Politique
ANALYSE GENERALE
Auteur(s) : PAR CHANTAL BÉRAUD
Plusieurs vétérinaires mènent campagne pour les élections législatives, dont certains ont choisi l’étiquette du Parti animaliste. Les relations entre hommes et animaux font leur percée dans les programmes politiques de tous bords, mais seul ce parti en fait sa base de référence. Témoignages de quatre vétérinaires qui se présentent aux élections.
Toujours, il a été indigné par « la cruauté humaine envers les bêtes ». Mais jamais, jusqu’à présent, la politique ne le tentait vraiment : « À bientôt 60 ans, mon observation de ces dernières décennies me conduisait en effet plutôt à penser que l’engagement en temps de paix en politique ne nécessite ni véritable courage, ni l’obligation de tenir sa parole, ni même d’avoir des idéaux ! » Ses adversaires ne pourront jamais reprocher à l’auteur de ces propos, Thierry Bedossa (A89) son manque de franchise. Mais alors docteur, pourquoi diable représentez-vous aujourd’hui le Parti animaliste, pour les législatives 2022, dans l’Oise (4e circonscription) ? « Avant de m’installer en tant que vétérinaire à Neuilly-sur-Seine et de m’occuper – entre autres – de la SPA et d’un refuge (association AVA), j’avais étudié en Amérique du Nord. C’est là que j’ai pour la première fois découvert les théories animalistes, qui font aujourd’hui leur apparition en Europe ».
Stop au bla-bla-bla ?
Donc, après la percée « surprise » à l’échelle européenne du Parti animaliste (2,2 % des voix en 2019), Thierry Bedossa a d’abord réalisé une vidéo de soutien à l’avocate Hélène Thouy (qui n’a pas obtenu ses 500 parrainages pour les présidentielles françaises), puis a décidé d’en devenir candidat pour les législatives. Pourquoi ? « Parce qu’après 35 ans d’actions en faveur de la protection animale, j’observe que rien ne change dans la pratique. Par exemple, il y a toujours plus d’animaux utilisés en expérimentation. En bref, que du bla-bla-bla : nous laissons toujours les questions de profit l’emporter, en assimilant le vivant à une simple marchandise ». Le voilà donc actuellement engagé dans une campagne avant tout digitale, car, explique-t-il, « le Parti animaliste est encore tout petit : c’est l’outsider complet ! Il n’a pratiquement pas de moyens financiers. Je fais donc une campagne quasi virtuelle, en étant cantonné d’office à une semi-marginalité ».
À l’État d’investir dans un « Nouveau Monde »
Rêvons quand même un peu, lui, député, que prendrait-il comme premières mesures ? « Aucune. D’abord, je ferais le tour de tous mes collègues parlementaires et j’essayerais de réunir tous les acteurs pour échanger sur différents sujets. Par exemple, en matière d’agriculture, il faudrait faire dialoguer ensemble : politiques, agriculteurs, la filière agroalimentaire pour voir quelles sont les possibilités de transformations sur lesquelles il serait possible de s’accorder, à échéance des cinq dix ans à venir. Parvenir par exemple à quitter le système actuel d’élevage intensif corrélé à un système d’abattoirs centralisé serait une avancée majeure. Mais il faudrait l’aide de l’État pour investir dans ce qui serait ce “Nouveau Monde” ».
Oui à des recherches alternatives
L’État lui-même aurait une « marge de progression énorme, estime Thierry Bedossa. Par exemple, la moitié des expériences animales sont réalisées par le secteur public, pour le compte du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche ainsi que par des laboratoires publics… Or il pourrait exister des alternatives, des universités étrangères faisant par exemple déjà des recherches sur des organoïdes ».
QUESTIONS À JEAN-PIERRE COQUELET (T78)
« Avec le soutien du Dr Michel Klein, je m’engage ! »
Praticien à Marcoussis, Jean-Pierre Coquelet est candidat aux législatives dans l’Essonne (4e circonscription).
Pouvez-vous nous décrire votre carrière d’expatrié ?
