EXPRESSION
Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR CHANTAL BÉRAUD
L’augmentation de l’exigence des clients et du mal-être de la profession, la numérisation des pratiques et l’adoption du règlement (UE) du médicament vétérinaire n° 2019/6 font partie des évènements importants de 2022.
ANDREA SANCHEZ
Auteure de « Communiquons », paru en novembre
Des clients souvent plus difficiles
Spécialisée en formation communication auprès des vétérinaires, je constate que leur demande de formation en ce domaine explose ! Pour les praticiens comme pour leur équipe, ASV comprises… Car partout, on observe que les clients sont devenus plus difficiles à gérer : ils sont très exigeants, impatients, ils ont du mal à se maîtriser et ils peuvent même devenir agressifs… C’est d’autant plus vrai dans le milieu vétérinaire : les émotions sont très présentes, du fait de l’attachement de plus en plus profond qu’ont les propriétaires par rapport à leur animal, devenu un membre de la famille à part entière. D’où une augmentation de leurs exigences en tant que clients, d’autant qu’ils sont fréquemment davantage informés en termes de santé qu’auparavant… Pour répondre à ces évolutions, ce n’est pas le praticien seul mais bien toute son équipe qui doit savoir ensemble « mieux » communiquer à leur égard. Le but de mon ouvrage, paru cette année aux Éditions du Point Vétérinaire, est donc de les aider à acquérir des compétences supplémentaires, car cela s’apprend.
OLIVIER PERROY
Cofondateur de la plateforme de télémédecine LinkyVet
Une pratique digitale s'impose
Jusqu’à présent, face à la surcharge des activités des années 2020 et 2021, les praticiens ont surtout été préoccupés par leurs difficultés à recruter ou bien par leur recherche afin de « se vendre » à une chaîne… Mais en 2022, la donne macro-économique a basculé. L’activité revient à un rythme « normal », les chaînes poursuivent leurs intégrations tout en se mettant à développer des solutions digitales. En parallèle, je constate aussi l’émergence de conseils vétérinaires (Dr Milou, Dr Bassecour, Illicovéto…). Dans un contexte économique plus tendu, elles vont attirer une partie des propriétaires soucieux ou « forcés » de faire des économies. Donc j’en conclus que les structures vétérinaires indépendantes qui n’auront pas progressé dans leur approche du digital risquent de perdre une partie de leurs actes. Car le conseil en ligne d’un vétérinaire sera jugé suffisant pour certains propriétaires. Comment faire face à ce nouveau challenge ? À mon avis, il faudra aux cliniques davantage intégrer l’outil de la télémédecine dans leur pratique quotidienne.
CHRISTOPHE HUGNET (L 93)
Praticien mixte et équin à La Bégude-de-Mazenc (Drôme)
Mal-être professionnel : trouvons des remèdes !
Le rapport Truchot sur la souffrance des praticiens, celui de l’IVSA analysé par Vétos-Entraide à propos du mal-être des étudiants, ainsi que la thèse d’Ariane Vasseur sur les reconversions des ASV ont servi de base à une récente nécessaire phase de diagnostic. J’espère que 2023 sera l’année de la mise en œuvre des solutions, dont certaines sont d’ailleurs déjà proposées par lesdites études… Quant au second sujet le plus important de 2022, c’est l’adoption des dispositions nationales du règlement (UE) du médicament vétérinaire n° 2019/6. Car cela a ouvert un certain nombre de possibilités permettant l’augmentation de notre arsenal thérapeutique. Pour soigner notamment les espèces « mineures » un peu délaissées (chèvre, mouton...), grâce à la modification du temps d’attente forfaitaire applicable pour les denrées d’origine animale. Toutes espèces confondues, nous pouvons aussi désormais plus facilement importer des médicaments vétérinaires qui ont des AMM provenant d’autres pays, européens voire même extra-européens.