L’Âge d’or

Plus que la description appliquée de la vie d’un praticien dans la Lozère d’après-guerre, ce livre en ravive l’atmosphère. Dans ce département pauvre, peu peuplé, les vétérinaires se comptaient alors sur les doigts d’une main. Le métier était sportif et aventureux, exigeait de parcourir des kilomètres sur des routes improbables en dépit d’un climat très rigoureux. Installé en 1947 à Marvejols, Alain Strohl, le père de l’auteur (les noms ont été changés mais les anecdotes sont authentiques) dut débuter ses tournées à vélo, puis en vélomoteur avant de racheter la vieille voiture du curé. Peu rémunérateur, le métier n’en était pas moins riche sur le plan humain. Et essentiel, notamment lors de l’épidémie de fièvre aphteuse (dès 1952). C’est aussi l’insouciance heureuse des Trente Glorieuses qu’exhument ces récits brefs sauvegardés par la mémoire familiale. Avec poésie et humour ils dégagent la chaleur d’une décennie que le narrateur n’a pourtant pas vécue. Né plus tard, plus au nord, c’est par l’écriture qu’il se (et nous) relie aux années marvejolaises de son père, âge d’or disparu mais fondateur.

• Le Véto de Marvejols de Patrick Holster, Le Lys Bleu éditions, 14,8 x 21 cm, 192 pages, 20,10 €.