Les traitements pour soigner les volailles de compagnie  - La Semaine Vétérinaire n° 1975 du 03/02/2023
La Semaine Vétérinaire n° 1975 du 03/02/2023

NAC

ANALYSE CANINE

Auteur(s) : PAR Michaella Igoho-Moradel

Pour prendre en charge des poules pondeuses en ville, les vétérinaires peuvent utiliser des médicaments vétérinaires autorisés pour d’autres espèces. Cela suppose une connaissance fine des règles  qui encadrent le recours à la cascade  chez les animaux producteurs de denrées alimentaires.

Les poules de compagnie ont le vent en poupe ! Elles sont de plus en plus nombreuses dans les foyers français. Ces animaux au statut particulier relèvent plutôt de la médecine individuelle et font désormais partie des clientèles  vétérinaires de ville. Lors du congrès de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie, qui s’est tenu à Marseille en décembre 2022, Jacques Bietrix (Anses-Agence nationale du médicament vétérinaire) a partagé les bons réflexes à avoir pour prendre en charge ces animaux. Les praticiens ont souvent recours à la cascade thérapeutique en l’absence de médicaments vétérinaires autorisés pour cette espèce. Ils utilisent donc des médicaments autorisés pour d’autres espèces (chiens, chats, oiseaux de volière) avec des problématiques concernant les résidus qu’il va falloir prendre en compte.

Ce que dit la réglementation

L’autorisation de mise sur le marché (AMM) définit un cadre précis dans lequel un médicament est utilisé, et cela est valable pour toutes les espèces. « Pour les animaux de rente, cela permet de s’assurer que le médicament ne sera pas à l’origine de résidus au-delà des limites acceptables [NDLR : limites maximales de résidus (LMR)] », précise Jacques Bietrix. Dans le cas d’un animal producteur de denrées alimentaires, le recours à la cascade est soumis à deux conditions : d’une part, la substance doit être inscrite au tableau 1 du règlement (UE) n° 37/2010 du 22 décembre 2009, relatif aux substances pharmacologiquement actives et à leur classification en ce qui concerne les limites maximales de résidus dans les aliments d’origine animale ; d’autre part, les limites maximales de résidus pour cette substance doivent avoir été évaluées dans les denrées concernées (la viande ou les œufs dans le cas de la poule). « L’utilisation chez les volailles de substances non évaluées sur le plan des LMR pour les denrées concernées (cas des AINS [anti-inflammatoires non stéroïdiens] – à l’exception de l’aspirine –, des morphiniques, des anesthésiants, du fipronil, des avermectines…) n’est pas autorisée. À défaut de LMR établies, il est nécessaire pour le prescripteur de spécifier clairement sur l’ordonnance, ou sur un autre document attestant du consentement éclairé de son client, qu’aucune denrée issue de l’animal traité ne pourra plus être consommée. »

Un arsenal thérapeutique étoffé

Un arsenal thérapeutique reste toutefois disponible pour les volailles. Pour les famiilles d'antibiotiques : oxytétracycline, doxycycline, tiamuline, tylvalosine, tylosine, tilmicosine, lincomycine seule ou en association avec spectinomycine, amoxicilline, ampicilline, phénoxyméthylpéniciline. « Certaines d’entre elles  (oxytétracycline, doxycycline, tiamuline, tylvalosine, tylosine et tilmicosine notamment) peuvent en outre être également prescrites pour le traitement des mycoplasmoses aviaires. » Concernant les traitements vermifuges, il existe des AMM volailles contenant du flubendazole, du fenbendazole, du lévamisole ou de la pipérazine. « Il est toutefois important de noter que seuls le flubendazole et le fenbendazole disposent d’une LMR œuf, les rendant donc utilisables en chez les poules pondeuses », précise Jacques Bietrix. Pour les traitements anticoccidiens, l’amprolium, le toltrazuril et l’association sulfadiméthoxine-triméthoprime bénéficient d’une AMM volaille, mais seul l’amprolium bénéficie d’une LMR œuf.

Les temps d’attente

Pour les œufs : le temps d’attente le plus long pour les œufs, prévu dans le résumé des caractéristiques du produit pour n’importe quelle espèce animale, multiplié par 1,5 ; à dix jours si le produit n’est pas autorisé pour les animaux producteurs d’œufs destinés à la consommation humaine. Pour la viande et les abats : au temps d’attente le plus long prévu pour la viande et les abats dans le résumé des caractéristiques du produit, multiplié par 1,5 ; à vingt-huit jours si le médicament n’est pas autorisé pour les animaux producteurs de denrées alimentaires ; à un jour si le temps d’attente pour le médicament donné est nul et que ce médicament est utilisé chez des animaux d’une famille taxinomique autre que les espèces cibles autorisées.