Jeune vétérinaire, je me rêvais en Daktari. J’ai toujours eu un intérêt pour la vie, l’envie de « réparer » tout ce qui bouge… Mais l’expérience m’a ensuite enseigné en particulier qu’on ne soigne que peu les animaux sauvages : un lion blessé dans la nature est souvent un lion mort… Ah, j’oubliais de vous dire : j’ai aussi un intérêt pour l’eau ! Avec mon DEA en Océanographie biologique, j’ai passé mon service civique à la Réunion, j’ai été vétérinaire responsable de la Ferme des tortues. Et durant mes six ans en Côte d’Ivoire, j’ai participé à un projet d’aquaculture lagunaire à Abidjan.
Depuis 22 ans, vous travaillez de nouveau en France ?
Oui, mais toujours avec un profil atypique ! J’exerce en effet aussi en biothérapies, en ostéopathie, en oligothérapie, en phytothérapie… Et je parle constamment à mes clients de mon intérêt pour l’environnement. Je prends tout le temps pour essayer de leur expliquer certains des problèmes qui m’apparaissent fondamentaux. Mon engagement au parti animaliste coulait donc de source.
Pourquoi ne pas vous engager plutôt chez les Verts ?
Parce que je leur préfère le Parti animaliste qui, lui, est transpartisan et monothématique sur la protection animale. J’ai d’ailleurs eu l’heureuse surprise d’apprendre que Michel Klein me soutenait moralement dans mon engagement pour ce parti.
Quels combats aimeriez-vous le plus mener ?
Je souhaite par exemple que les « exploitants » agricoles redeviennent des paysans, respectueux d’une terre vivante… L’élevage industriel est aussi pour moi une aberration : témoins par exemple les millions de volailles récemment abattues durant la crise aviaire ! Revenons enfin à des dimensions de cheptels raisonnables. Par ailleurs, j’aimerais également lutter contre l’incroyable gaspillage alimentaire qui a encore lieu à tous les niveaux. C’est notre société entière qui a besoin d’être éduquée à un meilleur respect de la vie.
Votre métier de vétérinaire peut-il vous aider à être un bon élu ?
Oui, je pense que les vétérinaires devraient davantage être des lanceurs d’alerte sur divers sujets, même si je reconnais que c’est compliqué. Nous avons aussi un rôle important à jouer au niveau local, notamment pour tout ce qui concerne la gestion de l’animal en ville : stérilisation des chats, lutte contre la maltraitance animale, etc. En gardant en tête, avec humour, que les humains sont des animaux comme les autres !
QUESTIONS À CHRISTOPHE BLANCKAERT (L91)
Praticien à Boulogne-sur-Mer et candidat dans la 5e circonscription du Pas-de-Calais
« S’engager en politique, c’est sortir de sa zone de confort ! »
À quels sujets locaux réfléchissez-vous ?
Comme je suis implanté depuis 25 ans sur le territoire boulonnais, les questions liées à la pêche m’interpellent naturellement. Comme revenir à une pêche artisanale durable, grâce à des aides à la conversion. Je m’intéresse également au système de fourrière intercommunale, car je trouve scandaleux que trois quarts des chats qui y arrivent finissent euthanasiés. Sans parler des chiens de certaines catégories qui subissent le même sort alors qu’un tout autre système devrait être mis en place afin d’identifier les animaux réellement dangereux, grâce notamment à une véritable expertise animale comportementale et un réel suivi avec des éducateurs canins… Dans un tout autre ordre d’idée, introduire davantage de végétaux dans notre alimentation me paraît également primordial, avec pourquoi pas des cours de cuisine végétale dans les écoles. Il faudrait aussi davantage y former les employés des cantines scolaires, des collectivités…
Y a-t-il cependant des questions « animales » qui vous interrogent ?
Oui, par exemple, j’ai déjà manifesté contre la présence d’animaux dans les cirques, mais doit-on ou non aller plus loin en y interdisant aussi les chevaux ? Il n’est en revanche pas au programme du Parti animaliste de supprimer l’équitation de loisirs, cependant l’utilisation du cheval à des fins commerciales (notamment dans les courses) pose des questions, notamment si on évoque tous les problèmes de dopage qui y sont parfois liés.
Pourquoi si peu de vétérinaires s’engagent-ils actuellement en politique ?
