Sécurité du médicament
ANALYSE CANINE
Auteur(s) : Michaella Igoho-Moradel
Des réflexions sur l’écotoxicité des antiparasitaires pour animaux de compagnie appellent à une évolution de la réglementation quant à leur évaluation avant la délivrance d’une autorisation de mise sur le marché.
Colliers ou pipettes, les antiparasitaires destinés aux carnivores domestiques font l’objet d’études approfondies avant leur mise sur le marché. L’évaluation de l’impact de ces produits sur l’environnement et sur l’utilisateur était le thème d’un module proposé au congrès 2022 de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), organisé à Marseille (Bouches-du-Rhône) du 1er au 3 décembre derniers. Benoît Courty, chef de l’unité expertise de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), est revenu sur les méthodes d’évaluation du risque environnemental des antiparasitaires employés chez les animaux de compagnie, en particulier les chiens et les chats. De son côté, Éric Gaguère, président de l’Afvac, qui animait ce module, a invité les laboratoires à communiquer davantage sur l’utilisation des spot-on.
Un niveau d’exposition estimé faible
L’évaluation du risque pour l’environnement est obligatoire pour toute demande d’autorisation de mise sur le marché d’un médicament vétérinaire. Elle repose sur la méthode veterinary international conference on harmonization (VICH), applicable depuis 2001. Celle-ci qui comprend deux phases. La première consiste à évaluer la potentielle exposition de l’environnement à la substance active contenue dans le médicament vétérinaire. Cette évaluation s’appuie sur un arbre décisionnel qui détermine le niveau d’exposition dans l’environnement comme faible ou pas. « La phase 1 permet d’identifier les candidats à la phase 2. Il s’agit d’une catégorie de médicaments qui vont d’office passer en seconde phase. À l’inverse, d’autres ne passeront que par la phase 1. Au-delà de cette identification, la phase 1 fournit une première estimation de l’exposition de l’environnement », explique Benoît Courty. Une évaluation plus complète est effectuée en phase 2. Mais certains médicaments considérés comme sans impact environnemental sont d’emblée classés en phase I. « Ce postulat repose sur des considérations qui datent de la fin des années 1990, début 2000. On estime que les animaux non destinés à la consommation humaine ne font pas l’objet d’un élevage intensif, et des traitements individuels sont généralement employés. Il a été considéré qu’il y avait une quantité moindre de médicament vétérinaire utilisée en comparaison aux animaux de rente. Ce postulat s’applique aux animaux de compagnie », détaille l’expert de l’ANMV.
L’approche VICH à réviser
Selon la méthode VICH, pour un médicament destiné aux animaux de compagnie en phase 1, il est estimé que les concentrations attendues sont faibles et conduisent à une faible exposition dans l’environnement. Par conséquent, cette mesure du risque s’arrête en phase I. Ainsi, les résumés des caractéristiques du produit (RCP) ne contiennent pas forcément d’indications qui découlent de cette évaluation. Néanmoins, il existe des RCP qui statuent sur les qualités intrinsèques des substances actives. Des précautions d’emploi invitent les utilisateurs à adopter certains gestes en raison des propriétés toxicologiques du produit. Vingt ans après l’adoption de l’approche VICH, des articles scientifiques recommandent de revoir ces orientations. « Ces publications vont déclencher des discussions au niveau européen. Un premier document rédigé et publié fin 2020 indique que le Comité des médicaments vétérinaires (CVMP) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) va travailler sur ce sujet et s’appuyer sur un groupe d’experts européens en écotoxicologie. Il sera chargé de produire une analyse scientifique portant notamment sur l’évolution de l’utilisation des médicaments pour animaux de compagnie » Le CVMP ne s’intéresse pas uniquement aux antiparasitaires externes. En fin d’année 2022, début 2023, le groupe de l’EMA publiera sa position sur ce sujet. Celle-ci sera soumise à consultation publique.