Études vétérinaires
ANALYSE GENERALE
Auteur(s) : Tanit Halfon
À partir de 2025, il y aura 180 étudiants vétérinaires par promotion au lieu de 160. Cette hausse s’accompagne d’un renforcement de la voie de recrutement post-bac.
Le plan de renforcement des écoles nationales vétérinaires (ENV) sera bien appliqué. Annoncé lors du dernier mandat d’Emmanuel Macron, il vient d’être confirmé par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Le but est inchangé : augmenter le nombre d’élèves par promotion afin de répondre aux besoins du terrain. À ce stade, il s’agit d’atteindre 180 étudiants par promotion dans chaque ENV, au lieu de 160. Cet objectif de hausse des places disponibles n’est pas une nouveauté : c’est une tendance de fond depuis plusieurs années. Pour exemple, presque une décennie auparavant, il n’y avait que 548 places dans les 4 ENV à la session de concours 2013, soit des promotions de quelque 140 étudiants. À partir de la rentrée 2020, elles en comptaient environ 160 par promotion.
Le plan de renforcement sera effectif à la rentrée 2025. En clair, cela signifie qu’à partir de juin 2030, 720 vétérinaires diplômés sortiront chaque année des 4 ENV, au lieu des 640 actuels, soit 12,5 % d’entrants supplémentaires sur le marché du travail.
En ajoutant les 100 à 120 étudiants diplômés chaque année du nouveau cursus vétérinaire privé dispensé par l’établissement UniLaSalle (Rouen, Seine-Maritime), il y aurait jusqu’à 840 nouveaux professionnels par an.
La voie post-bac comme « référence de recrutement »
Cette hausse est en réalité plus faible que ce qui avait été initialement annoncé. En effet, le précédent ministre chargé de l’agriculture avait indiqué viser 200 étudiants par promotion. À ce jour, le budget accordé dans le projet de loi de finances ne permet pas d’envisager une telle augmentation. Cet objectif de 200 n’est toutefois pas totalement exclu, selon le budget qui pourrait être obtenu dans les années à venir. Dans cette optique, les actions de développement engagées par les ENV devront en tenir compte.
La croissance de la taille des promotions est portée par les étudiants post-bac, qui seront désormais 70 par ENV, au lieu de 40 actuellement. « Le recrutement post-bac devient la référence de recrutement en France », affirme le ministère. La place prépondérante de la voie post-bac se fait au détriment de celle des classes préparatoires. C’est là encore une tendance depuis plusieurs années, mais c’est la création de la voie post-bac qui l’a véritablement accélérée. À compter de 2025, une promotion de 180 étudiants sera ainsi constituée de 70 élèves issus du post-bac, de 70 des classes préparatoires et de 40 des autres voies (notamment B et C). Soit près de 40 % des étudiants qui seront recrutés post-bac, et environ 40 % qui seront passés par des classes préparatoires (A et A-TB).
Gagner en souveraineté sur la formation initiale
Cette orientation des voies de concours va dans le sens d’une harmonisation des pratiques à l’échelle européenne. De plus, un autre objectif affiché du ministère est de réduire la durée totale des études, et de diversifier les origines sociales et géographiques des étudiants. Dans ce cadre, il est annoncé que le concours post-bac ne sera plus décompté des 2 présentations autorisées au concours vétérinaire : ainsi, un élève qui échouerait en post-bac pourra, s’il le souhaite, passer par une autre voie pour se représenter, en ayant toujours la possibilité de le faire 2 fois. Cette option est rétroactive pour les étudiants actuellement en classe préparatoire.
La hausse du nombre de vétérinaires diplômés d’une école française permettrait à la France de reprendre la main sur sa formation initiale. Rappelons que, d’après le dernier Atlas démographique de la profession, publié par l’Ordre, 54,6 % des primo-inscrits en 2022 sont diplômés d’un établissement étranger, soit environ 610 sur 1 116 primo-inscrits. Ce qui ne laisse qu’un peu plus de 500 primo-inscrits venant d’une école française. Avec 840 nouveaux diplômés par an, la balance pourrait donc pencher pour la France, en portant toutefois son lot d’incertitudes. En effet, le nombre croissant de Français qui franchissent le pas et suivent une formation vétérinaire à l’étranger est une autre tendance de fond observée ces dernières années. À suivre.
Un nécessaire renforcement des équipes pédagogiques
L’augmentation de la taille des promotions va de pair avec le recrutement d’encadrants. Avec le budget obtenu jusqu’en 2025, l’embauche de 8 équivalents temps plein (ETP) supplémentaires d’enseignants ou de praticiens hospitaliers par an est prévue pour la période 2023-2025. Il sera également possible de recruter 12 agents de plus par an pour renforcer les équipes pédagogiques et techniques. Pour l’année 2023, les 8 ETP supplémentaires correspondront à des postes d’enseignants pour la première année post-bac, à raison de 2 professeurs par école, 1 de biologie et 1 de physique.