Fièvre isolée : l’outil épidémiologique - La Semaine Vétérinaire n° 1943 du 06/05/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1943 du 06/05/2022

Médecine interne

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Marine Neveux

D’après l’intervention d’Isabelle Desjardins, directrice adjointe à la clinique équine à Vetagro Sup, sur les fièvres isolées présentée le 25 novembre 2021 lors des 6es Rencontres du Respe (réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine) à Caen (Calvados).

Quels outils est-il possible d’utiliser au moment de la détection de l’hyperthermie isolée ? interroge la professeure Isabelle Desjardins en introduction de son intervention. Fièvre ou hyperthermie n’est pas synonyme d’infection, il faut donc trouver des arguments pour aller dans le sens de l’infection ou pas détaille-t-elle. « On raisonnera sur des histoires de probabilité en essayant d’augmenter l’index de suspicion clinique avec des outils simples : observer, chercher, répéter, développer des clés et surtout refuser les “recettes”, et accepter d’avoir tout faux ».

L’enquête épidémiologique est donc le premier outil. Est-ce que l’on a plusieurs cas ou est-ce vraiment une fièvre isolée pour le cheval ? Est-ce une épizootie ?

Il est important de poser la question s’il y a eu une introduction récente de nouveaux individus. Un équidé introduit dans un effectif peut disséminer de façon silencieuse le Streptocoque equi equi de la gourme par exemple. Y a-t-il eu un transport long dans un milieu chaud et humide ? Des vecteurs potentiels ont-ils été retrouvés, si ce n’est dans les jours qui précèdent, peut-être à plus longue échéance ? Des changements récents sont-ils intervenus dans l’alimentation, y a-t-il eu exposition à des plantes, un changement de pré ? Tout simplement, une maladie récente donnera-t-elle des éléments particuliers pour renforcer la suspicion clinique ? Est-ce qu’il y a eu des avortements dans les élevages ; quels ont été les traitements administrés ? « Quand il y a de l’automédication, répétée par le détenteur, cela peut masquer des signes et fausser le tableau pour le vétérinaire. »

Exemple de l’anaplasmose : il y a une différence d’expression clinique : un cheval de moins de un an n’est souvent pas trop affecté (fièvre isolée légère ou subclinique, ou même indétectable), La population des chevaux de 1 à 4 ans aura une fièvre légère mais qui s’accompagne de dépression, et dans la plupart des cas des œdèmes déclives et éventuellement des petites pertes d’équilibre. Enfin, chez les chevaux de plus de 4 ans, l’expression clinique pourra être beaucoup plus marquée avec des symptômes amplifiés : des œdèmes et pertes d’équilibre beaucoup plus sévères, et des pétéchies et un ictère.

Exemple de la leptospirose : sous réserve de la question : est-elle clinique ou subclinique ? Un nouveau-né mourra très facilement de leptospirose, à cet âge, on observe une mortinatalité élevée, faiblesse, ictère, hématurie. Un jeune foal peut avoir une forme pulmonaire avec des hémorragies massives qui entraînera le décès, dans de plus rares cas avec de la diarrhée. Une jument gestante va typiquement avorter et/ou avoir une uvéite. Chez un jeune cheval ou un adulte, il peut exister beaucoup plus de formes dites subcliniques, mais nous ne sommes finalement pas très certains de la relation de cause à effet, entre des anticorps présents chez ce cheval et les symptômes détectés (baisse de forme, de performance, augmentation de l’activité des enzymes hépatique, ou dans des cas beaucoup plus rares, une insuffisance rénale aiguë ou une uvéite très aiguë).

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