Néphrologie
FORMATION CANINE
Auteur(s) : Tarek Bouzouraa
Lors de néphropathie, une protéinurie est plus fréquemment rencontrée chez le chien que chez le chat, en lien avec une pathogénie différente entre les deux espèces. En effet, chez le chat, les atteintes tubulaires et interstitielles sont quasiment toujours rencontrées de manière exclusive, tandis que, chez le chien, une large proportion d’atteintes glomérulaires sont signalées. Lorsqu’elle est présente, la protéinurie endommage l’appareil tubulaire et contribue à la progression de toute néphropathie ainsi qu’à l’activation du système rénine-angiotensine-aldostérone (SRAA). Ces observations justifient l’emploi des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) tels que le bénazépril et l’énalapril dans le cadre de la prise en charge d’une protéinurie. Récemment, les antagonistes des récepteurs à l’angiotensine (ARA) tels que le telmisartan ont été valorisés chez le chat pour la prise en charge de l’hypertension, tandis que cette molécule a été employée chez un chien protéinurique et réfractaire au bénazépril avec succès. Une étude1 évalue l’intérêt du telmisartan chez le chien lors de protéinurie.
Dans cette étude rétrospective, 44 chiens ayant présenté un rapport protéines-créatinine urinaires (RPCU) supérieur à 0,5 à au moins deux reprises sont inclus. Ils sont répartis en 3 groupes de soins : telmisartan (33/44), bénazépril puis telmisartan (5/44), telmisartan et mycophénolate (6/44 : lors de glomérulonéphrite à médiation immune). Le telmisartan est employé à la dose minimale de 0,5 mg/kg toutes les 24h per os avec un suivi biologique (urée, créatinine, ionogramme, pression artérielle) après 1 à 2 semaines dans le but de doubler la dose en cas de protéinurie persistante, en accord avec les recommandations de l’ACVIM.
Bien que les groupes ne soient pas homogènes ni dimensionnés de manière identique, le taux de réponse aux soins (résolution partielle et complète de la protéinurie) est de 69 % avec le telmisartan, de 50 % avec le bénazépril suivi du telmisartan et de 66 % avec le telmisartan et le mycophénolate. Seulement 2 chiens sous telmisartan développent une azotémie significative durant leur suivi et nécessitent une intervention médicale (fluidothérapie ou arrêt du traitement), tandis qu’aucun cas d’hyperkaliémie « clinique » n’est rapporté. Au total, 5/44 chiens (11 %) présentent des effets indésirables incluant de l’anorexie ou une diarrhée, toutes deux ponctuelles. Aux doses prescrites, 10 chiens ont une évaluation et un suivi de leur pression artérielle à 3 mois sans variation significative de celle-ci. Cette donnée contraste avec les résultats d’une autre étude chez le chien dans laquelle il a été démontré que le telmisartan permettait une réduction significative de la pression artérielle.
La principale limite de cette étude réside dans l’absence de diagnostic étiologique de la protéinurie. Les auteurs renseignent cependant que 9/44 chiens souffrent d’un hypercorticisme, 6/44 d’une hyperlipidémie et 4/44 d’une entéropathie exsudative. Cette publication démontre néanmoins que le telmisartan peut être proposé, seul ou en association, pour la prise en charge de la protéinurie chez le chien.