Conférence
ANALYSE MIXTE
Auteur(s) : Clothilde Barde
L’assemblée générale de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), qui s’est tenue au siège de l’Office international des épizooties (OIE) à Paris le 5 avril 2022, a été l’occasion de présenter le bilan d’activité de l’association dans le contexte de crise sanitaire de ces dernières années, mais aussi les divers chantiers en cours.
« Pour prévenir la survenue de futures pandémies, la profession vétérinaire va connaître des défis importants pour les années à venir » a indiqué Monique Eloit, directrice générale de l’OIE, en introduction de l’Assemblée générale de la SNGTV qui s’est tenue le 5 avril dernier. À cette occasion, l’offre de formation ainsi que les diverses collaborations techniques mises en œuvre par l’association pour les vétérinaires ruraux français, ont été détaillées. Ainsi, comme l’a indiqué Christophe Brard, président de la SNGTV, « nous déploierons en 2022 un nouveau projet stratégique pour les cinq années à venir, qui permettra de fédérer les vétérinaires impliqués dans les productions animales, pour parfaire leur formation, contribuer au développement de leurs activités, les promouvoir dans leur environnement professionnel et la société civile et les soutenir dans les différents enjeux liés à leur exercice ». Pour cela, l’association propose une offre de formation variée ainsi qu’une nouvelle version du logiciel Vetelevage avec une application mobile,Vetappli, par exemple. « À travers leur représentation technique indépendante, la SNGTV et les groupements techniques vétérinaires (GTV) ont l’opportunité d’être forces de proposition dans les enjeux sociétaux et professionnels en menant des actions en concertation avec les diverses organisations professionnelles existantes » a ajouté le président de la SNGTV. Ainsi, le maintien du maillage vétérinaire en zone rurale, dont la feuille de route a été relancée et validée par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, est un axe majeur de l’action de l’association. Comme l’a noté Bruno Ferreira, directeur général de l’alimentation, il s’agit de « l’affaire de l’État mais également de tous les maillons de l’élevage. Aussi, il faut que l’éleveur comprenne également qu’il s’agit d’une action collective. Dans ce contexte, la SNGTV, avec son rôle d’animatrice, a un rôle essentiel pour mettre en place une communauté de travail, de sens et de valeur permettant les échanges sur les difficultés et les réussites rencontrées ».
L’association est également impliquée dans la mise en place de la loi portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne (loi DDADUE) 1, qui permet aux collectivités territoriales de financer des projets aux bénéfices des entreprises vétérinaires et des étudiants. Le comité de pilotage des « diagnostics et plans d’actions territoriaux », à venir dans six zones, a d’ailleurs suscité une véritable dynamique à laquelle la SNGTV a été associée, a noté le président de la SNGTV. Par ailleurs, l’association interviendra également sur la révision du décret de 2007 (prescription hors examen clinique), la redéfinition du suivi sanitaire permanent des élevages, la contractualisation éleveur/vétérinaire, l’élaboration d’un nouveau décret sur la télémédecine, la réflexion sur les conditions de délégation d’actes aux auxilliaires vétérinaires, l’évolution des visites sanitaires obligatoires et de la biologie vétérinaire. Selon lui, « il s’agit donc d’une feuille de route conséquente, avec une implication des vétérinaires en productions animales qui dépasse le seul domaine de la santé et du BEA, en s’intéressant à l’ensemble des services rendus aux éleveurs, notamment en matière de sécurité sanitaire des aliments, de santé publique/environnementale et de dynamisme des espaces ruraux ». « Il en va de la bonne gouvernance sanitaire de notre pays, car le partenariat public-privé ne peut plus être efficient sans vétérinaires en territoires ruraux » a ajouté Christophe Brard. En outre, en ce qui concerne le médicament vétérinaire, les mesures du Plan Écoantibio 3, qui s’appliquera en 2023, se préparent et l’association poursuit son implication dans le réseau de phyto-aromathérapie (RéPAAS) afin de former et d’informer un maximum de vétérinaires pour répondre aux attentes des éleveurs. Des actions de pharmacovigilance, d’accompagnement des vétérinaires prescripteurs dans l’adaptation de la réglementation française au nouveau règlements européens relatifs aux médicaments vétérinaires et aux aliments médicamenteux, ainsi que de veille relative à la disponibilité du médicament vétérinaire sont également menées.
