Le bilan de l’épizootie 2020-2021 - La Semaine Vétérinaire n° 1924 du 10/12/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1924 du 10/12/2021

IAHP

ANALYSE MIXTE

Auteur(s) : PAR TANIT HALFON

Alors que tous les acteurs des filières avicoles se préparent à l’arrivée de l’influenza aviaire hautement pathogène, quel bilan peut-on tirer de la dernière épizootie ? Retour sur chiffres clés.

Après des cas détectés dans des basses-cours, puis dans l’avifaune sauvage dans la Meuse et la Meurthe-et-Moselle, les autorités sanitaires françaises ont confirmé, le 26 novembre 2021, le tout premier foyer domestique d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) dans un élevage de 80 000 poules pondeuses situé à Warhem, près de Dunkerque (Nord). La suspicion faisait suite à une mortalité massive constatée dans un bâtiment d’élevage (plus de 15 000 volatiles). Le sous-type viral incriminé est le H5N1. Ce premier foyer s’ajoute aux 190 déjà confirmés en Europe depuis août dernier, et aux 498 cas sauvages. Dans ce contexte de forte dynamique virale, il est bon de revenir sur les points clés de la dernière épizootie qui a touché l’Europe l’hiver dernier. Un bilan a été publié par les experts de la plateforme Épidémiologie Santé Animale. Les premières notifications de foyers domestiques avaient débuté au début du mois d’août 2020 en Russie, à la frontière avec le Kazakhstan, avec, au 15 octobre, 55 foyers confirmés ainsi que 7 cas en avifaune sauvage, en majorité de sous-type H5N8 (clade 2.3.4.4b lignée A/Goose/Guangdong/1/96).

Une épizootie avec plusieurs pics

À partir de là, une extension rapide en Europe a suivi avec un saut aux Pays-Bas où des cas dans l’avifaune sauvage ont été confirmés à partir du 20 octobre 2020. Au 29 novembre, 14 pays d’Europe étaient touchés : l’Allemagne, la Belgique, la Croatie, le Danemark, l’Espagne, la France, l’Irlande, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le Royaume-Uni, la Slovénie et la Suède. L’analyse des données épidémiologiques a révélé une évolution par vagues. Pour le compartiment sauvage, il y a eu un premier pic mi-novembre et un deuxième mi-mars, en lien probablement avec l’activité migratoire. Ces pics ont été suivis par deux chez les volailles : un début janvier lié principalement aux foyers français dans les élevages de palmipèdes du Sud-Ouest et un autre au mois d’avril, en lien avec une atteinte des grands élevages de production de Gallus, canards et dindes en Pologne. En France, l’épizootie a vraiment débuté avec le foyer confirmé le 6 décembre dans les Landes. Elle a flambé en 5 semaines avec un pic maximal de foyers domestiques la première semaine de janvier, touchant principalement ce même département. Dans le Sud-Ouest, 6 départements ont été atteints : par ordre d’importance les Landes, le Gers, les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Pyrénées, le Lot-et-Garonne et la Haute-Garonne.

Un maintien de la circulation virale en Europe

À l’échelle française aussi bien qu’européenne, l’épizootie s’est terminée aux alentours du mois de mai, avec une chute de l’incidence dans les deux compartiments, signant une circulation virale en perte de vitesse. Fin avril, 95 % des foyers domestiques de l’épizootie et 94 % des cas sauvages avaient été détectés. Au total, ce sont 29 pays d’Europe (dont la Russie occidentale) qui ont déclaré des cas et foyers, avec un H5N8 majoritaire. Plus de 80 % des foyers domestiques étaient regroupés dans trois pays : en premier la France avec 492 foyers (dont 475 dans le Sud-Ouest), suivie de la Pologne (357) et de l’Allemagne (235). Cette dernière a totalisé, en outre, plus de la moitié des cas détectés dans l’avifaune sauvage (1332 sur 2659). Malgré la fin de l’épizootie 2020-2021, les déclarations de cas et de foyers se sont poursuivies durant l’été 2021, signe d’une circulation virale à bas bruit, avec en particulier des détections de cas dans l’avifaune sauvage en Europe du Nord. Sur la période allant du 1er août au 28 novembre 2021, 26 pays ont déjà été touchés. Le sous-type viral H5N1 est majoritaire, en particulier dans les élevages.