DOSSIER
Auteur(s) : Valentine Chamard
Si le nombre de cliniques françaises à rejoindre un groupe a continué d’augmenter en 2022, c’est un communiqué inattendu qui aura marqué cette fin d’année. En septembre dernier, IVC-Evidensia, leader sur le marché, a annoncé marquer une pause dans ses acquisitions de structures vétérinaires en Europe, pour une durée indéterminée. Une décision prise au regard de la situation économique actuelle, particulièrement incertaine. Plusieurs dizaines de structures françaises en pourparlers avec le groupe auraient ainsi vu leurs négociations interrompues. La consolidation du secteur, par les autres groupes, perdurera toutefois en 2023, mais selon des critères plus stricts. « Si, jusqu’au début de l’année 2022, toutes les structures canines généralistes pouvaient prétendre à rejoindre un groupe, les investisseurs sont beaucoup plus sélectifs aujourd’hui », témoigne Lucile Frayssinet (T 19), consultante en gestion d’entreprise vétérinaire pour le cabinet Phylum. « Les structures les moins profitables sont désormais plus difficiles à vendre qu’il y a encore six mois », précise-t-elle. La hausse des taux d’intérêts explique en partie la situation : le financement des investisseurs est devenu plus difficile et plus coûteux. D’après Lucile Frayssinet, bien que le pic de consolidation ait été atteint ces deux dernières années, il y aura encore des acquisitions en 2023, surtout de structures rentables. Le secteur vétérinaire a en effet montré sa résilience même en temps de crise, ce qui attire toujours les investisseurs. Preuve de cette attractivité, l’annonce fin 2022 de la création d’un organisme professionnel de placement collectif immobilier, Well-Vet Immo, dévolu à l’achat d’actifs immobiliers vétérinaires. Parmi les scénarios envisagés pour la suite, des consolidations de deuxième niveau (rachat d’un groupe par un autre groupe) ou l’arrivée de nouveaux groupes étrangers en France. « Il faut aussi garder à l’esprit que le modèle de petite clinique indépendante est extrêmement résilient… même s’il intéresse moins les groupes », rappelle Lucile Frayssinet.
Quid du maillage vétérinaire ?
Après la feuille de route1 annoncée en 2016, la situation vis-à-vis du maintien des vétérinaires dans les zones rurales est toujours critique en 2022. Lancés en janvier 2022, les appels à manifestation d’intérêt ont permis à chaque territoire d’être accompagné pour établir des diagnostics territoriaux et élaborer des plans d’action adaptés au contexte local2. La contractualisation, bien que jugée pertinente par le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral pour l’installation et le maintien de jeunes vétérinaires et d’éleveurs en zones rurales, pâtit encore d’une forte résistance des deux parties. Cependant, le dispositif du suivi sanitaire permanent a évolué, et d’autres chantiers sont prévus pour 2023, comme le système d’information vétérinaire Calypso, la délégation d’actes ou l’évolution du modèle économique du vétérinaire sanitaire.
Clothilde Barde
1. bit.ly/3i7vDK9.
2. bit.ly/3Z25Nb9.
Cas de rage : le concept One Health revu à la sauce des ministères
Un chien est mort de la rage en octobre 2022, dans un refuge situé en Essonne. L’enquête conclura à un cas importé. Puisque la période contaminante était postérieure à son arrivée au refuge et que les autres animaux ne sont pas entrés en contact direct avec lui, la probabilité de leur contamination est considérée comme nulle (ils sont en outre placés sous surveillance sanitaire pendant six mois). Parmi les 32 personnes considérées comme « cas exposés », 11 ont reçu une prise en charge postexposition. Plus de peur que de mal donc, mais une affaire qui a quand même eu un écho retentissant dans la profession. Lors de la confirmation officielle de ce cas, les ministères chargés de l’agriculture et de la santé ont en effet rédigé un communiqué dans lequel il n’est jamais fait mention du rôle joué par les vétérinaires. Cinq instances professionnelles vétérinaires ont alors émis à leur tour un communiqué conjoint dans lequel elles déplorent cet oubli.
V. C.
Brucellose canine : une inquiétante hausse des cas
La France connaît une augmentation préoccupante des cas de brucellose canine dans les élevages : de deux en vingt ans (1998-2016), elle est passée à huit foyers en deux ans (2020-2022). Cette situation concerne toute l’Europe (avec près de 90 foyers au Royaume-Uni). L’explosion des importations de chiots depuis les pays de l’Est et l’e-commerce expliquent ce phénomène. Le diagnostic est difficile, de nombreux animaux sont asymptomatiques. Une lymphadénite, en particulier rétro-mandibulaire, ou une spondylodiscite peuvent être des signes d’appel, de même que les troubles génitaux en élevage. Le traitement antibiotique est long, toxique et peu efficace, ce qui pose la question de l’euthanasie des chiens infectés. Si aucun cas humain n’est encore recensé en France métropolitaine, il convient d’être vigilant vis-à-vis de ce risque sanitaire. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail met notamment en garde contre les tests diagnostiques non validés vendus en ligne et se tient à disposition des praticiens pour répondre à toute question (bcanis@anses.fr).
V. C.
Une évolution de la législation sur le BEA lors du transport ?
Dans le cadre de sa stratégie « De la ferme à la table » (Farm to Fork), la Commission européenne a sollicité l’Autorité européenne de sécurité des aliments pour évaluer la législation européenne entrée en vigueur en 2005 sur le bien-être des animaux durant le transport. La nouvelle proposition de loi est prévue pour le second semestre 2023.
C. B.
De nouvelles mesures complètent le plan 2017-2022 de lutte contre la tuberculose
Au 1er septembre 2022, 95 foyers de tuberculose bovine ont été détectés en France, dont 68 % en Nouvelle-Aquitaine. C’est pourquoi la lutte contre la maladie continue avec une nouvelle campagne de prophylaxie en 2022-20231, qui prévoit une poursuite et un renforcement des mesures de dépistage précoce, de surveillance, de formation et du soutien financier de l’État.
C. B.
1. bit.ly/3jMFLZr.
Importance de la gestion de la brucellose bovine
Même si la France est indemne de brucellose bovine, la maladie est présente depuis 2012 dans la population de bouquetins du massif du Bargy, en Haute-Savoie. Menace permanente pour les bovins en alpage, elle constitue également un risque important pour la santé publique. La feuille de route ministérielle 2022-20231 est ainsi prévue autour de quatre axes : surveillance, éradication des foyers, adaptation, accompagnement, et doit être poursuivie cette année.
C. B.
1. bit.ly/3jMiw1y.
La biodiversité des prairies pour répondre aux défis climatiques
Au-delà de sa seule valeur agronomique, la biodiversité des prairies est un réel atout pour faire face aux défis du changement climatique. Ces écosystèmes présentent une meilleure efficience dans l’utilisation des ressources et sont résilients, propriétés particulièrement importantes pour les éleveurs afin de maintenir la fonction de production de leurs animaux.
C. B.
1 bit.ly/3WXMX2X.
La LSA fait évoluer la gestion des maladies animales
La loi de santé animale (LSA) de l’Union européenne du 21 avril 2021, qui instaure des mesures telles que la nouvelle catégorisation des maladies animales transmissibles en fonction de leur impact sanitaire, économique et commercial, est entrée en application sur le terrain en 2022. Parmi les grands changements, le fait que les 63 maladies visées par la LSA sont toutes classées E (surveillance et déclaration obligatoires) responsabilise davantage les opérateurs. Cela représente également un défi pour le vétérinaire, qui doit notamment les sensibiliser à un large panel de maladies.
C. B.