POURQUOI ET COMMENT POURSUIVRE LA PRATIQUE DES DIFFÉRENTES MÉDECINES VÉTÉRINAIRES ? - La Semaine Vétérinaire n° 1924 du 10/12/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1924 du 10/12/2021

EXPRESSION

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR CHANTAL BÉRAUD

Après les avis émis par l’Académie vétérinaire et l’Ordre sur les pratiques médicales non conventionnelles, comment réagissent les praticiens qui y ont recours ?

CATHERINE ROFFET (N85)

Praticienne rurale (bovins/caprins/ovins) à Redon (Ille-et-Vilaine)

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ALLOPATHIE ET HOMÉOPATHIE NE S’OPPOSENT PAS

Dans les années 1980, durant mes études, j’ai suivi une semaine de cours sur l’homéopathie. Elle avait donc, à cette époque, droit de cité à l’École ! Ayant ensuite travaillé à l’étranger, j’ai constaté qu’il s’agissait d’une thérapie permettant de soigner partout dans le monde. J’ai continué à m’y former et je l’utilise fréquemment, pour les cas où l’allopathie fonctionne moins bien ou même quand elle est en échec. Elle est par exemple efficace pour traiter des boiteries, des mammites ou certains problèmes comportementaux (comme quand une vache refuse de laisser téter son veau). Pratiquer ce genre de médecine me permet également de créer un lien différent avec les éleveurs, notamment en bio. L’un d’entre eux m’a par exemple déclaré : « L’homéopathie m’a réappris à regarder mes animaux, qu’est-ce que cela fait du bien ! » En homéopathie, les consultations sont plus longues et l’éleveur doit nécessairement bien connaître et suivre ses animaux… Pour conclure, je suis vétérinaire avant tout, et je vais continuer mes pratiques.

PIERRE MAY (L78)

Praticien en canine et Nac à Faverges (Haute-Savoie)

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JE FAIS UNE MÉDECINE INTÉGRATIVE

Depuis 42 ans, j’ai intégré dans ma pratique d’abord l’homéopathie, puis l’ostéopathie, l’acupuncture, la phytothérapie et l’aromathérapie afin d’enrichir mon offre thérapeutique et donner plus de chances au malade. Donc pas par dogmatisme mais par pragmatisme. Cela ne m’empêche pas de faire un examen clinique complet, tous les examens complémentaires utiles et surtout de poser un diagnostic. Ensuite, je peux proposer un traitement adapté et individualisé, où l’allopathie peut être incluse. Soyons clairs : les praticiens homéopathes ne font pas partie d’une secte ! D’abord vétérinaires, ils proposent une offre à la fois efficace et économique. Bien évidemment, ce traitement individuel ne peut pas faire l’objet d’une étude randomisée car, par définition, deux malades atteints de la même pathologie n’ont pas le même traitement. Donc, ces attaques « minables » contre les médecines alternatives (avec des menaces de suppression de CFC) ne m’empêcheront jamais de continuer et surtout d’enseigner, même gratuitement si nécessaire…

AGNÈS DARNIS (L05)

Praticienne en canine à Montluel (Ain)

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POURQUOI CETTE CABALE ?

Dans ma pratique, c’est la médecine interne et l’examen clinique minutieux qui priment. La médecine commence par le diagnostic et l’interrogatoire homéopathique me permet de recueillir de précieuses informations, de la part de propriétaires attentifs et impliqués. J’entends bien sûr continuer à utiliser cet outil thérapeutique irremplaçable, au même titre que les autres médecines que je propose, dans le cadre autorisé. En santé animale comme en santé humaine, la demande des Français pour l’homéopathie est forte. Si les jeunes vétérinaires ne peuvent plus apprendre cette approche médicale unique, les propriétaires se tourneront vers des thérapeutes animaliers non-vétérinaires, « formés » parfois en 4 semaines par correspondance. Il s’agira alors d’une véritable perte de chances pour l’animal ! Par ailleurs, le futur de notre profession est sévèrement menacé : de jeunes praticiens désertent l’exercice après quelques années. Je me demande donc vraiment si cette débauche d’énergie négative et restrictive ne se trouverait pas mieux employée à d’autres causes, autrement plus nobles…