Une nouvelle société savante pour la médecine féline  - La Semaine Vétérinaire n° 1969 du 09/12/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1969 du 09/12/2022

Association

ANALYSE CANINE

Auteur(s) : Tanit Halfon

La Société francophone de médecine féline est une nouvelle association qui a vocation à améliorer les pratiques vétérinaires en médecine féline. Les adhésions sont déjà ouvertes, et des premières formations sont prévues pour l’année 2023. Le point avec son président, Nicolas Layachi (Liège 03), diplômé du collège australien en médecine féline, praticien à Bordeaux (Gironde).

Qu’est-ce que la société francophone de médecine féline (SFMF) ? Pourquoi l’avoir créée ?

Cette association est dans la continuité d’une autre, plus ancienne, la Société française de félinotechnie (SFF), qui avait été créée en 1986 par Guy Quéinnec, alors professeur titulaire de la chaire de zootechnie et d’économie rurale à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (Haute-Garonne). D’abord destinée aux éleveurs félins et aux vétérinaires, la SFF s’est scindée en 2007 en deux entités travaillant de concert, la SFFE (section éleveur) et la SFFV (section vétérinaire), lorsqu’a pris fin le groupe d’études en médecine féline. Celui-ci avait été mis en place provisoirement au sein de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) entre 2004 et 2006. 

De 2007 à 2010, la SFFV a organisé chaque année un congrès national à Lyon (Rhône), où étaient invités les plus grands noms internationaux de la médecine féline, comme Tony Buffington, Os Jarrett, Marian C. Horzinek, Margie Scherk, Danièle Gunn-Moore, entre autres.

Forte de cet héritage, la SFMF a vu le jour en 2022, après une longue gestation, et est prête à remplir son rôle rapidement et efficacement.

Combien de membres compte cette nouvelle association ?

Nous sommes sept vétérinaires membres fondateurs : Anne-Claire Gagnon (T 84), Fouad Layachi (T 72), Valérie Lecoutour (A 90), Séverine Mollaret (T 08) et moi-même pour la France, Stéphanie Glineur (Liège 03) et Sandrine Liparoti (Liège 03) pour la Belgique. Nous venons d’ouvrir les adhésions1.

Quels sont vos objectifs ?

En tant que médecins vétérinaires et amoureux des chats, notre ambition est d’améliorer la qualité de la médecine féline en France et en francophonie, en favorisant le développement des connaissances et l’acquisition des bonnes pratiques. Nous visons tous les étages, de l’auxiliaire spécialisé vétérinaire (ASV) au directeur de clinique, afin de toucher le maximum de personnes et d’obtenir le plus de reconnaissance possible. Notre modèle s’inspire de l’International Society of Feline Medicine (ISFM), pour sa puissance d’action et son rayonnement international.

Quels types d’action allez-vous entreprendre pour y arriver ?

Notre développement va se faire en plusieurs étapes, avec deux niveaux d’action. Un premier axe concerne la partie « scientifique ». Dans cette optique, nous avons ouvert nos pages LinkedIn, Facebook et Instagram, dans lesquelles nous publions déjà des résumés d’articles, des retours de congrès, des fiches pratiques et des recommandations cliniques. Un site internet est prévu prochainement. Nous avons aussi terminé un premier travail de supervision de la traduction d’un guide pratique2 publié par l’American Association of Feline Practitioners sur les soins aux chats âgés, en ligne3 depuis la mi-novembre. Une conférence a été faite au dernier congrès de l’Afvac sur la médicalisation du chat et la médecine préventive.

En 2023, nous souhaiterions lancer un prix de thèse vétérinaire, ainsi qu’une bourse – qui pourrait prendre la forme d’un coaching ou d’une aide financière – pour un étudiant qui souhaiterait s’engager dans un projet de recherche en médecine féline.

À terme, l’idée serait de créer un organisme de formation, pour pérenniser l’apprentissage, et d’appliquer de guidelines afin de faire monter en connaissances et en compétences les professionnels de la santé animale. Cela se fera par des formations pratiques pour les vétérinaires et les ASV, un concours de cas cliniques et, idéalement, notre premier congrès annuel.

Les adhérents à l’association auraient accès à nos ressources documentaires, une place offerte au congrès et la possibilité d’assister à d’autres manifestations.

Notre association a déjà reçu le soutien de Vetoquinol et Elanco.

Et le deuxième niveau d’action ?

Il n’y a pas de sens à viser l’excellence s’il n’y a pas d’impact sur la santé et le bien-être des chats en dehors des cliniques. C’est pour cette raison que notre deuxième axe de développement est celui de la médecine féline de refuge. Notre objectif est d’élaborer un programme de formation spécifique avec, en toile de fond, une approche cat friendly francophone.

Nous souhaitons aussi agir sur le terrain, à travers des interventions programmées dans des zones sous-dotées en compétences vétérinaires. Concrètement, il s’agirait de campagnes de stérilisation et de vaccination, mais nous pourrions également apporter notre expertise, sur demande, pour la conduite d’études épidémiologiques.

Êtes-vous en relation avec d’autres associations ou groupes sur la médecine féline, y compris à l’international ?

Nous sommes entrés en contact avec des confrères et consœurs européens d’Espagne et d’Italie, mais aussi d’Afrique, en particulier les pays du Maghreb et le Liban afin de promouvoir l’action de la SFMF à l’étranger et d’aider à mettre en place et à structurer la médecine de refuge, en amont des campagnes de stérilisation.

Les vétérinaires tunisiens ayant été très sensibles et réactifs à nos propositions, nous avons commencé à réfléchir à un premier symposium en Tunisie l’an prochain, qui associerait les différentes missions de la SFMF et qui servirait de tremplin pour la suite des actions sur le continent.

  • 1. Pour adhérer, écrire à sfmfeline@gmail.com ; 30 € pour le lancement, ASV et vétérinaires.
  • 2. bit.ly/3VCTCis.
  • 2. bit.ly/3AZrEpd.