Transplantation du microbiote fécal chez le chien et le chat - La Semaine Vétérinaire n° 1955 du 30/08/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1955 du 30/08/2022

Gastro-entérologie

FORMATION CANINE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

Conférencier

Juan Hernandez, diplômé du Collège américain de médecine interne vétérinaire (Acvim) et du Collège européen de médecine interne des animaux de compagnie (Ecvim-CA), du service de médecine interne du centre hospitalier universitaire vétérinaire d’Oniris (CHUV Oniris).

Article rédigé d’après une conférence présentée au e-congrès de l’Association des médecins vétérinaires du Québec qui s’est déroulée du 23 avril au 2 mai 2021.

Pratiquée tout au long de l’histoire et notamment en médecine chinoise, la transplantation de microbiote fécal (TMF) montre en humaine des effets spectaculaires dans la gestion des infections à Clostridium difficile (90 % de réussite) et encourageants (30 à 40 %) dans le traitement de la maladie de Crohn et de la rectocolite hémorragique.

En effet, le microbiote participe largement à l’écosystème intestinal, par le biais d’interactions permanentes entre les micro-organismes qui le composent et leur implication dans de nombreuses fonctions physiologiques (digestion, immunité intestinale, résistance à la colonisation de bactéries pathogènes, métabolisme lipidique, etc.).

Chez le chien, peu d’études sont encore publiées. Il n’a pas été montré d’effet bénéfique de la TMF pratiquée 5 jours avant le sevrage sur les diarrhées post-sevrage. Si la TMF n’améliore pas la survie des chiots atteints de parvovirose, elle raccourcit la durée des signes digestifs et la durée d’hospitalisation. Les preuves sont pour l’instant moins convaincantes sur la prise en charge des entéropathies chroniques. Cependant, la TMF pourrait être intéressante lors de dysbiose associée à une entéropathie post-giardiose, une entéropathie répondant au métronidazole ou une maladie inflammatoire chronique intestinale (Mici). Les essais effectués dans ces cas décrivent une amélioration dans les jours qui suivent la TMF mais parfois suivie de rechute nécessitant de la renouveler.

Sélection du receveur

La TMF ne peut s’entendre que dans une démarche diagnostique rigoureuse excluant notamment les causes parasitaires, l’insuffisance pancréatique exocrine, les entéropathies alimentaires, les entéropathies avec perte de protéines et les tumeurs qui bénéficient de traitement spécifique. Les traitements antibiotiques doivent être arrêtés.

Sélection des donneurs

Un donneur sain doit être rigoureusement sélectionné : il est âgé de 1 à 10 ans, n’a pas eu de maladie dans les 6 derniers mois, sans maladie digestive chronique, atopique ou immunitaire, n’a pas reçu d’antibiothérapie dans les 12 derniers mois, est à jour de ses vaccinations, bénéficie d’une alimentation équilibrée et cuite, a un score corporel entre 4 et 6 sur 9, un score fécal normal et n’a pas d’anomalie à l’examen clinique. Des tests biologiques sont pratiqués : coprologie par flottation, test Elisa pour la recherche de Giardia négative, PCR ou culture pour recherche de salmonelle, Campylobacter, gène alpha toxique et entérotoxine de C. perfringens négatives et index de dysbiose fécale inférieur à 0 (quand ce test sera disponible en France).

Modalités de transplantation

Les selles sont prélevées suite à une défécation naturelle 6 heures maximum avant la transplantation. 50 g de matières sont mélangés à 100-200 ml de soluté isotonique (0,9 %) puis filtrés à l’aide d’une passoire à thé et d’une compresse tissée pour éliminer les particules, de sorte que le mélange passe dans la sonde ou dans le canal opérateur de l’endoscope. La suspension peut être conservée à – 80 °C si lui est adjoint un cryoconservateur (glycérol à 10 %). Le transplant est déposé dans le côlon, le duodénum ou l’estomac à raison de 5 à 10 ml/kg de poids corporel. Il peut être administré par une sonde nasogastrique, une sonde colique ou par le canal opérateur d’un gastroscope. Il n’existe aucune donnée sur la meilleure voie d’administration. Des lavements coliques sont conseillés préalablement à l’administration colique, par analogie à ce qui est réalisé en humaine.

Participer à la recherche sur les entéropathies chroniques du chien

Oniris mène un programme d’étude clinique sur les effets de la transplantation fécale chez le chien. La phase de recrutement des animaux est ouverte. Pour plus de renseignements : chuv.oniris-nantes.fr/animaux-de-compagnie/medecine-generale-interne-et-specialisee/transplantation-de-microbiote-fecal/