CONGÉS D’ÉTÉ : COMMENT LES PRATICIENS S’ORGANISENT-ILS ? - La Semaine Vétérinaire n° 1950 du 24/06/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1950 du 24/06/2022

EXPRESSION

Auteur(s) : Propos recueillis par Chantal Béraud

Nombreuses sont les petites structures vétérinaires qui se voient désormais contraintes de fermer durant les vacances du praticien. Ailleurs, on s’organise comme on le peut, en faisant par exemple davantage appel aux urgences à domicile, voire en rappelant les anciens au travail !

ANONYME

Praticien solo en canine, avec une ASV, en Provence

ON FERME OU L’ON FAIT APPEL À DES SENIORS

« Cherche remplaçant d’été pour quinze jours. Logement fourni avec jardin et piscine » : j’ai passé durant trente ans ce genre d’annonce. Mais depuis huit ans, j’ai arrêté de me casser ainsi la tête. En effet, j’ai une amie vétérinaire qui continue à fonctionner durant l’été et à laquelle j’envoie désormais ma clientèle (c’est aussi cette même clinique de proximité qui assure mes gardes durant toute l’année). Je ferme car trouver un candidat remplaçant vire désormais au cauchemar, voire à l’impossible ! De plus, rester ouvert ainsi était au final très peu rentable pour moi… Je connais aussi des confrères qui ont recours à un plan B astucieux : la vétérinaire « senior » qui leur a vendu sa clientèle revient régulièrement y travailler en tant que salariée durant tous leurs congés. Elle désirait en effet avoir une fin de carrière à temps partiel, même si ce n’est pas avantageux pour le calcul de sa retraite. Durant l’année, d’autres confrères font aussi appel à des vétérinaires seniors pour leurs gardes, parce que certains jeunes praticiens refusent désormais de les assurer.

PIERRE MATHEVET (L 85)

Conseil en ressources humaines à Tirsev

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IL N’Y A PAS DE SOLUTION MIRACLE

Le manque récurrent de praticiens en clientèle crée une source de tension sous-jacente permanente. Donc, parvenir à se faire remplacer durant deux ou trois semaines durant l’été est parfois devenu quasiment impossible – en particulier pour les plus petites structures – que ce soit en canine comme en rurale. Certains vétérinaires, même s’ils détestent fermer, y sont désormais contraints. Ce qui est plus facile dans les grandes villes où ils ont la possibilité d’avoir une clinique référente de proximité, ou un service d’urgences à domicile, voire un centre hospitalier universitaire vétérinaire (CHUV), vers lesquels orienter leurs clients. Mais, du coup, ces systèmes d’urgence peuvent devenir vite encombrés… Dans d’autres cas, comme dans les cliniques de plus grande taille, il peut y avoir une personne de plus dans l’équipe pour « combler » les vacances des uns et des autres. Enfin, lorsqu’il est impossible de recruter un vétérinaire, cela se traduit par une augmentation de la fréquence de rotation des gardes entre eux.

SYLVAIN RANSON (A 98)

Praticien canin en urgences à Lyon (AdomVET)

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NOS REMPLACEMENTS SONT À LA CARTE

L’été est effectivement la période la plus tendue pour nous. Par exemple, compte tenu de la fermeture du Centre hospitalier universitaire vétérinaire de VetAgro Sup, une partie des urgences de Lyon aboutissent chez nous. Nous consultons donc nos équipes dès février pour savoir quels seront nos besoins de juin à août. Puis nous lançons dès le printemps nos campagnes de recrutement pour le domicile, la régulation téléphonique, les soins intensifs… Pour ce faire, nous utilisons nos comptes sur VetoJob, La Semaine vétérinaire et Vet’Match, ainsi que nos pages Facebook et LinkedIn. Au sein de l’équipe, il y a aussi de la cooptation qui se met en place. Au total, grâce à l’utilisation d’un logiciel, sur tous nos centres, nous gérons 65 plannings ! Nous parvenons à recruter des vétérinaires de tout profil parce que notre offre est très flexible : nous nous adaptons aux souhaits évolutifs de nos permanents comme du personnel temporaire. En fait, le plus difficile pour nous, c’est plutôt de parvenir à dégager un volume d’activité suffisant durant l’automne et l’hiver.