LIVRE
COMMUNAUTE VETO
Auteur(s) : MICHEL BERTROU
L’existence d’une conscience chez les animaux – reconnue dès les années 1930 par la phénoménologie de Husserl (1859-1938) – fait encore l’objet de débats et d’expertises savantes1 mais n’est plus réellement contestée. Pour autant, la vie psychique d’un être vivant est-elle entièrement contenue dans sa vie consciente ? Qu’en est-il de la part sombre des vies animales, de leurs troubles mentaux (dépressions, phobies, manies…) qui sont le quotidien de la zoopsychiatrie ? Ne faudrait-il pas élargir ou approfondir la conception de la psyché animale par-delà la conscience ? Sigmund Freud (1856-1939), au soir de sa vie, l’avait suggéré en extrapolant sa thèse de l’appareil psychique humain (opposant inconscient et conscience) aux autres espèces supérieures. Longtemps ignoré, ce postulat du neurologue inspire le nouvel essai de la philosophe Florence Burgat2. Sa pertinente enquête épistémologique sur l’inconscient des animaux renouvelle notre compréhension du psychisme en pointant les ponts entre la phénoménologie et la psychanalyse, entre la pulsion freudienne et l’instinct de Konrad Lorenz (1903-1989), entre l’éthologie et la pathopsychologie. Chez l’animal comme chez l’humain, l’activité psychique reste indissociable de son ancrage organique, biologie et vécu s’entrelacent. Une réflexion à rebours de l’anthropomorphisme, du réductionnisme scientifique, du dualisme (âme-corps) et riche de perspectives.