Délégation d’actes : l’ASV « idéal » selon IVC Evidensia - La Semaine Vétérinaire n° 1970 du 16/12/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1970 du 16/12/2022

Spécial Afvac. Enquête

ANALYSE CANINE

Auteur(s) : Par Marine Neveux

À la suite d’une enquête au sein de ses établissements, le groupe IVC Evidensia a organisé le 2 décembre, à l’occasion du congrès de l’association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), une conférence faisant « Le tour d’horizon du métier d’ASV en Europe ». L’occasion de pousser plus loin la réflexion sur la délégation des actes.

« Le cadre de ce symposium se place dans les travaux ministériels pour obtenir la délégation d’actes l’an prochain », explique sans ambages Ludovic Freyburger, directeur médical IVC Evidensia aux côtés d’Alistair Cliff, directeur médical adjoint du groupe IVC Evidensia. Ces derniers ont en effet présenté le 2 décembre dernier, au congrès de l’association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), un tour d’horizon du métier d’auxiliaire spécialisé vétérinaire (ASV) en Europe. Ils s’appuient sur une enquête au sein des établissements du groupe, avec un focus sur le Royaume-Uni et la Suède pour illustrer ce que pourrait être le métier d’ASV, vers quoi il pourrait évoluer.

En Europe, chaque pays a une structuration différente du fonctionnement des ASV, de leur formation, etc. « Tous les pays demandent une formation, mais cela va de quelques mois en Espagne à plusieurs années aux Pays-Bas (3 à 4 ans) », détaille Ludovic Freyburger.

Les actes autorisés aux ASV diffèrent aussi : globalement, ceux qui font référence à la relation avec le client, aux soins animaliers sont autorisés en Europe. Mais lors du renouvellement d'un traitement régulier, d'une seconde vaccination, de la pose d'un cathéter, de la signature d'une feuille de consentement éclairé, etc., la situation est contrastée. Par exemple, si le vétérinaire a fait la première injection vaccinale, la Suède, l’Allemagne, l’Angleterre autorisent l’ASV à faire la seconde injection.

L’ASV idéal selon IVC Evidensia

« Quel serait l’ASV idéal ? », interroge Alistair Cliff. « Je vous invite à réfléchir à un monde où l’ASV serait une profession en tant que telle, à part entière et pas seulement comme soutien aux équipes vétérinaires, capables d’utiliser leurs compétences de manière autonome dans le cadre de consultations et de relations avec les clients et d’aider leurs collègues vétérinaires. » Le décor de la réflexion est planté. « Même dans des pays où la réglementation est libérale, les vétérinaires n’utilisent pas les ASV autant qu’ils le pourraient. Imaginez un monde où les ASV seraient capables de diagnostiquer et de traiter les patients sans l’intervention d’un vétérinaire, comme en médecine humaine, les infirmières. Cela n’existe dans aucun pays actuellement. Quels avantages ? C’est stimulant pour les ASV, et pour soulager les collègues vétérinaires afin qu’ils se concentrent sur leur propre rôle et leur développement de carrière, ainsi que pour la clinique pour partager la charge de travail » poursuit Alistair Cliff.

Alistair Cliff s’appuie sur la Suède : « Les ASV suédois sont considérés comme une profession en tant que telle, ils peuvent faire des pansements, recoudre, placer des cathéters, faire des vaccinations si le vétérinaire a fait la première vaccination, etc. C'est très positif, cela contribue à la satisfaction des équipes. Il y a peu de rotations. » Quelles ambitions alors ? « Notre souhait est de voir les ASV faire des diagnostics, mais pour l’instant aucun pays n’autorise cela », constate-t-il.

Que reste-t-il ?

« Finalement qu’est-ce qu’il reste au vétérinaire ? », interroge une congressiste. Pour Alistair Cliff, l’idée qui se dégage des observations est que « les ASV peuvent devenir une profession en tant que telle, où elles pourraient diagnostiquer et traiter », tout en précisant, « Personne ne suggère qu’elles vont le faire au même niveau que les vétérinaires, cela ne se produit nulle part. En médecine humaine par exemple, certaines infirmières sont tout à fait capables dans un service d’urgence de voir et de traiter certains types de patients (...). Mais encore une fois, souligne-t-il, je n’ai pas les détails pour répondre à votre question. »

Ludovic Freyburger modère, « C’est le vétérinaire qui propose systématiquement l’acte », et reprend l’exemple de la vaccination, « En Angleterre, en Suède, le vétérinaire fait la consultation, la prescription, le protocole de vaccination, il réalise la première injection. La deuxième est la continuité de la première et non pas une deuxième consultation totalement indépendante. Donc on a bien à la base un vétérinaire qui a posé son diagnostic et fait sa prescription. Ensuite, c’est un acte technique qui est délégué à l’ASV. » Apportant des éléments pour faire avancer la réflexion sur les attributions de l’ASV, Ludovic Freyburger se défend de trancher, « Cela dépend ce que l’on met derrière la notion de prescription, de diagnostic, des limites que l’on va poser et du cadre »...