À la demande de la Direction générale de l'alimentation (DGAL), l’association travaille sur autre sujet majeur : les conséquences de la Loi de santé animale (LSA) sur l’activité des vétérinaires, notamment en termes de gestion des maladies d’élevage. L’avenir et le contenu des visites sanitaires obligatoires (VSO) au regard des dispositions de la LSA seront redéfinis. L’objectif de la SNGTV est de contribuer à la rénovation du dispositif de gouvernance sanitaire national afin de le simplifier. Comme l’a rappelé Christophe Brard, les missions confiées par l’État aux vétérinaires habilités devraient être étendues au bien-être animal, à la biosécurité, à la sécurité sanitaire des aliments et à l’épidémiosurveillance. L’association est également engagée dans la mise en place de plans de préventions et de lutte contre les dangers sanitaires réglementés (tuberculose, influenza aviaire, fièvre catarrhale ovine, rhinotrachéite infectieuse bovine, BVD/MD, peste porcine africaine) et contre les maladies enzootiques (rhinotrachéite infectieuse bovine, BVD, besnoitiose, paratuberculose, fièvre Q, gale ovine, hypodermose bovine et arthrite encéphalite virale caprine). Comme l’a indiqué Bruno Ferreira, « les programmes sanitaires d'intérêt collectif (PSIC) doivent devenir des outils à saisir et une prise de conscience des éleveurs sur le rôle du vétérinaire dans la gestion des maladies, comme la tuberculose ou la FCO, est essentiel ». En ce qui concerne le bien-être animal, l’association souhaite que les vétérinaires se forment pour être capables de réaliser des analyses de risques en élevage, d’accompagner les éleveurs pour la mise en place d’actions correctives et de démarches de qualification. Enfin, la collaboration avec le Ministère de la transition écologique, dans le cadre du Plan national d’action en faveur des milieux humides, se poursuit afin de former les professionnels pour la gestion sanitaire des troupeaux (utilisation raisonnée des antiparasitaires) et l’association souhaite intégrer les vétérinaires praticiens dans les dispositifs de surveillance des maladies de la faune sauvage.
Les organisations vétérinaires à vocation technique (OVVT) et sanitaires (OVS) dans la nouvelle gouvernance sanitaire
Virginie Alavoine
Cheffe du service des actions sanitaires, direction générale de l'alimentation
Notre objectif est que les différents acteurs de terrain impulsent des initiatives sanitaires en s’appuyant sur nos services ainsi que sur les délégataires de terrain (OVS et OVVT), les collectivités et tous les réseaux et comités régionaux qui existent. En 2021, de grosses avancées législatives ont eu lieu, telle que la parution de l’ordonnance de la loi de santé animale (LSA). Dans ce cadre, les OVVT peuvent jouer un rôle d’expertise dans la construction de ces programmes au côté des acteurs professionnels. La volonté est de recentrer l’action de l’État sur les dangers sanitaires économiques majeurs et émergents. Nous souhaitons insister sur le fait que même si le sanitaire est obligatoire, ce n’est pas une contrainte, l’objectif est de protéger et d’améliorer la performance sanitaire de notre production.
Naissance d’une section buiatrie à la SNGTV ?
La SNGTV s’implique dans le projet de re-création d’une Société française de buiatrie (World Animal for buiatrics), membre de l’Association mondiale de buiatrie (WAB 1), En effet, comme l’ont indiqué Philippe Camuset et Olivier Salat, pilotes du projet, « afin d’améliorer notre qualité de soin et de diagnostic de pathologies émergentes, de développer des contacts internationaux avec des chercheurs et de contribuer au rayonnement international de l’association, il est important de faire renaître ce fleuron de la buiatrie française qui avait déposé le bilan en 2021 ».