Médecine des Nac
FORMATION CANINE
Auteur(s) : Gwenaël Outters Conférencier Sylvain Maitrehenry, praticien à Pontcharra (Isère) Article rédigé d’après une conférence présentée au congrès de l’Afvac qui s'est déroulé du 25 au 27 novembre 2021 à Bordeaux.
Le choix de l’hospitalisation d’un Nac relève d’un équilibre entre le bénéfice et la nécessité de soins qui seront apportés en hospitalisation, et le stress et ses conséquences. Sera ici abordée l’hospitalisation des petits mammifères (à l’exception des lapins), oiseaux et reptiles.
Les motifs absolus d’hospitalisation des Nac sont les soins impossibles à réaliser à domicile (perfusion, soins de plaie et les soins d’observation ou de surveillance des cas critiques) et les défauts d’observance. Les motifs relatifs regroupent les soins lourds ou fréquents, les soins nombreux pour lesquels la nécessité d’hospitaliser est conditionnée par la motivation du propriétaire, ainsi que les aides au diagnostic (observation de l’alimentation, du transit ou du comportement).
L’hospitalisation implique de disposer d’un matériel adapté (couveuse, oxygène, pompes à perfusion) et d’un savoir-faire (équipe qualifiée), d’effectuer un suivi adapté du traitement et de maîtriser l’observance. Elle représente une charge de travail et un coût supplémentaires pour la clinique, et donc pour le propriétaire. Enfin, le stress de l’hospitalisation sur l’animal est un frein, notamment chez le cochon d’Inde qui risque de souffrir une dilatation gastrique et les oiseaux pour qui le changement d’environnement est angoissant.
Il est judicieux de n’hospitaliser que pour des motifs absolus, certaines techniques permettant de l’éviter : l’utilisation de la voie transdermique pour la gestion de l’analgésie, la pose de sonde naso-oesophagienne pour une alimentation à la maison, le port de gilets de protection pour les plaies, des explications claires sur les ordonnances par le biais de vidéos ou de démonstrations en consultation,…
Hospitaliser un Nac nécessite de connaître les conditions de vie et les besoins physiologiques de chaque espèce et d’adapter l’hospitalisation en fonction.
Petits mammifères
La clinique doit disposer d’aliments spécifiques :
- pour les herbivores (chinchilla, cochon d’Inde) : foins et granulés de différentes formes ;
- pour les omnivores (rats et souris) : granulés variés ;
- pour les carnivores (furet) : grande variabilité de l’alimentation entre ration ménagère, croquettes et proies.
L’idéal est de ne pas changer l’alimentation au cours de l’hospitalisation : pour cela, demander au propriétaire de fournir l’aliment distribué à la maison. Il est de plus difficile de disposer de végétaux frais à la clinique.
Le type de logement est très variable entre les différentes espèces. Celui destiné au chat est parfois, mais pas toujours, adaptable. Sinon, il convient de posséder des cages plus petites, des couveuses de taille adaptée et des parcs pour l'activité des animaux. La litière en copeaux n’est pas recommandée, sauf éventuellement lors d’hospitalisations longues. Il est préférable d'utiliser des alèses, du journal ou des serviettes pour le suivi des excréments. Les logements doivent être agrémentés de cachettes, par exemple des cartons vides, des gamelles de taille adaptée et de forme variable, ainsi que des biberons.
Pour ces espèces, le diffuseur Petscool améliore les conditions d’hospitalisation. Les espèces carnivores et herbivores sont séparées, les espèces nocturnes placées dans des pièces sombres. Le cochon d’Inde, qui est très sensible à l’hospitalisation, doit l'être de la durée la plus courte possible et éventuellement en présence d’un compagnon. Les furets peuvent être installés dans une chatterie.
Le suivi, qui comprend un examen clinique, est assez classique et concerne le comportement, les signes de douleur, la prise alimentaire et l'émission d’urines et de selles (qualité et quantité).
Oiseaux
Il est encore plus difficile d’hospitaliser les oiseaux, qui sont par définition néophobes. Pour leur alimentation, il est nécessaire de disposer d’un mélange de graines ou de granulés mais, encore une fois, l’aliment de la maison est le mieux. Des produits de réalimentation sont souvent nécessaires.
Les cages dépendent de la taille et de la maladie de l’animal. Elles sont de type « volière », en hauteur, agrémentées d’accessoires, perchoirs, gamelles, cachettes en carton, nids… Elles sont couvertes pour éviter le stress tout en conservant un rythme nycthéméral correct. Les serviettes ou le papier journal sont également préférés à la litière en copeaux. Les couveuses sont très importantes pour les oiseaux. Dans la mesure du possible, le propriétaire apporte l’environnement de vie de l’oiseau.
Les oiseaux ont une salle dédiée, au calme. Le stress est combattu avec des aliments dissimulés, des jeux et parfois des sorties en milieu sécurisé pour permettre le vol.
La surveillance s’attache à l’examen clinique, celui des fientes et de la prise alimentaire. Le toilettage est un signe de bien-être à évaluer.
Reptiles
L’alimentation dépend du type de reptile. Les serpents mangent rarement (les alimenter en hospitalisation n’est pas forcément une bonne idée), les tortues consomment des végétaux (ou pour certaines des poissons ou de la viande), les lézards certains insectes. Une alimentation variée en insectes et en végétaux devrait être disponible à la clinique, ce qui est difficilement gérable. Les propriétaires sont donc invités à apporter l’alimentation, surtout les proies vivantes. Pour ces espèces, la logistique alimentaire est généralement compliquée.
Il est très difficile d’adapter un logement à tous les reptiles. Le terrarium doit avoir des parois pleines ou grillagées, nécessite de la chaleur, de la lumière, des UV, ainsi que des outils de mesure de l’hygrométrie, des UV et de la température. Il est agrémenté de cachettes en carton et de gamelles variées en taille et forme. Le journal est ici préféré aux copeaux de litière et aux serviettes (les reptiles se prennent les griffes dedans). La logistique pour les espèces aquatiques est encore plus contraignante.
La surveillance de ces animaux est essentiellement clinique, hormis la prise de température, l’alimentation en hospitalisation étant quasiment nulle.
L’hospitalisation ne se réalise que si elle est nécessaire mais nécessite du matériel et un savoir-faire. De plus, ces espèces ont besoin de lampes, de sources de chaleurs, d’outils de mesure et de suivi fort consommateurs en électricité. Elle doit donc être valorisée, avec des tarifs adaptés. Elle ne se chiffre pas en fonction du prix de l’animal mais en fonction de l’acte, du matériel, des compétences et du temps passé.