FORMATION MIXTE
Auteur(s) : Jean-Paul Delhom Article rédigé d’après la conférence (Super panaris : Que savons-nous? Présentation de cas cliniques - échanges) livrée par Catherine Lutz (Munich 14), praticienne à Rumipassion (Bas Rhin), lors des journées des groupements techniques vétérinaires Bourgogne-Franche-Comté le 10 novembre 2022.
Le panaris, ou phlegmon interdigital, se manifeste par une inflammation de la peau et des tissus sous-cutanés profonds de l’espace interdigital. Les bovins qui en sont atteints présentent une enflure symétrique et douloureuse du pied, avec apparition, en général après 24 heures, d’une fissure nécrotique de la peau interdigitale accompagnée d’une odeur nauséabonde. Sont retrouvés chez ces animaux une boiterie modérée à sévère d’apparition soudaine et d’évolution aiguë à subaiguë, ainsi qu’une hyperthermie légère à sévère, une chute brutale de la production, un décubitus, et cela peut aller jusqu’au décès.
Importance du diagnostic différentiel
« Il faudra différencier cette infection de la dermatite digitale entre les onglons et de l’arthrite interphalangienne car il n’est pas facile de savoir à l’avance s’il s’agit d’un super-panaris », a indiqué la praticienne Catherine Lutz dans la conférence qu’elle a donnée lors des journées des groupements techniques vétérinaires Bourgogne-Franche-Comté, le 10 novembre dernier. En effet, décrits en 1993 en Angleterre, ce sont des panaris jugés inhabituels, qui possèdent plusieurs formes (suraiguë, sévère, incurable médicalement, épidémique). Selon la conférencière, dans la forme épidémique, 3 à 20 % des vaches seront atteintes en moins de 15 jours. Dans le grade 1 de la maladie une enflure sévère de la peau interdigitale apparaît en moins de 12 heures. Le grade 2 se définit par la présence d’une nécrose et d’une fissure de la peau interdigitale avec prolapsus du derme en 12 à 36 heures. Dans le grade 3, l’enflure importante et étendue des tissus sous-cutanés se caractérise par une érosion interdigitale profonde. Dans le grade 4, l’infection digitale est profonde, avec arthrite septique.
Plusieurs agents pathogènes
Le développement de cette maladie est dû à l’origine à une blessure mécanique compliquée par l’introduction de germes plus ou moins virulents et résistants. Parmi ces agents pathogènes, Fusobacterium necrophorum joue un rôle central, en association avec Dichelobacter nodosus, Porphyromonas Levii et Prevotella intermedia. Ces bactéries créent un environnement propice à leur croissance (facteur d’agrégation plaquettaire, hémolysine, endotoxine) en se protégeant des défenses immunitaires (action des leucotoxines). De plus, les mauvaises conditions environnementales, la présence d’éléments traumatisants (cailloux), de bactéries, une alimentation déséquilibrée, des traitements tardifs ou mal dosés sont des facteurs favorisants, et la rapidité d’évolution pourrait en partie expliquer les échecs thérapeutiques souvent rapportés.
Des traitements spécifiques
Le traitement de choix dans les grades 1 est l’oxytétracycline. Pour les grades 2 et 3, il est conseillé d’administrer de la tylosine (8 g le premier jour, puis 4 g pendant 3 jours) ou de la pénicilline, et de débrider la plaie sous anesthésie générale. Dans le grade 4, une amputation d’onglon est discutable si un seul est atteint, a expliqué Catherine Lutz. En cas de super-panaris, l’administration des traitements pendant 3 à 5 jours doit être aussi précoce que possible. D’autres traitements peuvent également être envisagés (pansements, parage du troupeau, amputation), sans oublier la réforme et l’euthanasie. Un observatoire des boiteries a été créé (Oniris, Aa Bio Vét, Groupe technique boiterie) à ce sujet.