Épidémiologie
FORMATION MIXTE
Auteur(s) : Anne CouroucéClémence Nadal, Maud Marsot, Gaël Le Metayer, Pascal Boireau, Jacques Guillot and Sarah I. Bonnet (2022). Spatial and Temporal Circulation of Babesia caballi and Theileria equi in France Based on Seven Years of Serological Data. Pathogens 2022, 11, 227. doi.org/10.3390/pathogens11020227Gloria Rocafort‑Ferrer, Agnès Leblond, Aurélien Joulié, Magalie René‑Martellet, Alain Sandoz, Valérie Poux, Sophie Pradier, Séverine Barry, Laurence Via, Loïc Legrand (2022) Molecular assessment of Theileria equi and Babesia caballi prevalence in horses and ticks on horses in southeastern France, Parasitology Research, 121 : 999 – 1008.
La piroplasmose équine est une maladie transmise par les tiques au moyen de deux parasites du sang – Babesia caballi et Theileria equi – qui entraîne des problèmes sanitaires et économiques majeurs dans la filière équine.
Répartition
L’objectif de l’étude de Nadal et al. (2022) était d’appréhender les variations spatio-temporelles de la circulation parasitaire en France, où la maladie, connue pour être enzootique, a fait l’objet de peu d’études. La séroprévalence a été évaluée pour chaque parasite grâce à 16 127 sérums équins, obtenus entre 1997 et 2003 dans toute la France et analysés par des tests de fixation du complément. 18,5 % des sérums étaient positifs pour un piroplasme et 4,1 % d’entre eux étaient positifs pour les deux piroplasmes.
Les résultats ont indiqué que 13,2 % (5 à 27 % selon la région) des chevaux étaient séropositifs pour T. equi et 9,5 % (3 à 25 %) pour B. caballi. Ces deux parasites étaient présents sur tout le territoire français, avec toutefois cinq régions du sud de la France spécifiquement plus atteintes. Cela a permis ainsi de se concentrer sur ces dernières pour des études concernant les facteurs de risque d’apparition de ces maladies. Par exemple, la mise en évidence récente de vecteurs précédemment absents comme la tique Hyalomma marginatum dans le sud de la France rend la réalisation d’études sur le sujet importantes/instructives.
En termes d’évolution, la proportion de chevaux ayant des anticorps contre Theileria equi a augmenté avec le temps. Au vu de l’impact de cette maladie sur l’industrie équestre en France, il serait intéressant de définir si cette tendance est toujours d’actualité.
Prévalence
L’étude de Rocafort‑Ferrer et al. (2022), a été réalisée en Camargue et sur la plaine de Crau. L’échantillonnage a eu lieu dans 46 écuries différentes (19 écuries en Camargue ; 27 écuries en Plaine de La Crau) au cours des deux saisons d’étude. En collaboration avec des vétérinaires praticiens locaux, des écuries dans lesquelles des antécédents de chevaux présentant une fièvre chronique inexpliquée ou une perte de poids, qui sont des signes cliniques potentiels de piroplasmose équine, ont été sélectionnées. Des échantillons de sang ont été prélevés sur 632 chevaux (n = 338 en 2015 et n = 294 en 2016), qui ont également été contrôlés pour les tiques. La présence d’ADN de T. equi et B. caballi a été détectée à l’aide d’une PCR en temps réel réalisée sur tous les échantillons de sang de cheval et de tiques.
Chez les chevaux, la prévalence de T. equi et B. caballi au cours des deux années était de 68,6 % (434/632) et de 6,3 % (40/632), respectivement. La prévalence globale des deux piroplasmes dans la région étudiée était de 75 % (474/632). Seul 1,7 % (11/632) des chevaux était co-infecté.
Au total, 585 tiques ont été prélevées sur les chevaux au cours des deux saisons d’étude. Des tiques ont été trouvées dans 23 des 46 écuries échantillonnées. Au cours des deux années, les tiques les plus fréquemment observées appartenaient au genre Rhipicephalus, suivies des membres de Hyalomma, Haemaphysalis et Dermacentor (tableau 1).
La plupart des tiques (69 % ; 411/585) étaient négatives pour T. equi et B. caballi. Cependant, près d’un tiers (29,7 % ; 174/585) était positif pour au moins un des piroplasmes. Un très faible pourcentage (0,51 % ; 3/585) était co-infecté. Sur les trois tiques co-infectées, une était Dermacentor sp., et deux étaient Rhipicephalus (R. bursa).
Cette étude est la première à utiliser la PCR en temps réel pour estimer la prévalence des piroplasmes chez les chevaux et les tiques trouvées sur les chevaux en Camargue et dans la plaine de La Crau dans le sud-est de la France. T. equi semble être hautement endémique dans cette région d’étude. Quatre genres de tiques (et cinq espèces de tiques) ont été observés au cours de cette étude sachant que R. bursa était le plus commun. Les cinq espèces de tiques se sont révélées infectées par T. equi. En revanche, B. caballi n’a été trouvé que chez Dermacentor sp. et R. bursa. La tique avec la prévalence la plus élevée de T. equi était H. marginatum, à un niveau similaire à celui observé dans Dermacentor, un vecteur confirmé. Les résultats de cette étude peuvent avoir des implications importantes pour la compréhension, la surveillance et le contrôle de la piroplasmose équine, une maladie qui cause des pertes économiques majeures dans l’industrie équine.