Humour (noir) égyptien

Plutôt que d’affirmer une individualité animale, ce film singulier va malicieusement réduire celle d’un homme à un volatile inexpressif. Alors qu’il a convié un magicien à la fête d’anniversaire d’un de ses enfants, un père se retrouve métamorphosé en poulet. Cet événement insolite va mettre en jeu la survie de sa famille. Soumise jusque là à l’autorité de son mari, domestique dans son propre foyer – un deux-pièces misérable – la mère n’a pas d’autre choix que d’en sortir. Plus taiseuse que jamais, elle va aller chercher, à l’instinct, aides et solutions dans un monde dystopique, une périphérie déglinguée et poussiéreuse autour d’un énorme complexe industriel vomissant sa fumée et où l’on ne tend la main que pour réclamer des billets. L’étonnante qualité picturale des images et l’humour sombre de la narration (jusqu’à l’inconfort parfois) font l’originalité de ce film égyptien (Grand prix de la Semaine de la critique à Cannes). La séquence de la visite chez le vétérinaire pour sauver le poulet à l’agonie en est un bel exemple.

• Plumes d’Omar El Zohairy avec Demyana Nassar, Samy Bassouny, France/Égypte/Pays-Bas/Grèce, 1 h 52, sortie le 23 mars.