Toxicologie
PHARMACIE
Auteur(s) : Ameline Azam pour le CNITV
Les données récoltées en 2021 par le Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires (CNITV) reviennent sur les « tendances d’intoxication » des animaux de compagnie. Elles confirment ou révèlent certaines orientations sociétales, environnementales et scientifiques.
En 2021, la majorité des appels reçus par le Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires (CNITV) concerne le chien (70 %), pour qui les principales intoxications sont liées à une exposition aux engrais, au chocolat, au cannabis, aux mycotoxines, aux crapauds et aux médicaments humains. Les autres espèces ne sont pas en reste puisque des signalements ont été transmis concernant le chat (23 %), le lapin (3,2 %), le cheval (1,1 %) et enfin les bovins (0,6 %). Ces données concernent les cas d’intoxication certaines. D’autres intoxications, avec des rodenticides anticoagulants par exemple, ont lieu avant l’arrivée de signes cliniques et ne rentrent pas dans ce classement. Dans ce cas, les symptômes n’apparaissent que 48 h après l’exposition et peuvent être évités avec un traitement approprié à la vitamine K1. Ce sont en tout plus de 22 000 appels qui ont été traités sur l’année de référence en provenance de la France métropolitaine, d’outre-mer et de l’étranger (Belgique, Suisse, Luxembourg, Afrique du Nord, Canada et États-Unis). Comme les années précédentes, ces données sont notamment récoltées grâce aux vétérinaires qui contactent le CNITV.
Si les principaux toxiques rencontrés restent globalement les mêmes par rapport aux années précédentes, le CNITV note une augmentation des appels concernant les mycotoxines et le raisin en 2021. Cette tendance peut en partie s’expliquer par une diffusion de plus en plus large de l’information pour ces deux types d’intoxications, qui restaient plutôt méconnues auparavant. Les mycotoxines en cause sont principalement des mycotoxines trémorigènes retrouvées dans les noix moisies ou le compost. Le tableau clinique peut être impressionnant : hypersalivation, tremblements, convulsions… Pour le raisin, le premier cas décrit dans la littérature d’intoxication chez le chien date de 2001. Elle est difficile à appréhender, notamment à cause de la sensibilité individuelle très variable de chaque chien au raisin. Lors de cette intoxication, les troubles rénaux peuvent être fatals. Il est intéressant de noter qu’aucun cas d’intoxication au raisin chez le chat n’a été décrit à ce jour.
Pour les félins, le CNITV reçoit principalement des cas d’intoxication par une plante (lis, dracaena, jonquille…), un antiparasitaire (praziquantel, perméthrine ou milbémycine), un produit de la vie quotidienne classique (huile essentielle, détergents et caustiques), et moins classique (chloralose et cannabis, par exemple). L’essor de l’utilisation des huiles essentielles, tant pour les humains que pour les animaux, entraîne une augmentation de l’exposition, et donc de l’intoxication possible, des chats à ces produits. Les principaux signes cliniques rencontrés lors de ce type d’appel sont des troubles digestifs (hypersalivation, vomissements, anorexie), neurologiques (prostration, ataxie, trémulations musculaires, agitation, mydriase, convulsions), de la dyspnée ainsi qu’une hypo ou une hyperthermie. Le lis est depuis quelques années en tête des cas d’intoxications félines, avec une atteinte rénale parfois mortelle. Les experts du CNITV conseillent une prise en charge immédiate et complète dès qu’une ingestion de n’importe quelle partie de la plante (même le pollen) est soupçonnée.
Une hotline ouverte 7j/7
Récemment certifié ISO 9001:2015, le Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires est ouvert tous les jours de 8 h 30 à minuit. Des permanents et étudiants formés conseillent et répondent aux vétérinaires concernant leurs cas de toxicologie et de pharmacovigilance. Ils sont joignables au 04 78 87 10 40.