EXPRESSION
Auteur(s) : Propos recueillis par Jacques Nadel
De crise en crise, les structures des cliniques vétérinaires se sont montrées assez souples pour s’adapter aux aléas économiques, en espérant qu’ils ne pèsent pas trop sur leurs clients. Toutefois, des aides fiscales seraient les bienvenues.
Joëlle Finez-Leteneur (N 83)
Praticienne à la clinique Renoir à Cuincy (Nord)
Apprendre à faire le dos rond
Je n’attends rien de l’État et ne compte que sur moi-même. Dans les années 1980, j’ai connu de fortes inflations, à 13 %, puis, en 2008, les incertitudes économiques. À chaque fois, il a fallu s’adapter et apprendre à faire le dos rond. Aujourd’hui, c’est pareil. Face à la crise du pouvoir d’achat des clients, il faut leur proposer des devis de soins pour les aider dans le choix de leurs dépenses, des facilités de paiement, etc. Comme mon activité a progressé en 2022, j’ai pu jusqu’ici me dispenser de répercuter l’inflation sur mes tarifs mais, en 2023, je vais devoir les ajuster. Concernant les coûts d’exploitation, je pourrai contenir en partie leur hausse car j’ai signé en 2021 un contrat d’électricité de trois ans à un prix du kilowattheure fixe. Le souci du recrutement est permanent, mais si l’activité venait à baisser fortement en raison de l’inflation, nous essaierons en compensation de développer de nouveaux services mais les soucis de recrutement ne seront plus un enjeu aussi stressant. Bien sûr, si l’État prenait des mesures fiscales en faveur des petites entreprises, comme une baisse de l’impôt société ou une augmentation de l’aide à l’embauche des apprentis, je ne m’en priverais pas.
Édouard Debayle (T 02)
Praticien à la clinique Bonneval à La Teste-de-Buch (Gironde)
Des mesures sur le long terme
Plus l’État diminuera nos charges, mieux ce sera. Nous pourrons plus facilement augmenter les salaires de nos collaborateurs et lever les freins sur le recrutement. Des aides fiscales temporaires en période de forte inflation sont toujours bonnes à prendre, mais je souhaite surtout que ces mesures s’inscrivent sur le long terme car nos petites entreprises ont besoin de visibilité pour réaliser des prévisionnels sérieux. En 2020 et 2021, notre activité a connu une croissance à deux chiffres, cela ne devrait pas être le cas en 2022. Pour 2023, je compte sur mon équipe, nos structures et nos investissements pour croître et maintenir notre économie à l’équilibre. Avant l’inflation, nous avons investi dans l’installation d’un scanner et le déménagement d’un de nos trois sites en juin prochain. Nous devons, quoi qu’il arrive, respecter notre feuille de route et avancer sur nos projets. Il faut juste espérer que la crise du pouvoir d’achat ne pèsera pas trop sur nos clients et que l’activité sera suffisante pour faire face à nos mensualités de remboursement d’emprunt.
Véronique Luddeni (T 92)
Praticienne à la clinique du Mercantour, à Saint-Martin-Vésubie (Alpes-Maritimes)
Baisser les taxes
Les cliniques mixtes de montagne devraient pouvoir bénéficier d’une réduction de la TVA sur tous les actes concernant les animaux de rente, et de la défiscalisation des gardes de nuit et de week-end. La baisse de fiscalité devrait également être étendue aux soins d’urgence en pratique canine et, d’une manière plus générale, elle serait salutaire pour certains actes et consultations afin de faciliter l’accès aux soins vétérinaires. Augmenter nos tarifs en 2023 serait une erreur, car cela ne ferait qu’autoentretenir l’inflation. Attendons de voir comment celle-ci évoluera dans les six prochains mois, en gardant des prix stables et en différant les hausses à la fin de cette période d’observation. Enfin, afin de lutter contre le manque de vétérinaires en milieu rural, il faudrait que le ministère chargé de l’agriculture communique mieux et davantage sur les avantages fiscaux liés à l’installation en zone de revitalisation rurale.