IAHP : le territoire sous tension - La Semaine Vétérinaire n° 1967 du 25/11/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1967 du 25/11/2022

Épizootie

ANALYSE MIXTE

Auteur(s) : Tanit Halfon

Les régions des Pays de la Loire et de la Bretagne sont les plus touchées par l’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène. Depuis le 11 novembre dernier, la France est passée à un niveau de risque « élevé ».

L’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) continue sa progression en France. À ce stade, le Grand Ouest est le territoire le plus touché et ce, depuis les premières déclarations de foyers en élevage de la saison 2022-2023. Selon les dernières données communiquées par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, au 18 novembre, les Pays de la Loire et la Bretagne ainsi que le département des Deux-Sèvres totalisent un peu plus de 70 % des foyers en élevage, sur un total de 66 dénombrés sur toute la France. Avec 14 foyers en élevage, la Vendée est le département le plus atteint ; suivi du Maine-et-Loire, avec 7 foyers, et du Morbihan avec 5 foyers. Depuis début novembre, la hausse des foyers en élevage est surtout portée par le Grand Ouest, avec 80 % des nouveaux foyers déclarés entre le 4 et le 18 novembre. La situation semble particulièrement évolutive en Vendée, dans les Deux-Sèvres, mais aussi en Bretagne où en 3 jours, 4 nouveaux foyers ont été détectés (du 15 au 18 novembre).

Le Sud-Ouest épargné pour l'instant

Cette situation sanitaire est due à la persistance du virus dans l’avifaune sauvage européenne, sans pause estivale, ce qui a fait des façades littorales françaises nord et nord-atlantique des zones fortement contaminées dans le compartiment sauvage. Plus au sud, pour l’instant, la situation n'a pas dégénéré ; un seul foyer a été détecté en Dordogne. Dans le Sud-Ouest, l’état de la situation sanitaire semble suivre pour l'instant la logique des années précédentes, avec un risque qui est lié aux oiseaux migrateurs. Pour rappel, lors de la précédente épizootie de 2021-2022, le premier foyer en élevage dans cette zone, avait été détecté le 16 décembre 2021 dans le Gers (après des foyers d’abord signalés dans le Nord fin novembre) ; puis, au 4 janvier 2022, 20 foyers étaient dénombrés dans les Landes, 7 dans les Pyrénées-Atlantiques et 5 dans le Gers, sur un total de 41 en France, ce qui correspondait à environ 78 % des foyers en élevage. Lors de l’épizootie de 2020-2021, le premier foyer en élevage de France, était situé dans le Sud-Ouest : il avait été confirmé le 6 décembre 2020 dans un élevage de palmipèdes gras dans les Landes.

Surveillance et mise à l’abri

Dans ce contexte tendu, les mesures de lutte ont été renforcées1, avec des spécificités pour le Grand Ouest2. Ces nouvelles dispositions concernent d’une part la surveillance générale des lots et, d’autre part, la gestion des cas et des foyers.

Pour la surveillance, une méthodologie d’autocontrôles a été définie pour la filière de palmipèdes gras : elle associe dépistages virologiques et tests sur environnement, et varie suivant le niveau de risque épizootique et la localisation géographique des élevages (zones à risque particulier, zones à risque de diffusion, zones à moins de 1 km des sites sensibles, et autres zones). Dans cette filière, a été actée une réduction drastique des densités d’animaux dans les zones les plus à risque du Sud-Ouest (plan Adour), en association aussi dans cette zone avec une réduction en volailles. La filière palmipèdes chair est aussi visée par le renforcement de surveillance, en Bretagne, dans les Pays de la Loire et dans les Deux-Sèvres. En effet, l’ensemble de ces territoires a été classé en zones de contrôle temporaire (ZCT) depuis le 31 octobre, dans lesquelles est rendue obligatoire la réalisation d’un dépistage virologique deux fois par semaine dans tous les élevages de palmipèdes et d’anatidés, quel que soit le type ou l’étage de production.

Pour la gestion des foyers, une zone réglementaire supplémentaire (ZRS) a été ajoutée autour des zones réglementées habituelles (zone de surveillance-zone de protection). Dans toutes ces zones, des modalités d’autocontrôles doivent être appliquées, tout comme une mise à l’abri. Le même principe s’applique pour les cas en faune sauvage, avec une extension de la zone réglementée à 20 km autour du cas, et la même obligation de mise à l’abri et d’autocontrôles.

En parallèle de ces mesures, le niveau de risque épizootique a été progressivement rélevé : il est passé d’un niveau « modéré » au 2 octobre 2022 à un niveau « élevé » le 11 novembre. Cette augmentation du niveau de risque a permis de généraliser les actions générales de prévention à l’ensemble du territoire et à la totalité des élevages, notamment pour la mise à l’abri.

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