FORMATION MIXTE
Auteur(s) : PAR CLOTHILDE BARDE Article rédigé suite à la conférence donnée par Julien Clément (vétérinaire (64), Commission vache laitière SNGTV)
Le déplacement de caillette à gauche est une affection fréquente en élevage laitier. Toutefois, dès que sa prévalence dépasse les seuils communément admis, la prévention à l’échelle du troupeau doit être mise en place.
Des pertes importantes
En France, les données économiques et épidémiologiques sont limitées mais, comme l’a indiqué le conférencier, il semblerait que la prévalence moyenne soit de 3 à 4 % 1. Sur le plan économique, la perte de lait moyenne a été estimée à 557 kg de lait sur les 60 premiers jours de lactation1, ce qui, couplé aux frais vétérinaires, conduit à des pertes de 450 à 600 euros en moyenne. Par ailleurs, un effet race assez marqué existe, avec une prévalence plus importante chez les vaches Prim’Hosltein, Jersiaise et Guernesey1, 2. D’un point de vue physiopathologique, certains mécanismes expliquent l’apparition d’une DCG. Ainsi, ce phénomène survient lors de la dilatation de la caillette (rupture d’équilibre entre la motricité de la paroi abomasale et la quantité de gaz (voire de liquide) contenue dans la caillette) et lorsqu’une vacuité relative de l’abdomen rend possible le déplacement à gauche de celle-ci. Au vu de ces mécanismes, l’objectif de la conduite d’élevage va donc être de réussir à dépasser les facteurs subis pour maximiser l’ingestion de la vache dans les jours suivants le vêlage, tout en maîtrisant les risques habituels liés à cette période (hypocalcémie notamment) afin de limiter la prévalence des DCG.
Importance de la prévention
À cet égard, la prévention du DCG passe par la maîtrise de plusieurs éléments, a indiqué le conférencier. Ainsi, pendant toute la période sèche, l’objectif est de maintenir les vaches taries avec une note d’état corporel (NEC) stable de 3,5 (3,25 à 3,75). Dans les 10 à 15 derniers jours avant vêlage, il convient également de veiller à la gestion du risque d’hypocalcémie subclinique3 par la maîtrise des apports en calcium et en phosphore, la supplémentation en magnésium, l’acidification de la ration avec des sels anioniques et la couverture des besoins en vitamine D (voire vitamine D hydroxylée). Par ailleurs, l’éleveur devra veiller au maintien du remplissage du rumen par une bonne couverture des besoins en énergie et en protéines, un apport de fibres en quantité suffisante et avec un accès facilité. La ration doit être proche de la ration de lactation afin de préparer la flore ruminale tout en évitant la suralimentation énergétique4. Enfin, il est recommandé de gérer les lots d’animaux pour éviter le stress social et limiter l’impact de la période d’isolement en box de vêlage (maximum 24 à 48 heures). Une fois le vêlage passé, il est essentiel de prévenir l’acidose ruminale subaiguë (ARSA). Pour cela, le conférencier recommande de veiller à la fréquence de distribution et de repousse de la ration (objectif de 2 distributions par jour et d’une repousse toutes les 4 heures), à l’accès à de la ration fraîche au moins 22 h sur 24 et à une auge confortable pour tous les animaux, au nettoyage des restes et refus tous les jours et à limiter la vitesse d’augmentation du concentré après vêlage (maximum 2 kg d’augmentation par semaine en DAC ou robot).