Excédents de trésorerie : savoir les placer - La Semaine Vétérinaire n° 1924 du 10/12/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1924 du 10/12/2021

Finances

ENTREPRISE

Auteur(s) : PAR JACQUES NADEL

Lorsque l’entreprise génère plus de trésorerie que nécessaire, la question se pose de l’utilisation des excédents. Une gestion efficace de ces derniers peut être rémunératrice. Marche à suivre.

La crise sanitaire est venue bousculer de manière positive les composantes économiques habituelles des cliniques vétérinaires. Dans la continuation du premier confinement, il y a eu une très forte augmentation de la demande de soins par les propriétaires d’animaux de compagnie. « Le bon niveau d’activité des cliniques vétérinaires actuellement lié à la crise sanitaire et le recours éventuel à des Prêts garantis par l’État (PGE) amènent à constater chez beaucoup des excédents de trésorerie plus ou moins structurels », constate Philippe Richard, gérant d’Opti patrimoine, cabinet conseil en gestion de patrimoine.

Un excédent de trésorerie est une résultante de l’exploitation. Elle traduit la capacité de la clinique à dégager des excédents qui appartiennent à son ou ses dirigeants. Cet écart positif est un gage de prospérité pour toute entreprise et permet de contrôler sa capacité d’autofinancement. Avoir d’importants excédents de trésorerie est un très bon signe de santé financière. Néanmoins, il n’est pas conseillé que ces excédents soient stagnants ou inactifs. « La plupart du temps, ils ne sont pas utilisés alors qu’une bonne gestion de ceux-ci peut s’avérer rémunératrice pour l’entreprise », explique Philippe Richard.

Ces excédents ont vocation à :

– être réinvestis dans la clinique pour améliorer sa performance (développement de CA et/ou de rentabilité) ;

– permettre une distribution de dividendes qui ne rémunéreront plus le travail du vétérinaire, mais le capital qu’il a investi. La fiscalité sur les distributions (PFU de 30 %) apparaît parfois dissuasive ;

– être conservés en attente d’une future utilisation éventuelle.

Excédents : à court ou long terme ?

Il est important d’analyser ces différents emplois possibles pour gérer sa trésorerie en toute sécurité et envisager des solutions de placement des excédents. Mais aussi de distinguer l’excédent de trésorerie court terme servant principalement de réserve financière d’urgence pour l’entreprise en cas d’imprévu (matelas de sécurité) de l’excédent de trésorerie long terme qui constitue l’ensemble de l’épargne mobilisable. Le but est de placer uniquement la trésorerie long terme.

Si la sécurité, la liquidité et la diversification sont les critères les plus importants dans le placement de la trésorerie d’entreprise, un des buts recherchés est néanmoins de percevoir des intérêts, de faire fructifier les actifs financiers et d’accroître les liquidités de l’entreprise si un processus de gestion est mis en place dans le temps. L’horizon de placement est, en effet, une question primordiale. Investir sa trésorerie sur quelques mois ou quelques années implique des typologies de placements différentes. Une règle reste invariable : plus on souhaite capitaliser sur ses excédents de trésorerie, plus il faudra placer sur du long terme. Cela suppose de le faire en fonction des projets de l’entreprise, à court, moyen et long terme, ce qui constitue autant d’horizons d’investissements à prendre en compte.

CAT et DAT : rentabilité faible à court terme

Parmi les placements de la trésorerie d’entreprise à court terme (maximum 2 ans), les banques « proposent essentiellement des comptes à terme (CAT) et dépôts à terme (DAT) peu rémunérateurs et peu motivants. Les trésoreries excédentaires dorment donc souvent, par fatalisme », constate Philippe Richard. Et vendent leurs atouts : ticket d’entrée minimum faible, capital garanti et disponible à tout moment. Néanmoins, si les fonds sont retirés avant l’échéance prévue (le compte, bloqué, ne permet pas de prélever de l’argent avant terme), la rémunération sera nulle voire négative dans certains réseaux bancaires. Dans des conditions normales, les CAT et DAT ne rémunèrent pas plus de 1 % brut par an.

Dans le cadre du placement de la trésorerie à court terme, peu d’options sont disponibles pour l’entreprise. Se tourner vers des fonds monétaires est inutile dans ce cas car son rendement est négatif. De même, l’utilité des fonds obligataires est limitée car le ratio rendement/risque est peu attractif sur une courte durée.

Déterminer le bon profil

En réalité, il existe seulement deux options rentables, selon Philippe Richard, pour placer ses excédents de trésorerie : l’ouverture d’un compte-titres par la société et les contrats de capitalisation. « L’ouverture d’un compte-titres présente l’avantage de ne pas être chargée en frais (souscription, garde, gestion). L’inconvénient est de ne pas pouvoir investir en fonds euros et donc de ne pas bénéficier de la garantie en capital. Les produits, quand ils sont constatés par un désinvestissement, sont rapportés au résultat et soumis à l’IS. » Il est donc primordial de définir le « profil investisseur » (sécurisé, prudent, équilibré, offensif) de l’entreprise. Un investissement plus offensif s’accompagne généralement d’une rémunération plus importante.

Un contrat de capitalisation est l’équivalent d’une assurance-vie pour une personne morale. « Le contrat de capitalisation permet, comme un contrat d’assurance-vie, de protéger une partie du capital en l’investissant dans un fonds euros (dont le rendement est quasi nul désormais), et de placer le solde sur des fonds plus ou moins risqués (Unités de Comptes), présente Philippe Richard. Le contrat de capitalisation supporte des frais de gestion (de plus ou moins 1 %). Les compagnies plafonnent la plupart du temps la proportion de fonds euros (à plus ou moins 50 %). En même temps, la recherche d’un rendement est la motivation pour investir hors fonds euros. »

Le contrat de capitalisation s’adapte au profil d’investissement de l’entreprise. Une entreprise cherchant un meilleur rendement pourra se tourner vers des OPCVM (Organisme de Placement Collectif) et des investissements socialement responsables (ISR).

« Le rendement d’un investissement rémunère le risque (pas de risque = pas de rendement) et le temps, c’est-à-dire l’aliénation du capital, le renoncement à la liquidité sur un délai plus ou moins long, rappelle le gérant d’Opti patrimoine. Selon le positionnement des curseurs sur ces deux axes, les perspectives de rendement existent et varient à l’infini. » Et d’insister sur les données à prendre en compte : « À chacun de se positionner en fonction de son horizon d’investissement et de ses objectifs. »

Allocations sur les mégatendances

« Les modes de vie et de consommation des populations, l’organisation de l’économie mondiale sont déjà profondément bouleversés par la crise sanitaire. Ces bouleversements sont pris en compte par le monde de la gestion financière et constituent autant de pistes de réflexion pour orienter ses investissements vers les supports qui prendront en compte et refléteront la structuration du monde de demain, développe Philippe Richard. Il faut orienter ses allocations en fonction des mégatendances que sont les puissantes forces de changement social, démographique, environnemental et technologique qui transforment le monde. »

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