EDITO
Auteur(s) : Marine Neveux
Rédactrice en chef
Les clichés sont de retour Outre-Manche ! En témoigne la campagne « Chiens dangereux » du quotidien britannique The Daily Mirror de ce mois d’octobre, qui appelle à ajouter plus de chiens à la liste de ceux interdits. Buzz éphémère médiatique pour répondre aux drames de cette année ? Retour au renforcement du délit de sale gueule canine ? Retour aux années 1990 et à sa législation spécifique à la race avec le Dangerous Dogs Act ? La British Veterinary Association (BVA) et des associations de protection animale (APA) contestent cette campagne dans une lettre ouverte au journal et s’opposent à cet axe. Non aux changements non fondés sur des preuves martèle la lettre, l’approche actuelle pour protéger la sécurité publique n’est pas adaptée à son objectif. Oui à des changements, mais qui doivent être éclairés par des preuves, notamment scientifiques. Et de rappeler que la race d’un chien n’est pas un prédicteur fiable d’un comportement agressif, donc en interdire davantage n’est pas la solution. BVA et APA invitent à considérer la mauvaise gestion des chiens par les propriétaires, les abus, les négligences, les chiens laissés sans surveillance avec un enfant ou un adulte vulnérable.
Un remake à l’anglaise de l’enlisement de la loi du 6 janvier 1999 en France, qui avait instauré des catégories de chiens ? Presque un quart de siècle après, toute évolution de cette loi semble impossible alors que l’inefficacité des mesures s’appuyant sur des critères raciaux et morphologiques est montrée. En témoigne aussi, en février 2021, le rapport de l’Anses1, qui considère que la seule base de race ou de type racial ne permet pas de prédire de manière fiable le risque de morsure. Alors quelles mesures prendre pour une gestion pertinente du risque ? L’évaluation comportementale des chiens susceptibles de présenter un danger, la formation et l’information du public et des professionnels du chien. Les vétérinaires ont d’ailleurs un rôle clé dans la délivrance de ces informations et dans l’évaluation comportementale, la prévention et l’appréciation des risques.
Pourtant, jusqu’à présent, les tentatives de modification de la loi de 1999 n’ont pas abouti. Des politiques qui filent à l’anglaise…?