Soins intensifs
FORMATION CANINE
Auteur(s) : Tarek Bouzouraa
Les péritonites septiques chez le chat constituent un motif de prise en charge d’urgence viades soins intensifs assurant une survie limitée (entre 20 et 70 % selon les structures). L’étude publiée la plus volumineuse (83 cas) a suggéré des paramètres pronostiques péjoratifs (hyperglycémie, antibiothérapie inadaptée et hypocalcémie persistante). Une étude récente* menée au Royaume-Uni rapporte des données robustes relatives à la prise en charge des péritonites septiques chez 95 chats.
Des signes peu spécifiques, une fièvre rare
Les chats sont inclus rétrospectivement dans 10 centres anglais, durant une période de 10 ans (2008-2018), dès lors que les principaux paramètres cliniques et biologiques envisagés comme potentiels facteurs pronostiques sont disponibles pour une évaluation statistique (albuminémie, glycémie, lactatémie, calcémie ionisée, épisode d’hypotension intra-opératoire et type d’antibiothérapie employée). Les 95 chats inclus présentent majoritairement des signes peu spécifiques tels qu’un abattement (89 %), une anorexie (75 %), tandis qu’une douleur abdominale (44 %) et des vomissements (27 %) sont plus rares. Ces informations contrastent avec l’espèce canine, chez qui les signes viscéraux prédominent (le plus souvent : douleur abdominale). L’hyperthermie est rarement rencontrée, tandis que quelques chats présentent une hypothermie associée à leur état de choc septique.
Deux tiers des chats survivent
La contamination provient majoritairement d’une fuite digestive (48/95 cas représentant 51 % de la population). Les chats admis avec une masse abdominale n’ont pas un plus mauvais pronostic de survie. Les chats repris chirurgicalement suite à une première entérotomie ou entérectomie n’ont pas un pronostic péjoré, en comparaison avec ceux présentés pour d’autres raisons. Le pronostic de survie générale est d’environ 66 % pour l’ensemble de la population. L’analyse univariée des facteurs pronostiques péjoratifs révèle que seules l’hypoalbuminémie et l’hypotension durant la procédure opératoire sont associées à un risque accru de décès. L’analyse multivariée conforte le fait que seule la survenue d’une hypotension est finalement pronostique du risque augmenté de décès durant la prise en charge. Les chats qui survivent plus de 1 jour ont une survie améliorée (87,5 %), tandis que ceux qui survivent au-delà de 6 jours sont tous rendus à leur propriétaire avec 100 % de survie immédiate.
L’antibiothérapie a moins d’impact que l’acte chirurgical
La majorité des contaminants isolés par culture bactériologique sont des bactéries à Gram négatif (ce qui correspond aux données de la littérature). Ces dernières ne semblent pas présenter d’antibiorésistance spécifique et le choix des molécules antibiotiques employées ne semble pas interférer avec le pronostic. Il est utile de noter que l’adjonction d’une fluoroquinolone au plan thérapeutique n’améliore pas le pronostic, probablement car les cas sélectionnés ont presque tous reçu une prise en charge chirurgicale avec un lavage intensif et un débridement exhaustif, ne laissant qu’un minimum de matériel nécrotique et infecté dans la cavité abdominale après la procédure. Ces observations soulignent que les soins opératoires sont déterminants et primordiaux et qu’ils peuvent éviter le recours à des antibiotiques critiques, de surcroît lorsque la réglementation appelle à maîtriser leur prescription, comme c’est le cas en France.