Phytothérapie
FORMATION CANINE
Auteur(s) : Audrey Chevassu Conférencière Anita Laury (N 95), praticienne à Noyal-Pontivy (Morbihan) Article rédigé d’après la visioconférence « Atelier de phytothérapie, les troubles dermatologiques », organisée par Wamine le 17 mars 2022.
Lors de troubles dermatologiques, la phytothérapie peut accompagner le traitement consensuel et répondre à une demande des propriétaires, qui souhaitent s’orienter davantage vers des solutions plus naturelles. C’est également l’occasion de limiter dans le temps le recours aux antibiotiques ou à des médicaments qui présentent des effets secondaires (corticoïdes, par exemple).
Avant tout traitement de phytothérapie en dermatologie, comme dans d’autres domaines, il importe de faire le point sur les traitements précédents, l’observance, l’alimentation, l’environnement et les traitements antiparasitaires. Il faut enfin se fixer des objectifs compatibles avec l’état de l’animal et les attentes des propriétaires, leur coopération étant primordiale.
Choix de quelques plantes de base en dermatologie
- Le cassis (feuille) fait partie des plantes intéressantes grâce aux propriétés anti-inflammatoires de ses proanthocyanidines. Il agit sur les mêmes récepteurs que les corticoïdes, mais sans interaction avec les glandes surrénales, site d’élection privilégié des corticoïdes.
- La bardane (racine) contient des dérivés de l’arctinal qui ont une activité antibactérienne et antifongique (usage principalement local). Elle renferme aussi des acides phénols et flavonoïdes, aux propriétés antiseptiques, anti-inflammatoires, antioxydantes, et des lactones à action cholérétique. Elle est aussi immunomodulante grâce à ses polysaccharides.
- L’ortie (partie aérienne) agit sur l’inflammation par l’intermédiaire des amines et de la chlorophylle qu’elle comprend. Elle a également des propriétés restructurantes par l’action de l’acide orthosilicique sur les fibroblastes.
- La fumeterre (parties aériennes fleuries) possède des acides phénols qui ont une activité anti-inflammatoire, de l’acide fumarique kératorégulateur, des alcaloïdes dont l’action est principalement sérotoninergique-gabaergique antispasmodique et de la protopine antihistaminique et amphocholérétique.
- L’olivier (feuilles) contient des triterpènes qui lui octroient des propriétés anti-inflammatoires et des séco-iridoïdes à action hypocholesterolémiante et inhibitrice des récepteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine.
Les traitements en phytothérapie peuvent être longs, selon l’antériorité des lésions, se poursuivre au-delà de la guérison clinique et, dans tous les cas, sont adaptés en fonction de la réponse clinique.
Pour un animal présentant un prurit très marqué associé à des surinfections, il peut être intéressant d’utiliser le cassis, la bardane et l’ortie pour leurs propriétés antibactériennes et pour l’action anti-inflammatoire du cassis. La posologie classique pour un chien est de 2 mL matin et soir d’une préparation magistrale élaborée à partir de ces trois plantes, extraites avec le procédé EPS-Nd, qui leur permet d’accéder au statut de matière première à usage pharmaceutique (MPUP). Au début les traitements classiques peuvent être repris en même temps que la phytothérapie (antibiotiques et corticoïdes, le moins longtemps possible car ils peuvent oblitérer l’action des molécules naturelles). Il importe en outre d’utiliser des shampooings adaptés à la reconstitution des microbiotes cutanés. La phytothérapie aura alors pour but de diminuer la durée de ces traitements et de prévenir les récidives à plus long terme. Dans une optique de prévention des rechutes, d’autres moyens peuvent être employés : soins locaux, compléments alimentaires.
Aliment, compléments alimentaires et probiotiques
Incontournables durant les traitements, naturels ou non, les probiotiques sont toujours utiles pour faciliter l’absorption des médicaments et lutter dans tous les cas anciens, contre les effets délétères d’une vraisemblable perméabilité intestinale. Des dermatites chroniques ayant parfois commencé dès le plus jeune âge de l’animal, associées alors à de fréquents traitements – dont les antibiotiques et les anti-inflammatoires, qui perturbent le microbiote – sources d’une perméabilité, d’allergies ou d’intolérances.
Les oméga 3 et 6 sont importants pour la bonne santé de la peau et du poil. Ils sont principalement apportés par les huiles de poissons des mers froides, par l’huile de colza ou par des compléments alimentaires. Ils sont également parfois présents dans des shampooings ou des soins.
Une alimentation à visée dermatologique ou hypoallergénique peut être mise en place en cas de suspicion d’allergie alimentaire,combinée aux autres traitements selon l’historique du chien ou du chat.
Soins et shampooings
La grande diversité de shampooings permet de s’adapter au problème de chaque animal. Certains couramment employés, en particulier les antiseptiques ou les antifongiques, ont pour principals inconvénients à long terme de modifier le pH cutané et, surtout, de détruire le microbiote de la peau, ce qui crée des biofilms composés uniquement de pathogènes. Il y aura toujours un bénéfice à utiliser des mélanges hydratants, séborégulateurs et kératorégulateurs. Enfin, les clés de la réussite en dermatologie, quels que soient les traitements retenus, reposent sur le suivi, l’assurance d’une bonne observance et la réalisation d’examens complémentaires si nécessaire au contrôle de l’évolution. Les traitements phytothérapiques en dermatologie interviennent souvent en ixième intention, se révèlent pour la plupart longs et les propriétaires peuvent se démotiver lorsque le chien va mieux et qu’ils ne voient plus l’intérêt des traitements ou, à l’inverse, quand ces derniers mettent un peu de temps à agir. Une communication efficace est indispensable, pour favoriser un bon suivi et limiter l’incompréhension face à des récidives malheureusement fréquentes en dermatologie.