Le régime végan, vraiment meilleur pour les chiens ? - La Semaine Vétérinaire n° 1943 du 06/05/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1943 du 06/05/2022

Alimentation

ANALYSE CANINE

Auteur(s) : Par Charlotte Devaux

Une étude publiée le 13 avril 2022 dans Plos One et relayée dans Le Parisien affirme que les « chiens végans » seraient en meilleure santé que les autres. Cette étude faite par un chercheur végan et financée par l’organisation ProVeg international comporte de nombreux biais. Tour d’horizon.

L’adage « corrélation n’est pas causalité » pourrait résumer toutes les conclusions de cet article. Autrement dit : il est possible d’avoir une association statistiquement significative sans pour autant qu’il y ait de lien de cause à effet direct. Ainsi comme l’explique Loïc Desquilbet, professeur en biostatistique à l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA), « la recherche statistique de l’association entre le fait d’avoir les cheveux gris et de l’arthrose serait significative, avec une plus-value supérieure à 0,05 et pourtant ce ne sont pas les cheveux gris qui provoquent l’arthrose, mais bien l’âge qui est un facteur de confusion ».

Selon les résultats de l’étude, les aliments conventionnels seraient davantage liés aux problèmes gastro-intestinaux, musculosquelettiques, de mobilité, dentaires, de glandes anales, de surpoids, comportementaux et hormonaux (diabète, hypothyroïdie, cushing). Or, quel est le lien entre les problèmes de glandes anales, de comportement, les maladies hormonales et la nourriture ? Aucun. Alors que ces affections ont des prédispositions raciales. Ces races seraient-elles plus représentées dans l’échantillon nourri avec un aliment conventionnel ? Nous ne le saurons pas, car ce critère n’a pas été étudié.

Si les aliments conventionnels sont associés au surpoids, il est logique qu’ils soient associés à plus de problèmes musculosquelettiques et de mobilité. Les aliments traditionnels étant victimes de la mode du sans-céréales, ils sont souvent plus pauvres en glucides mais très caloriques. À l’inverse, les aliments végans sont souvent hypocaloriques, générant beaucoup moins de surpoids et donc de problèmes ostéoarticulaires et de mobilité. Ce n’est pas ici le fait d’être végan qui est différenciant mais la densité énergétique. Pour exclure ce facteur confondant il faudrait comparer des aliments végans et carnés à densité énergétique identique.

Dans cette étude, les régimes végans sont associés à un parasitisme plus important. Le facteur de confusion est en l’occurrence le fait que les propriétaires végans sont moins enclins à traiter les parasites. Dans l’ensemble, le pourcentage de chiens n’ayant pas été examinés par un vétérinaire l’année précédente est de 12 % pour ceux ayant un régime conventionnel, 16 % pour ceux ayant un régime végan et 27 % pour ceux nourris à la viande crue.

Étonnamment, l’étude ne commente pas le plus grand nombre de problèmes cardiaques constatés chez les « animaux végans ». C’est pourtant un des résultats le plus directement lié à la nourriture via la suspicion croissante de facteurs toxiques présents dans les légumineuses. Ainsi les aliments végans riches en légumineuses pourraient contenir des facteurs antinutritionnels comme les lectines, ayant une répercussion sur la fonction cardiaque de certains individus. Il faudrait ici comparer avec des régimes carnés contenant des légumineuses.