EDITO
Auteur(s) : Michaella Igoho-Moradel
Exercer le métier de vétérinaire doit inexorablement rimer avec indépendance. L’Ordre le rappelle avec force alors que la profession connaît une des mutations les plus importantes de son histoire face au développement des groupes. Qu’il soit libéral ou salarié, un vétérinaire ne saurait aliéner son indépendance. Ce principe n’a pas été fondé pour protéger exclusivement le praticien dans la conduite de son art mais aussi (et surtout) pour garantir au client et à l’animal que les décisions prises ne sont polluées par d’autres intérêts extérieurs. Alors il est tout à fait naturel pour l’Ordre, garant de l’indépendance, de la moralité et de la probité de la profession, de se dresser pour défendre jalousement ces principes pendant que son bras de fer, devant le Conseil d’État, contre des groupes vétérinaires agite la profession. Au-delà, de ces contentieux dont l’épilogue ne saurait tarder, la question de l’indépendance de la profession se pose plus largement vis-à-vis d’autres acteurs du secteur. Faudrait-il par exemple supprimer les remises arrières sur tous les médicaments ? Cette mesure renforcerait-elle l’indépendance vétérinaire ? Quid du vétérinaire salarié soumis à un lien de subordination à l’égard de son employeur ? Ce statut est-il compatible avec sa nécessaire indépendance ? Dans ce cas, la déontologie suffit-elle à assurer la liberté du praticien salarié ? Il semblerait que oui. Autre élément mis sur la table par l’Ordre, l’indépendance professionnelle de la société d’exercice vétérinaire en tant que personne morale. Le silence du code de déontologie à ce sujet a tout naturellement poussé l’Ordre à s’interroger sur les leviers à mobiliser pour préserver et contrôler ce principe inhérent à l’exercice vétérinaire. L’instance ordinale se propose d’effectuer des audits au sein de ces établissements. L’Ordre gendarme pédagogue, une révolution pour la profession ? Il est sans doute encore trop tôt pour saluer l’initiative ou s’en offusquer.