Les fictions du droit

Pour sa collection « Doc en poche », qui propose de petites synthèses claires sur nos grands débats de société, la Documentation française a demandé à Florence Burgat de questionner les droits que l’on accorde aux animaux. Contre les idées reçues, celle-ci argumente d’abord le constat que la condition des animaux n’a fait qu’empirer, en dépit des recours rhétoriques au bien-être et à l’éthique… avec l’intensification de leur exploitation. La notion d’intérêt, selon elle, reste toujours au cœur de tous les débats sur les droits des animaux. Et elle infuse les textes législatifs. En témoignent leurs contradictions manifestes, notamment celle de dire que les animaux sont vivants et sensibles tout en continuant de leur appliquer par défaut le régime des choses. Ces textes, toutefois, restent normatifs, souligne la philosophe, et influent sur la société : « Les fictions que crée le droit permettent de chosifier les animaux tout en cherchant à les protéger de certains actes cruels. Aussi sont-ils protégés d’à peu près rien, dans la mesure où tout ce qui peut être tiré d’eux est exploité dans des proportions inégalées. » Une analyse aiguisée, sans langue de bois.

• Les animaux ont-ils des droits ?, de Florence Burgat, La Documentation française (coll. « Doc en poche »), 11 x 18 cm, 110 pages, 9,90 € (6,99 € en version numérique).