Médecine interne
FORMATION MIXTE
Auteur(s) : Marine Neveux D’après l’intervention d’Isabelle Desjardins, directrice adjointe à la clinique équine à VetAgro Sup, sur les fièvres isolées présentée le 25 novembre 2021 lors des Sixièmes Rencontres du Respe (réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine) à Caen (Calvados).
L’enquête épidémiologique est le premier outil face à une fièvre (lire La Semaine vétérinaire n°1943), mais bien d’autres, complémentaires, sont à la disposition du vétérinaire.
Le schéma d’hyperthermie
Réaliser une courbe de température est capital, martèle Isabelle Desjardins. Si le cheval a une franche hyperthermie (40 °C et plus) et qu’elle persiste pendant 3 à 5 jours, on suppose typiquement une infection virale, éventuellement de gourme, d’anaplasmose ou de leptospirose, mais l’hypothèse principale reste une affection virale.
Si la courbe de température présente une amplitude moyenne et une prédisposition à monter plutôt en fin de journée, statistiquement il s’agira plutôt d’une infection bactérienne modérée.
Si l’hyperthermie est haute et peu « consistante », la fièvre peut indiquer une piroplasmose aiguë, des néoplasmes, une infection bactérienne sévère.
Le schéma d’hyperthermie est aussi intéressant à évaluer chez d’autres chevaux, particulièrement ceux qui sont en contact nez à nez. Idéalement, on surveille la température matin et soir. Il faut aussi surveiller les chevaux nouvellement introduits : ces derniers sont possiblement porteurs sains asymptomatiques.
Les probabilités comme outil
La probabilité étiologique pose la question : se trouve-t-on dans une zone endémique ou non ? En termes de probabilité organique, on classe ainsi la probabilité d’affection des organes : en premier lieu respiratoire, en second sanguin, puis digestif, enfin, celle des autres, comme musculosquelettique, urinaire, cardiaque, reproductive, neurologique, etc.
Une approche globale
Tout ce que l’on peut utiliser pour augmenter notre index de suspicion est utile : les yeux pour voir, les oreilles pour écouter, le nez pour sentir, les doigts pour palper ! L’expression clinique dépend de plusieurs facteurs qu’il faut essayer d’affiner, comme la naïveté de l’équidé par rapport à l’agent pathogène, la charge infestante, la présence de maladies conjointes ou de désordres immunitaires, la virulence de la souche, ainsi que l’activité du cheval (quand son activité est stressante, plus d’hormones de stress sécrétées ont des effets sur sa compétence immunitaire). Ainsi l’expression clinique varie en fonction de ces facteurs.
Il est important de s’intéresser aux signes cliniques discrets : un ictère peut suggérer que le cheval ne mange plus (subictère) ou peut être le signe d’appel d’une hémolyse. Il est ainsi utile de contrôler les muqueuses buccales, nasales et de la vulve et de rechercher des pétéchies.
Appareil respiratoire : il convient de bien contrôler les nœuds lymphatiques mandibulaires. Le jetage nasal est souvent discontinu, il peut être purulent (ce qui ne signifie pas automatiquement une infection, même si cela augmente l’indice de suspicion). On observe la fréquence respiratoire. La toux peut être intermittente (il est donc utile d’interroger l’entourage). Il est intéressant de faire un test d’hyperventilation forcée.
L’appareil digestif est à observer : silence ou hyperactivité ? Il faut prêter attention à d’éventuels signes d’appel de péritonite.
Système nerveux : on regarde les changements de comportement, le degré de vigilance, les dysfonctionnements de nerfs crâniens, une posture inhabituelle, une ataxie, des fasciculations musculaires et une hyperesthésie, et recherche des plaies suite à des convulsions.
Autres systèmes : on s’intéresse aux urines, on recherche des arythmies et souffles, des œdèmes déclives, on observe la vascularisation. On peut aussi avoir des hyperémies conjonctivales, des signes dermatologiques (érosions buccales, urticaire).