S’engager en politique, c’est sortir de sa zone de confort ! C’est même aller assurément au-devant de problèmes. Mais quand on veut protéger les animaux, on a envie de militer. Et puis, si l’on parvenait à diminuer ou à éliminer certaines des aberrations liées à l’élevage industriel, je suis certain qu’on aurait à la fois des agriculteurs et des vétérinaires davantage heureux.
Pourquoi une adhésion auprès du Parti animaliste précisément ?
Quand je me suis rendu il y a quelques années aux premières assises de l’animal de compagnie, j’ai eu l’occasion d’y rencontrer des militants de ce parti. Parmi eux, il y avait des juristes, des avocats, des philosophes. Je me suis demandé où étaient les vétérinaires ? J’y ai donc adhéré il y a trois ans, car je trouve très intéressant de constituer un réseau qui intègre des profils et des connaissances variés.
Le monde politique français vous semble-t-il ouvert ?
Non, au contraire, il est en particulier verrouillé par des lobbys et par des barons locaux de la politique. Par exemple, il y a des maires qui n’ont pas osé accorder leur parrainage à tel ou tel candidat pour la présidentielle, car ils savaient qu’ils risquaient de se voir « sucrer » certaines subventions locales s’ils agissaient ainsi.
Quels sont vos espoirs pour ces législatives ?
Le Parti animaliste est encore tout petit ! Mais le fait qu’on existe a déjà je pense poussé d’autres candidats à s’emparer de certaines de nos questions. Sur mon territoire, je ne pense pas gagner, mais j’espère au moins y conforter notre présence.
QUESTIONS À JEAN-PIERRE COQUELET (T78)
« Avec le soutien du Dr Michel Klein, je m’engage ! »
Praticien à Marcoussis, Jean-Pierre Coquelet est candidat aux législatives dans l’Essonne (4e circonscription).
Pouvez-vous nous décrire votre carrière d’expatrié ?
Jeune vétérinaire, je me rêvais en Daktari. J’ai toujours eu un intérêt pour la vie, l’envie de « réparer » tout ce qui bouge… Mais l’expérience m’a ensuite enseigné en particulier qu’on ne soigne que peu les animaux sauvages : un lion blessé dans la nature est souvent un lion mort… Ah, j’oubliais de vous dire : j’ai aussi un intérêt pour l’eau ! Avec mon DEA en Océanographie biologique, j’ai passé mon service civique à la Réunion, j’ai été vétérinaire responsable de la Ferme des tortues. Et durant mes six ans en Côte d’Ivoire, j’ai participé à un projet d’aquaculture lagunaire à Abidjan.
Depuis 22 ans, vous travaillez de nouveau en France ?
Oui, mais toujours avec un profil atypique ! J’exerce en effet aussi en biothérapies, en ostéopathie, en oligothérapie, en phytothérapie… Et je parle constamment à mes clients de mon intérêt pour l’environnement. Je prends tout le temps pour essayer de leur expliquer certains des problèmes qui m’apparaissent fondamentaux. Mon engagement au parti animaliste coulait donc de source.
Pourquoi ne pas vous engager plutôt chez les Verts ?
Parce que je leur préfère le Parti animaliste qui, lui, est transpartisan et monothématique sur la protection animale. J’ai d’ailleurs eu l’heureuse surprise d’apprendre que Michel Klein me soutenait moralement dans mon engagement pour ce parti.
Quels combats aimeriez-vous le plus mener ?
Je souhaite par exemple que les « exploitants » agricoles redeviennent des paysans, respectueux d’une terre vivante… L’élevage industriel est aussi pour moi une aberration : témoins par exemple les millions de volailles récemment abattues durant la crise aviaire ! Revenons enfin à des dimensions de cheptels raisonnables. Par ailleurs, j’aimerais également lutter contre l’incroyable gaspillage alimentaire qui a encore lieu à tous les niveaux. C’est notre société entière qui a besoin d’être éduquée à un meilleur respect de la vie.
Votre métier de vétérinaire peut-il vous aider à être un bon élu ?
Oui, je pense que les vétérinaires devraient davantage être des lanceurs d’alerte sur divers sujets, même si je reconnais que c’est compliqué. Nous avons aussi un rôle important à jouer au niveau local, notamment pour tout ce qui concerne la gestion de l’animal en ville : stérilisation des chats, lutte contre la maltraitance animale, etc. En gardant en tête, avec humour, que les humains sont des animaux comme les autres !
