FORMATION MIXTE
Auteur(s) : Jean-Paul Delhom
Après avoir observé un cas de besnoitiose bovine, notre consœur Yolande David (Ille-et-Villaine) a fait le point sur la maladie lors de la journée vétérinaire bretonne du 29 mars 2022 à Saint-Quay-Portrieux (Côtes-d'Armor).
La besnoitiose bovine, aussi appelée « anasarque des bovins », est une maladie parasitaire vectorielle non zoonotique causée par le protozoaire Besnoitia besnoiti. Ce dernier a été isolé pour la première fois en 1912 par les professeurs Besnoit et Robin de l’école vétérinaire de Toulouse. Elle est qualifiée de maladie émergente en France et en Europe depuis 2010. Le parasite évolue sous deux formes : les tachyzoïtes (forme proliférative en phase aiguë de la maladie) avec multiplication dans les cellules endothéliales des vaisseaux sanguins et les bradyzoïtes (forme intracellulaire en phase chronique de la maladie). Le bovin est considéré comme hôte intermédiaire mais l’hôte définitif de cette maladie n’est pas connu. Cette parasitose est transmise via des insectes hématophages, responsables d’une contamination intra-cheptel. La primo-infection est due à la piqûre d’insectes hématophages inoculant soit des tachyzoïtes issus d’un animal en forme aiguë, soit des bradyzoïtes provenant de kystes d’un animal en phase chronique.
Une maladie souvent asymptomatique
L’infestation est possible dès l’âge de 4 mois, souvent sans signe clinique, cependant les formes cliniques se voient principalement sur les jeunes de plus de 1 an et l’infection est asymptomatique dans la plupart des cas. La mise au pâturage, la saison estivale, l’achat de bovins porteurs sont des facteurs de risque, a précisé la conférencière. Une activation de la maladie sous forme symptomatique apparaît lors d’une baisse d’immunité (co-infection, période péri-partum, sevrage) et on observe alors une succession de trois phases cliniques. La première phase fébrile dure de 3 à 10 jours, l’hyperthermie est alors forte (40-42 °C) et l’animal présente également une dysorexie, un larmoiement, un jetage, une congestion de la face et des plis au niveau du cou. Puis, la phase d’œdèmes de la tête, des membres, du fanon, du scrotum et de la base des trayons se poursuit pendant une à deux semaines et l’animal présente alors une température normale. Enfin, la phase de sclérodermie, six semaines après le début de la maladie se caractérise par une peau plissée, hyperkératosique (cartonnée), des dépilations et lésions du mufle et de la face et des kystes sur la sclère oculaire. L’amaigrissement et le dépérissement peuvent entraîner la mort de l’animal.
Méthodes diagnostiques variées
Selon la conférencière, le diagnostic individuel précoce est primordial pour limiter l’importance des signes de la phase fébrile. Le choix des examens complémentaires varie en fonction de l’évolution de la maladie. Une recherche du parasite par réaction en chaîne par polymérase (PCR) est possible dès la phase fébrile et reste envisageable pendant toute l’évolution de la maladie. La présence inconstante du parasite explique toutefois que certains résultats soient négatifs. « Les anticorps apparaissant de 15 à 40 jours post-infection, la méthode Elisa est préconisée au moins trois semaines après l’apparition de symptômes » a-t-elle précisé. De plus, la recherche d’anticorps par la technique de Western Blot est plus sensible et plus précoce, mais aussi plus coûteuse. Dans la phase de sclérodermie, deux examens sont possibles : la PCR et l’histologie. Enfin, a-t-elle indiqué, pour réaliser un diagnostic de troupeau, la recherche Elisa est à privilégier car elle est facile à mettre en œuvre et peu onéreuse. Depuis 2017, la technique Elisa, réalisée sur le lait, paraît indiquée dans le dépistage de masse.
Mesures à prendre
Il n’existe pas d’étude prouvant l’efficacité d’un traitement spécifique. Le traitement classique, utile en phase fébrile, comprend de la sulfadimidine, des anti-inflammatoires non stéroÏdiens (AINS) et des furosémides. Deux vaccins existent, mais n’ont pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en Europe. Une grande majorité des élevages français sont indemnes de besnoitiose. En zone endémique historique (Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Aude, Ariège, Pyrénées-Orientales) il est important de confirmer le statut indemne d’un élevage et de contrôler l’introduction de nouveaux animaux. Dans tous les cas, les animaux positifs ou malades doivent être isolés puis réformés rapidement. Les vecteurs doivent être gérés par des piégeages ou des traitements antiparasitaires et l’utilisation d’aiguilles à usage unique est indispensable, selon la conférencière. Certains élevages qui ne peuvent être réformés rapidement ou tenir une conduite en lots vivent avec la maladie avec l’apparition sporadique de cas.