Maladies réglementées
ANALYSE MIXTE
Auteur(s) : Clothilde Barde
Le 26 janvier dernier, l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) et le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) ont précisé les conditions de sortie du moratoire sur les travaux de recherche relatifs aux maladies à prions1.
« L’hypothèse d’une contamination par coupure avec du matériel contaminé est la plus probable », selon le rapport rendu le 26 janvier dernier par l’IGESR et le CGAAER2. En effet, une enquête a été menée suite au cas probable de maladie de Creutzfeldt-Jakob chez une technicienne à la retraite de l’Institut national de la recherche agronomique et de l’environnement (Inrae) à Toulouse qui travaillait au contact de tissus biologiques infectés par des prions, agents responsables des encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST). En juillet dernier, les directions générales de l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments, de l’environnement et du travail (Anses), du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont décidé dans un premier temps, conjointement et en accord avec les ministères concernés, de suspendre à titre conservatoire l’ensemble des travaux de recherche et d’expérimentation relatifs aux maladies à prions car il s’agissait d’un second cas de contamination, après le décès le 17 juin 2019 d’une autre technicienne de l’Inrae. Puis l’IGESR et la CGAAER ont été chargés d’une mission visant à « rechercher toutes les voies de contamination possibles, d’en tirer les conséquences scientifiques et techniques et de faire des recommandations en matière de prévention et de gestion des risques, notamment sur les conditions de sortie du moratoire ».
Le rapport public conclu à la forte probabilité de l’hypothèse d’une contamination par coupure avec du matériel contaminé. Une série de recommandations portant, d’une part, sur les conditions de la sortie du moratoire et, d’autre part sur les évolutions à court et moyen termes est également formulée. Ainsi, il est recommandé de mettre en œuvre des audits externes préalables à la reprise des activités de recherche des laboratoires concernés par le moratoire afin d’apprécier leur conformité au guide des bonnes pratiques qui doit être mis en place simultanément. De plus, il sera décidé, au vu des conclusions de ces audits, laboratoire par laboratoire, et après information des personnels, de la reprise des activités. Par ailleurs, les techniques utilisées dans ces recherches seront évaluées en amont, à la lumière d’un principe visant à « réduire le risque, assurer la traçabilité des expositions des personnels et mettre en place un suivi médical adapté ».
Le rapport souligne enfin également l’intérêt de mettre en place un « passeport individuel » pour chaque agent, dans lequel seront consignés sa formation, son suivi médical et son exposition aux risques de prions mais aussi de « veiller à la bonne information et à la formation de tous les agents, de renforcer la formation au management de la sécurité de la ligne hiérarchique des laboratoires de recherche ; de s’assurer de la séparation effective des chaines de responsabilité sécurité et recherche jusqu’au plus haut niveau possible de la hiérarchie ; de favoriser l’animation de la communauté « prions » en mettant en place un Comité prions à l’échelle nationale et de pérenniser le travail collaboratif entre équipes en l’ouvrant à l’ensemble des acteurs et, enfin, d’explorer l’opportunité d’étendre les mesures de sécurité « prions » aux recherches sur les prion-like au potentiel protéinopathique pour l’humain ». Face à ces recommandations, les directions générales de l’Anses, du CEA, du CNRS, de l’Inrae et de l’Inserm ont donné leur accord pour une mise en œuvre progressive des mesures afin de permettre la sortie du moratoire. Les deux ministères et les établissements concernés s’assureront que toutes les conditions requises pour la reprise des travaux soient respectées, y compris par des missions ou inspections complémentaires si nécessaire, et assureront un suivi régulier de la mise en œuvre de ces recommandations.
Quelles mesures de surveillance sont prises dans le cadre de la gestion de cette maladie ?
La surveillance des signes cliniques d’ESB s’appuie sur le réseau national d’épidémiosurveillance visant à repérer tout bovin vivant présentant des troubles neurologiques suspects. En cas de suspicion d’ESB, les animaux sont euthanasiés et testés. L’épidémiosurveillance réalisée sur les bovins dits « à risque » consiste en un dépistage systématique de la maladie chez les individus âgés de plus de 48 mois morts sur exploitation ou euthanasiés pour cause de maladie ou d’accident. Par ailleurs, les bovins accidentés abattus de plus de 48 mois sont également systématiquement testés à l’abattoir. Leur carcasse est consignée jusqu’au retour des résultats et elle peut rejoindre la chaîne alimentaire que si les résultats sont négatifs. Enfin, tous les bovins nés avant le 1er janvier 2002 (date d’interdiction européenne de toute alimentation des ruminants par des protéines animales) présentés à l’abattoir en vue d’entrer dans la chaîne alimentaire font l’objet d’un dépistage systématique de l’ESB et ils ne peuvent entrer dans la chaîne alimentaire qu’après résultat négatif.*
* https://agriculture.gouv.fr/questions-reponses-sur-lencephalopathie-spongiforme-bovine-esb