La forme encéphalitique de la maladie de Marek - La Semaine Vétérinaire n° 1971 du 06/01/2023
La Semaine Vétérinaire n° 1971 du 06/01/2023

Maladie virale

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Tanit Halfon

Article rédigé d’après la conférence « Étude rétrospective sur la maladie de Marek en France, focus sur les formes encéphalitiques », livrée lors des 14es journées de la recherche avicole et palmipèdes à foie gras, les 9 et 10 mars 2022, à Tours (Indre-et-Loire). 

La maladie de Marek est une maladie virale à alpha-herpèsviruss qui touche principalement les gallinacés. Elle induit des signes cliniques multiples. Les syndromes lymphoprolifératifs sont les plus classiques, caractérisés par des paralysies des membres en lien avec une hypertrophie des nerfs périphériques, mais aussi des néoplasies lymphoïdes viscérales et des infiltrations lymphoïdes cutanées et oculaires. Depuis les années 2000, des formes encéphalitiques sont aussi observées sur le terrain. Une étude rétrospective, menée sur la base des données collectées entre 2016 et 2020 par le réseau Cristal dans les Pays de la Loire, s’est attachée à décrire cette forme clinique. Au total, sur 40 cas enregistrés de maladie de Marek, 13 correspondaient à une forme encéphalitique. Tous les cas concernaient des élevages de poulets de chair, dont 10 certifiés, entre 6 et 8 semaines d’âge, et non vaccinés contre la maladie de Marek.

Une paralysie du cou

Le signe clinique principal était la paralysie du cou, observée dans 69 % des cas, spastique (cou bloqué, tendu vers le sol) ou flasque (cou étendu sur le sol). Dans 4 élevages, les animaux présentaient des signes non paralytiques : tics nerveux et torticolis. La mortalité journalière a été aggravée dans 4 élevages (plus de 0,1 % par jour). Les animaux trouvés morts étaient couchés sur le ventre avec leur cou étendu sur le sol. La morbidité n’a pas pu être quantifiée.

Au niveau macroscopique, aucune volaille autopsiée ne présentait d’hypertrophie des nerfs périphériques ou des masses tumorales viscérales, comme cela est observé dans les formes classiques. Les lésions décrites étaient modérées et non spécifiques : splénomégalies (6 élevages sur 11), congestions du foie (5), hypertrophies des reins (3) et hypertrophie du thymus (1) ; dans 2 cas, une atrophie des bourses de Fabricius.

Un diagnostic histologique et immunohistochimique

En revanche, à l’échelle microscopique, des infiltrations lymphoïdes étaient bien retrouvées au niveau des nerfs périphériques, avec une névrite lymphocytaire ou lymphoplasmocytaire légère à modérée, notamment dans le nerf sciatique (n = 10), les nerfs mésentériques (4) et ganglionnaires du proventricule (3). Des infiltrations légères à modérées ont également été observées dans des organes viscéraux (foie et rein surtout, poumon, testicule, pancréas, ovaire, glande surrénale, et rarement cœur). Au niveau cérébral, les 12 lots autopsiés présentaient des lésions de méningo-encéphalite non suppurée, légère à sévère. Les analyses immunohistochimiques ont révélé que les cellules des infiltrats étaient principalement des lymphocytes T.

Face à une volaille qui montre des symptômes nerveux, notamment une paralysie du cou, il faut envisager la forme encéphalitique de la maladie de Marek, qui ne pourra être confirmée que par des examens complémentaires de type histologique et immunohistochimique.