Écoantibio 3 : les attentes des praticiens - La Semaine Vétérinaire n° 1977 du 17/02/2023
La Semaine Vétérinaire n° 1977 du 17/02/2023

Antibiotiques

PHARMACIE

Auteur(s) : Michaella Igoho-Moradel

Une meilleure prise en compte des particularités de la pratique canine, de meilleurs outils de diagnostic et d’autoévaluation, le recours à des conférences de consensus… font partie de pistes de réflexion de la profession pour améliorer l’exercice vétérinaire.

Les deux premiers plans Écoantibio sont un succès. Alors que les travaux d’élaboration du troisième volet devraient bientôt être lancés, les vétérinaires rappellent que l’implication de toutes les parties prenantes est un élément indispensable à son bon fonctionnement. « La direction générale de l’alimentation a lancé une dynamique efficace contre l’antibiorésistance entraînant toutes les parties prenantes. Elle a fait confiance aux organisations professionnelles pour l’aider à construire les deux plans successifs et choisir les projets les plus pertinents à appuyer financièrement. Comme ce fut le cas pour les fiches de recommandations pour un bon usage des antibiotiques dans la filière animaux de compagnie, élaborées par l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) ou pour plusieurs autres travaux de recherche clinique en chirurgie ou en dermatologie. Cela était indispensable au bon fonctionnement de ces plans qui ont stimulé l’attention des soignants aux risques des maladies infectieuses, et particulièrement celles d’origine bactérienne, et de leurs traitements », explique Jean-François Rousselot, président de l’Afvac.

Des autorisations de mise sur le marché adaptées

Outre la bonne coordination des acteurs, la profession attend de ce troisième plan qu’il conserve le panel le plus large possible de molécules accessibles aux praticiens. Elle souhaite également des mesures efficaces pour mieux prescrire et poser de meilleurs diagnostics. « Avec des posologies inadaptées, il y a plus de chance de sélectionner des résistances. Comme c’est le cas, par exemple, pour les pénicillines. Les vétérinaires ont besoin d’un maximum d’éléments afin d’avoir des posologies adaptées en dose, en durée et en fréquence », martèle Jacqueline Bastien, présidente de la commission médicament de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires. De son côté, Jean-François Rousselot espère une meilleure prise en compte des particularités de la pratique canine : « Les deux premiers plans parlent beaucoup des animaux de rente et un peu moins des animaux de compagnie. Pourtant, il y a des particularités à souligner dans la pratique canine, notamment dans le bilan qui est fait de l’utilisation des antibiotiques. Les indices actuellement utilisés pourraient être différenciés entre les filières et mieux adaptés. Un des aspects positifs de la remontée par le praticien des cessions sur Calypso est d’être la source d’information qui permettra de lancer une étude plus fiable des critères d’utilisation des antibiotiques. »

Des conférences pour construire des consensus

Autre piste intéressante selon Jacqueline Bastien, des recommandations de bonnes pratiques portant sur des thématiques spécifiques peuvent être bâties par des personnes ayant une expertise reconnue dans un domaine précis. « Pour certains sujets ciblés, il serait pertinent pour la profession de fonctionner sur le modèle des conférences de consensus. Cette méthodologie permet de confronter les conclusions d’une revue bibliographique critique avec les contraintes terrain et les contraintes réglementaires. Les débats entre les experts bibliographes et les acteurs de la profession donnent lieu à des interactions pertinentes. À l’issue, elle permet de faire émerger un consensus sur certains points ou, au contraire, une controverse. Cette méthode nous permettrait d’avoir des actions plus ciblées, avec des pratiques plus conformes à la bibliographie. »

  • Pour plus d'infos, lire le dossier de La Semaine Vétérinaire n° 1976 du 10/02/2023 : bit.ly/3x7tgLp.