants.
Quel message adressez-vous aux jeunes vétérinaires ?
C. D. : Nous voulons leur délivrer le message qu’ils peuvent choisir leur chemin de vie. Ils font partie de la « génération start-up » et ont, comme les plus anciens d’entre nous, l’esprit d’entrepreneur. Ce qui a été possible pour notre génération le sera aussi pour la leur. Nous voulons leur montrer notre enthousiasme d’être indépendants et les aider dans ce sens.
C. H. : Même dans les pays anglo-saxons, qui ont amorcé la consolidation il y a quinze ans, les vétérinaires indépendants gardent un avenir radieux. C’est aussi le cas en France, d’autant que la période est propice. Nous allons aussi nous rapprocher des écoles, l’indépendance de la formation étant mise à mal dans certains pays d’Europe où les corporates sont présents dans les activités cliniques.
Et à ceux qui prendront bientôt leur retraite ?
C. H. : La transmission peut être sereine, anticipée, et non faite par opportunité ou effet d’aubaine.