QUESTIONS À CHRISTOPHE BLANCKAERT (L91)
Praticien à Boulogne-sur-Mer et candidat dans la 5e circonscription du Pas-de-Calais
« S’engager en politique, c’est sortir de sa zone de confort ! »
À quels sujets locaux réfléchissez-vous ?
Comme je suis implanté depuis 25 ans sur le territoire boulonnais, les questions liées à la pêche m’interpellent naturellement. Comme revenir à une pêche artisanale durable, grâce à des aides à la conversion. Je m’intéresse également au système de fourrière intercommunale, car je trouve scandaleux que trois quarts des chats qui y arrivent finissent euthanasiés. Sans parler des chiens de certaines catégories qui subissent le même sort alors qu’un tout autre système devrait être mis en place afin d’identifier les animaux réellement dangereux, grâce notamment à une véritable expertise animale comportementale et un réel suivi avec des éducateurs canins… Dans un tout autre ordre d’idée, introduire davantage de végétaux dans notre alimentation me paraît également primordial, avec pourquoi pas des cours de cuisine végétale dans les écoles. Il faudrait aussi davantage y former les employés des cantines scolaires, des collectivités…
Y a-t-il cependant des questions « animales » qui vous interrogent ?
Oui, par exemple, j’ai déjà manifesté contre la présence d’animaux dans les cirques, mais doit-on ou non aller plus loin en y interdisant aussi les chevaux ? Il n’est en revanche pas au programme du Parti animaliste de supprimer l’équitation de loisirs, cependant l’utilisation du cheval à des fins commerciales (notamment dans les courses) pose des questions, notamment si on évoque tous les problèmes de dopage qui y sont parfois liés.
Pourquoi si peu de vétérinaires s’engagent-ils actuellement en politique ?
S’engager en politique, c’est sortir de sa zone de confort ! C’est même aller assurément au-devant de problèmes. Mais quand on veut protéger les animaux, on a envie de militer. Et puis, si l’on parvenait à diminuer ou à éliminer certaines des aberrations liées à l’élevage industriel, je suis certain qu’on aurait à la fois des agriculteurs et des vétérinaires davantage heureux.
Pourquoi une adhésion auprès du Parti animaliste précisément ?
Quand je me suis rendu il y a quelques années aux premières assises de l’animal de compagnie, j’ai eu l’occasion d’y rencontrer des militants de ce parti. Parmi eux, il y avait des juristes, des avocats, des philosophes. Je me suis demandé où étaient les vétérinaires ? J’y ai donc adhéré il y a trois ans, car je trouve très intéressant de constituer un réseau qui intègre des profils et des connaissances variés.
Le monde politique français vous semble-t-il ouvert ?
Non, au contraire, il est en particulier verrouillé par des lobbys et par des barons locaux de la politique. Par exemple, il y a des maires qui n’ont pas osé accorder leur parrainage à tel ou tel candidat pour la présidentielle, car ils savaient qu’ils risquaient de se voir « sucrer » certaines subventions locales s’ils agissaient ainsi.
Quels sont vos espoirs pour ces législatives ?
Le Parti animaliste est encore tout petit ! Mais le fait qu’on existe a déjà je pense poussé d’autres candidats à s’emparer de certaines de nos questions. Sur mon territoire, je ne pense pas gagner, mais j’espère au moins y conforter notre présence.
Constance Godest (Espagne 2018)
Candidate dans la première circonscription du Nord.
Nous sommes au croisement des intérêts des humains, des animaux et de l’environnement
Sous la bannière politique du Parti animaliste, mon rôle n’est nullement de favoriser les animaux au détriment des êtres humains. Par exemple, la création d’une couverture médicale universelle pour les animaux identifiés, la prise en compte par le Code civil des animaux domestiques en cas de divorce, la mise en place d’un jour de congé en cas de deuil d’un animal de compagnie soulageraient la détresse de beaucoup de propriétaires. Et ce sont autant de mesures qui auraient vocation à aligner le droit sur les évolutions sociétales.