FORMATION MIXTE
Auteur(s) : Clothilde Barde Article rédigé d’après la publication Modelling transmission of Mycobacterium avium subspecies paratuberculosis between Irish dairy cattle herds de Floor Biemans (Centre for Veterinary Epidemiology and Risk Analysis, UCD School of Veterinary Medicine, University College Dublin, Inrae, Oniris), Jamie Tratalos (Centre for Veterinary Epidemiology and Risk Analysis, UCD School of Veterinary Medicine, University College Dublin), Sandie Arnoux (Inrae, Oniris), George Ramsbottom (Teagasc, Oak Park, Carlow, Ireland), Simon J. More (Centre for Veterinary Epidemiology and Risk Analysis, UCD School of Veterinary Medicine, University College Dublin) et Pauline Ezanno (Inrae, Oniris) dans Veterinary Research (volume 53, Article number : 45) le 22 juin 2022 *
La paratuberculose bovine est une maladie causée par Mycobacterium avium sous-espèce paratuberculosis, endémique en élevage de bovins laitiers dans le monde entier. Son impact économique est important en raison des pertes laitières, de la réforme précoce des animaux et de l’augmentation de la mortalité qu’elle provoque, même si les signes cliniques n’apparaissent généralement pas avant le premier vêlage et ne sont parfois jamais observés1. L’excrétion de l’agent pathogène responsable commence généralement avant que les animaux ne présentent de signes cliniques2 et, comme la sensibilité des animaux diminue avec l’âge, ils sont généralement infectés au cours de la première année de vie3.
Une détection difficile
Les tests pour identifier les animaux infectés sont : le test immunologique Elisa (Enzyme Linked ImmunoSorbent Assay) sur lait ou sérum, la la réaction en chaîne par polymérase (PCR) et la culture fécale. Cependant, le diagnostic des animaux infectés est difficile en raison de la faible sensibilité de ces tests (de 15 à 71 % selon le stade de l’infection 4,5). Selon les auteurs de l’étude, la maladie est principalement transmise entre les troupeaux par le déplacement des animaux infectés, mais cette transmission est très souvent non détectée6. C’est pourquoi, dans l’étude présentée ici, une équipe de chercheurs a tenté de comprendre l’effet des mouvements d’animaux sur la propagation de l’agent responsable de la maladie (MAP) entre des troupeaux laitiers irlandais, ainsi que la persistance ultérieure de la maladie au sein des troupeaux infectés.
Une large enquête de terrain
Pour étudier la propagation de MAP entre les troupeaux, une modélisation épidémiologique, intégrant la dynamique de population et d’infection intra-troupeau et reliant les troupeaux entre eux par les mouvements commerciaux7, a été réalisée. Les caractéristiques du troupeau intégrées dans l’étude étaient la taille du troupeau, le nombre d’animaux mâles introduits pour la reproduction, le nombre d’animaux achetés et vendus ainsi que le nombre de troupeaux auprès desquels le troupeau cible achète et vend. Les troupeaux ont ensuite été classés en fonction de leur probabilité d’être infecté et de propager l’infection à d’autres. Les données portaient sur 13 353 troupeaux comprenant 4 494 768 femelles laitières et 72 991 taureaux reproducteurs.
Une infection persistante
Les résultats obtenus dans cette étude ont permis de montrer que la probabilité qu’un animal infecté soit introduit dans le troupeau est plus élevée dans les troupeaux qui introduisent des animaux provenant d’élevages variés. De plus, selon les chercheurs, les troupeaux dans lesquels sont achetés et vendus beaucoup d’animaux présentent le risque d’infection le plus élevé et pourraient jouer un rôle important dans la propagation de MAP. Ainsi, dans l’étude, les troupeaux qui achetaient plus de huit animaux par an avaient, en moyenne, une probabilité de plus de 95 % d’être infectés. Par ailleurs, les résultats de cette modélisation suggèrent qu’un troupeau peut rester infecté pendant plus de dix ans8, 9. En effet, la probabilité de persistance quinze ans après l’introduction d’un seul animal infecté dans un troupeau laitier irlandais typique a été estimée à 42,7 % 10.
Des mesures de contrôle existent
Pour l’élimination de la maladie, les prédictions de modèles réalisées dans les troupeaux laitiers français ont montré que, même avec une faible prévalence dans le troupeau, elle est impossible sans stratégies d’intervention11. Toutefois, comme l’ont indiqué les chercheurs, la prévalence à l’échelle du troupeau pourrait être réduite en utilisant des combinaisons de mesures de contrôle12,13. Les données obtenues sur les mâles montrent que, pour diminuer le risque d’infection, il est probablement plus efficace de réduire le nombre de femelles introduites provenant d’autres troupeaux que de cesser d’utiliser des taureaux de boucherie pour la reproduction.
Un modèle reproductible ?
De plus, comme l’ont noté les auteurs de l’étude, le modèle utilisé dans cette étude s’appuie sur des données commerciales réelles (taille initiale du troupeau, taux de sortie, veaux nés au fil du temps et mouvements d’animaux entre les troupeaux). Cela a donc permis d’identifier les caractéristiques des troupeaux les plus exposés à l’infection, mais aussi de ceux qui avaient une plus grande chance d’y échapper ou qui contribuaient le plus à la propagation de MAP, mais « la période simulée et le nombre de troupeaux modélisés étaient limités par les données, et les simulations étaient basées sur des événements passés ». Par conséquent, selon les chercheurs « avec un tel modèle, il peut être difficile d’obtenir des prévisions précises pour certains troupeaux dont les caractéristiques commerciales sont très variables d’une année à l’autre ».