ANALYSE MIXTE
Auteur(s) : Clothilde Barde
Le Groupement de défense sanitaire (GDS France) propose un programme de gestion cadré de la gale psoroptique ovine à destination de tous les professionnels du milieu de l'élevage.
"Les modalités de suspicion et de confirmation de la gale psoroptique ovine doivent être harmonisées", a constaté le GDS France. C'est pourquoi un programme de gestion commun a été élaboré dans le cadre de la commission ovine du GDS France et proposé par le réseau des GDS le 3 novembre 2021 . En effet, selon ce dernier, les professionnels de l’élevage font état depuis plusieurs années d’une recrudescence de cas de gale psoroptique ovine (Psoroptes ovis) et de difficultés pour prévenir la maladie en élevage et pour traiter les animaux . Cette situation s'expliquerait par la suppression des arrêtés préfectoraux imposant la lutte dans les foyers mais aussi par l'augmentation des flux d’animaux et par les possibles résistances des parasites à certains traitements, indique le GDS. Or, les conséquences des foyers de gale ovine sont importantes en termes de santé, de bien-être en élevage et d'économie. En effet, cette dermatose parasitaire, due à un acarien qui vit à la surface de la peau des moutons, est très contagieuse et conduit à l'apparition d'un prurit de plus en plus intense qui s’accompagne de dépilation et de croûtes. Les animaux atteints peuvent présenter une baisse d'état général avec une perte d'appétit, un amaigrissement et une diminution de leur production. Cependant, comme il existe des animaux chez qui la maladie s'exprime de façon très modérée et que l’utilisation de certains antiparasitaires peut masquer les symptômes, il est essentiel de renforcer le diagnostic et la prévention de la maladie. À cet égard, le nouveau programme volontaire de lutte détaille les recommandations pour identifier les foyers, les prendre en charge et les prévenir.
Pour "assurer son efficacité et sa pérennité », le déploiement du dispositif se fera de façon progressive du 1er octobre 2021 au 31 août 2022, avant une mise en place dans l'ensemble du territoire en 2022. Une évaluation de la pertinence des mesures de gestion et de surveillance prévues sera tout d'abord réalisée en confrontant les données analytiques et épidémiologiques obtenues sur le terrain. Puis, le programme de gestion prévoit que les suspicions et les foyers soient déclarés au GDS. Des analyses de confirmation seront ensuite réalisées avant d'instaurer des mesures de restriction de mouvement des animaux issus de cheptels suspects (en attente de confirmation), ainsi que des troupeaux infectés en attente de traitement. Enfin, un traitement simultané du troupeau infecté, des bâtiments et du matériel d'élevage devra avoir lieu. En termes de diagnostic, la gale ovine est mise en évidence lorsque des signes cliniques apparaissent. À l’échelle du troupeau, il s’agit de la présence de prurit intense sur 10 % du lot (avec au moins 5 animaux) mais également de dépilation ou de croûtes sur au moins un des animaux. Dans les lots, cela désigne l'apparition d'un prurit intense sur au moins 2 animaux du lot, ainsi que de dépilation ou de croûtes sur au moins un des animaux. Par ailleurs, les parasites peuvent être identifiés au microscope après un raclage cutané. Comme cette technique est peu sensible, même si elle est très spécifique, un kit sérologique (IDvet) à usage collectif sera proposé progressivement dans tous les départements volontaires pour compléter cette offre de test diagnostique, indique le communiqué du GDS.
En ce qui concerne la mise sous surveillance des troupeaux, elle devra se faire dans "les élevages infectés, après le traitement et pendant 2 ans, mais aussi dans les élevages en lien épidémiologique avec un troupeau ou un animal infecté et dans les élevages se rendant à un rassemblement temporaire collectif de longue durée (transhumance)". Des mesures de biosécurité basiques, notamment à l’introduction, doivent également être respectées, ainsi que des mesures renforcées en cas de suspicion et de foyer. Lors de suspicion, une visite d’élevage du vétérinaire est prévue dans les 8 jours suivant la suspicion, afin qu'il conclue à un statut "favorable" (levée des restrictions et fin de la suspicion), "défavorable" (confirmation de la suspicion, renforcement des mesures de biosécurité) ou "suspect" lorsque des examens complémentaires (raclage cutané) sont nécessaires. Quant aux élevages en lien épidémiologique avec un élevage infecté, ils sont identifiés grâce à une enquête épidémiologique amont/aval mais ne sont pas considérés d’emblée comme étant suspects. Ils ne font donc pas l’objet de restrictions à ce stade mais sont soumis à une surveillance vétérinaire au plus tard à la fin de la période de stabulation hivernale, éventuellement complétée par des examens complémentaires. Suivant le résultat de la visite vétérinaire (et des éventuels examens complémentaires), l’issue est favorable ou défavorable. Si le résultat est défavorable, le troupeau en lien épidémiologique est considéré infecté. "En cas de foyer de gale psoroptique, le traitement de l’ensemble du troupeau, des bâtiments et du matériel doit alors se faire de façon concomitante et adaptée pour permettre d'éradiquer tous les parasites présents", conclut la note du GDS, avant de préciser que le vétérinaire de l’exploitation devra choisir, parmi les différents traitements disponibles (bain, pulvérisation, injection), le plus adapté suivant le type et les modalités de production ainsi que la situation rencontrée. Après le traitement, les restrictions pourront être levées et les mesures de biosécurité seront allégées (biosécurité de routine) avec une surveillance spécifique annuelle de l’élevage pendant 2 ans.