Salmonella et Campylobacter montrent des niveaux de résistance élevés - La Semaine Vétérinaire n° 1946 du 27/05/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1946 du 27/05/2022

Bactéries zoonotiques

PHARMACIE

Auteur(s) : Michaella Igoho-Moradel

Les bactéries Campylobacter chez l’homme et dans la volaille continuent de montrer une résistance très élevée à la ciprofloxacine, selon un rapport publié par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).

Dans leur traditionnel rapport, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) se penchent sur les cas de zoonoses en Europe. Cette année, dans ce document publié fin mars, ils constatent que la résistance aux antibiotiques des bactéries Salmonella et Campylobacter reste élevée. Les données étudiées proviennent de poulets de chair, de poules pondeuses et de dindes, ainsi que d’échantillons de carcasses ou de viande.

La campylobactériose, la zoonose la plus rapportée dans l’UE

Le rapport revient sur le bilan des activités de surveillance des zoonoses menées en 2020 dans les 27 États membres. Ces données concernent les isolats de Salmonella, Campylobacter et les isolats d’E. coli indicatrices, ainsi que des données issues de la surveillance spécifique des isolats d’E. coli présumées productrices de ß-lactamase à spectre étendu (BLSE). Les conclusions du rapport indiquent que les bactéries Campylobacter provenant de l’homme et de la volaille continuent de présenter une résistance très élevée à la ciprofloxacine, un antibiotique de la famille des fluoroquinolones, couramment utilisé pour traiter certains types d’infections bactériennes humaines. La campylobactériose était en effet la zoonose la plus rapportée dans l’Union européenne en 2020 et la cause de maladie d’origine alimentaire la plus fréquemment signalée. Globalement, des tendances croissantes de résistance aux fluoroquinolones chez l’homme et les poulets de chair sont observées pour Campylobacter jejuni. « Chez Salmonella enteritidis, le type de Salmonella le plus courant chez l’homme, des résistances à la classe d’antibiotiques quinolone et fluoroquinolone se font croissantes. Chez les animaux, la résistance à ces antibiotiques chez C. jejuni et S. Enteritidis était généralement modérée à élevée. »

Une baisse de la résistance aux tétracyclines

Mais malgré ces tendances, les autorités européennes notent que la résistance simultanée à deux antibiotiques d’importance critique reste faible pour E. coli, Salmonella et Campylobacter présentes chez l’homme et chez les animaux destinés à l’alimentation. « Une baisse de la résistance aux tétracyclines et à l’ampicilline à la Salmonella chez l’homme a été observée, respectivement, sur la période 2016 à 2020, et cela était particulièrement évident chez Salmonella typhimurium.» Aussi, dans plus de la moitié des pays de l’UE, une tendance statistiquement significative vers une diminution de la prévalence d’ E. coli producteurs de β-lactamases à spectre étendu (BLSE) chez les animaux producteurs d’aliments a été observée. Même constat pour la résistance aux carbapénèmes qui reste extrêmement rare chez E. coli et Salmonella provenant d’animaux producteurs d’aliments.

Un suivi sanitaire impacté par la crise de Covid-19

Contrairement aux années précédentes, trois pays n’ont pas été en mesure de communiquer leurs données en raison de la crise sanitaire de Covid-19 et son impact sur l’activité des laboratoires. Cela a aussi été le cas pour le Royaume-Uni qui a quitté l’Union européenne, tandis que la Suède a communiqué pour la première fois des données sur la résistance de Campylobacter. La pandémie a également influencé le nombre d’isolats relevés par les États. Pour tous les pays sauf deux (le Danemark et la France), le nombre d’isolats signalés a chuté en 2020, allant par pays de 11 % à 91 % d’isolats en moins par rapport à 2019.